Aux Etats-Unis, les perspectives restent clémentes malgré les obstacles

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

2 minutes de lecture

L’environnement macroéconomique aux Etats-Unis est relativement porteur et devrait le rester.

© Keystone

 

Les récentes statistiques n’ont guère apporté de l’eau au moulin de celles et ceux qui affirment que les Etats-Unis se dirigent vers un scénario idéal caractérisé par une décrue de l’inflation, par une forte croissance et par une baisse rapide des taux directeurs. Point de situation.

Les chiffres de l’inflation, plus élevés que prévu, et la faiblesse des ventes au détail ont fait craindre un essoufflement de la consommation. Le récent rapport sur l’emploi salarié en février a également indiqué que le marché du travail n’est peut-être pas aussi dynamique qu’on le supposait il y a à peine un mois.

De tels revers sur le front des indicateurs économiques peuvent amener certains investisseurs à douter d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, a fortiori d’un scénario idéal. Toutefois, la Recherche d’UBS considère ces quelques déboires comme de simples ralentisseurs sur la route. Explication en trois points.  

  1. La tendance à la désinflation reste évidente

Les détails de l’indice américain des prix à la consommation de février révèlent que le chiffre élevé de l’inflation en janvier était en grande partie imputable à des éléments exceptionnels, ce qui atténue les craintes d’un regain d’inflation. En outre, la désinflation est un phénomène mondial: l’inflation sous-jacente pondérée par le PIB est presque revenue à 2%.

Cette tendance générale reflète le fait que la poussée inflationniste et son reflux au cours des trois dernières années est en bonne partie imputable aux distorsions de l’offre induites par la pandémie, qui se sont largement atténuées.

La persistance d’une inflation sous-jacente plus marquée aux Etats-Unis que dans la zone euro est probablement le fruit de la croissance exceptionnelle de l’économie américaine. Cela suggère à ce stade qu’elle est davantage induite par la demande que par l’offre.

  1. Le marché du travail se détend et la croissance retrouve un rythme durable

La modération de la croissance aux Etats-Unis, qui retrouve un rythme plus conforme à sa tendance – 4% en rythme annualisé au second semestre 2023, tandis que l’indicateur GDPNow de la Réserve fédérale américaine (Fed) d’Atlanta pour le premier trimestre 2024 est tombé à 2,3% – conforte le scénario désinflationniste.

Historiquement, il n’existe pas de corrélation étroite et constante entre l’inflation salariale et l’augmentation des prix. Cependant, la détente du marché de l’emploi suggère que l’inflation est nettement plus susceptible de ralentir encore, plutôt que de rester bloquée à son niveau actuel.

De nombreux indicateurs du marché de l’emploi – salaire horaire moyen, baromètre des salaires de la Fed d’Atlanta, indice du coût du travail, taux de démissions, intentions d’embauche et de rémunération de la NFIB (National Federation of Independent Business), nombre de postes vacants rapporté au nombre de demandeurs d’emploi – ont retrouvé leur niveau de la mi-2020 ou de la mi-2021 et sont orientés à la baisse.

  1. La Fed veut baisser ses taux, même si la décrue de l’inflation est plus graduelle que prévu

Récemment auditionné devant le Congrès, le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré que cette dernière avait besoin «d’un peu plus de preuves» que l’inflation se dirige vers les 2% avant de baisser ses taux, ajoutant néanmoins que «nous n’en sommes pas loin».

Elle n’en aura même pas besoin en cas de brusque coup de froid sur le marché de l’emploi. En d’autres termes, la Fed semble soucieuse de ne pas compromettre l’atterrissage en douceur et tolérera une désinflation plus graduelle. C’est le retour du fameux «Fed put», sous un autre nom.

Rester lucide

Ainsi, même si les récentes statistiques ont brossé un tableau ambigu des tendances en matière de croissance et d’inflation, il est préférable de ne pas accorder trop d’importance à tel ou tel indicateur et de rester lucide quant à la trajectoire générale.

L’environnement macroéconomique aux Etats-Unis est relativement porteur et devrait le rester. Le scénario de base de la Recherche d’UBS envisage un atterrissage en douceur avec trois baisses de taux directeurs cette année, un contexte de nature à soutenir les obligations de qualité. A mesure que la croissance fléchira, les titres de qualité émis par des entreprises peu endettées, très rentables et dont les bénéfices résistent bien, devraient surperformer. 

A lire aussi...