Les valeurs technologiques ont toujours le vent en poupe

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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La forte progression des valeurs technologiques a amené les investisseurs à envisager une prise de bénéfices.

© Keystone

Il y a dix jours, les actions mondiales ont grimpé, en partie grâce aux bons résultats des grandes entreprises technologiques américaines. En particulier grâce au fabricant de puces d’IA Nvidia. Ces résultats ont dopé l’optimisme des investisseurs quant aux perspectives du secteur technologique. Explications.

La capitalisation boursière de Nvidia a bondi de quelque 280 milliards de dollars le lendemain de la publication de ses résultats du quatrième trimestre 2023, battant ainsi le record de la plus forte hausse en une séance établi début février par Meta Platforms. Le fabricant de puces a fait état d’une progression de son chiffre d’affaires trimestriel de 265% en glissement annuel.

Son directeur général, Jensen Huang, a déclaré que l’intelligence artificielle (IA) avait «atteint le point de bascule», avec une demande «qui explose dans le monde entier, quelles que soient les entreprises et les secteurs d’activité». Il table sur un chiffre d’affaires supérieur aux projections des analystes pour le prochain trimestre.

Le S&P 500 est désormais en hausse de 6,8% depuis le début de l’année, une progression menée par les valeurs technologiques et de croissance américaines de grande capitalisation. L’indice FANG+, qui suit la performance des dix valeurs technologiques les plus négociées aux Etats-Unis, est en hausse de 18,4% depuis le 1er janvier, après un bond de 96% l’an dernier.

Pas d’empressement pour baisser les taux

Cette belle performance est intervenue alors que les investisseurs continuent de revoir à la baisse leurs prévisions quant à l’ampleur de la réduction des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) en raison de la bonne tenue des statistiques économiques. Le procès-verbal de la dernière réunion de la Fed a confirmé que les responsables ne sont pas pressés de baisser les taux directeurs.

Le marché de l’IA pourrait enregistrer une croissance de 70% par an jusqu’en 2027 grâce à une meilleure monétisation des applications d’IA (que ce soit les copilotes, le cloud, les modèles et autres logiciels). 

Par exemple, le gouverneur de la Fed de Richmond, Tom Barkin, a estimé que l’inflation des prix des services pourrait rester élevée. Dans le même temps, les dernières statistiques économiques américaines restent solides : l’activité manufacturière a enregistré en février sa plus forte progression depuis septembre 2022, selon une enquête de S&P Global. En outre, aux Etats-Unis, les ventes de logements anciens ont enregistré en janvier leur plus forte hausse depuis près d’un an.

Les marchés tablent désormais sur une baisse des taux directeurs d’environ 80 points de base (pb) cette année, contre 170 pb en janvier.

Que faut-il en penser?

La forte progression des valeurs technologiques a amené les investisseurs à envisager une prise de bénéfices. Même si le rééquilibrage des portefeuilles semble utile, il est sans doute important de conserver une exposition stratégique aux géants technologiques américains qui pourraient encore progresser.

L’IA générative devrait s’affirmer comme le thème de croissance de la décennie. Sans aller jusqu’à formuler un avis sur un titre précis, la Recherche d’UBS estime que les résultats de Nvidia témoignent de la vigueur actuelle des dépenses en infrastructures de l’IA.

Le marché de l’IA pourrait enregistrer une croissance de 70% par an jusqu’en 2027 grâce à une meilleure monétisation des applications d’IA (que ce soit les copilotes, le cloud, les modèles et autres logiciels). Cette estimation pourrait même s’avérer conservatrice étant donné l’essor rapide observé.

Les valeurs technologiques internationales (indice MSCI ACWI Information Technology) présentent un ratio cours/bénéfices de 27, supérieur de 22% à sa moyenne historique sur dix ans. Néanmoins, ce ratio avait culminé à environ 34 en avril 2021 et les bénéfices augmentent rapidement. La Recherche d’UBS table sur une hausse de 18% du bénéfice par action des valeurs technologiques internationales en 2024 (en utilisant les données relatives au même indice).

Comment investir?

La spectaculaire ascension des valeurs technologiques coïncide avec l’incertitude persistante quant à l’ampleur et au timing de la baisse des taux de la Fed. Par conséquent, les investisseurs devraient privilégier certaines stratégies. Explications en quatre points.

  1. Optimiser l’exposition aux valeurs technologiques

La performance future d’un portefeuille devrait dépendre en grande partie de son exposition au secteur technologique. Les investisseurs ne peuvent certainement pas se permettre d’y être sous-exposés car on table sur une croissance rapide des bénéfices avec un effet boule de neige.

De même, les investisseurs doivent faire attention au risque de concentration excessive et de surexposition. C’est pourquoi ils devraient envisager de diversifier leurs positions en élargissant l’éventail d’entreprises et de tendances révolutionnaires.

  1. Capter le potentiel de hausse

L’environnement actuel, marqué par une faible volatilité des marchés d’actions et des rendements obligataires élevés, ne devrait pas durer. Par conséquent, il est sans doute temps d’envisager des stratégies qui peuvent permettre aux investisseurs de tirer parti d’une éventuelle poursuite de la hausse, tout en se protégeant d’une éventuelle baisse des cours si les marchés entrent dans une phase de consolidation ou si le scénario pessimiste d’un atterrissage brutal de l’économie américaine se matérialise.

  1. Anticiper un scénario idéal

Il est possible que le rebond du marché des actions, jusqu’ici circonscrit aux valeurs technologiques, fasse tache d’huile et les investisseurs feraient bien de s’y préparer. Cet élargissement pourrait être engendré par plusieurs facteurs tels que la baisse des taux d’intérêt de la Fed, la persistance d’une solide croissance et la décrue de l’inflation aux Etats-Unis.

Les petites capitalisations américaines et européennes, certaines moyennes capitalisations européennes et suisses et les actions des marchés émergents sont susceptibles de grimper davantage dans cet environnement que dans le scénario de base de la Recherche d’UBS. En effet, elles sont plus sensibles aux fluctuations de la croissance économique et des taux d’intérêt que les grandes capitalisations des marchés développés. En outre, leur valorisation est plus attrayante.

  1. Gérer les liquidités

Depuis le début de l’année, les participants au marché ont revu à la baisse leurs anticipations quant à l’ampleur et à la rapidité de la baisse des taux directeurs aux Etats-Unis. Mais on peut tout de même tabler sur une baisse des taux d’intérêt en 2024. Cela signifie que la rémunération des liquidités devrait baisser progressivement, créant ainsi un risque pour les investisseurs qui ne profitent pas dès aujourd’hui des rendements offerts sur le marché obligataire.

Il est recommandé aux investisseurs de ne pas se limiter aux liquidités et aux fonds monétaires. Il peut être judicieux de conjuguer les dépôts à terme, une exposition obligataire diversifiée via des fonds actifs et passifs et des stratégies sur produits structurés pour couvrir les sommes qu’on pourrait retirer de son portefeuille lors des cinq prochaines années.

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