Roberto Azevedo quitte l’OMC. Un Genevois en lice

AWP

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Le directeur général de l’OMC annonce son retrait avant la fin de son mandat en pleine pandémie.

Le chef de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Roberto Azevedo se retirera avant la fin de son mandat. Il a annoncé jeudi sa décision à Genève aux 164 Etats membres frappés par la pire crise économique depuis les années 1930. Un Genevois est sur les rangs.

M. Azevedo a déploré que ces pays aient appris cette annonce d’abord dans les médias. «C’est une décision personnelle, une décision familiale», leur a dit cet ancien ambassadeur brésilien à l’OMC, devenu en 2013 le directeur général de cette institution. Reconduit en 2017 pour quatre ans, il aurait dû achever son mandat fin août 2021.

Mais il partira exactement un an plus tôt pour éviter de perturber les préparatifs de la ministérielle. La pandémie a compromis cette réunion prévue en juin au Kazakhstan, reportée dans un an ou dix-huit mois peut-être dans le même pays.

Avec ces restrictions et alors que les discussions habituelles sont affectées, M. Azevedo, 62 ans, estime que l’OMC doit affronter les défis liés au coronavirus avec un nouveau directeur général. Cette décision est conforme «aux meilleurs intérêts de cette organisation».

Salué par Parmelin

Aux tensions entre pays s’est ajouté le scénario de la pire catastrophe économique depuis la crise des années 1930 et d’une récession liée à la pandémie. L’OMC a elle récemment dit que le commerce mondial reculerait peut-être de jusqu’à environ un tiers cette année, avant une possible reprise en 2021.

Celui-ci «jouera un rôle central pour sortir la Suisse et toutes les autres économies» de cette crise, a affirmé à Keystone-ATS le conseiller fédéral Guy Parmelin. Il a remercié M. Azevedo pour son «grand engagement tout au long d’une période très contrastée» pour le commerce mondial.

Ces dernières années, l’organisation et son directeur auront dû faire face à de nombreuses divisions entre les membres et aux attaques répétées du président américain Donald Trump. Seul un Accord sur la facilitation du commerce (TFA) a été arraché il y a plusieurs années et est entré en vigueur il y a trois ans.

Il doit doper les exportations de plusieurs centaines de milliards de dollars par an. M. Parmelin a relevé l’importance du TFA et de plusieurs décisions ministérielles sous les mandats de M. Azevedo.

Depuis cet accord, un consensus a été trouvé pour réduire les subventions aux secteurs agricoles et pour l’extension de celui sur les technologies de l’information. Mais les discussions sur plusieurs questions comme le commerce électronique avancent désormais plutôt entre plusieurs dizaines de pays au maximum.

OMC en crise institutionnelle

L’OMC souhaitait un arrangement sur l’élimination des subventions illégales à la surpêche, considéré comme important face au changement climatique. Malgré plusieurs délais, aucun consensus n’a encore été trouvé et la pandémie est venue doucher toute possibilité d’accord en juin au Kazakhstan.

Le coronavirus n’a fait qu’accentuer une crise institutionnelle large depuis que le tribunal d’appel, l’une des composantes centrales de l’organisation, a été rendu dysfonctionnel il y a quelques mois. Une situation provoquée par le blocage depuis plusieurs années du renouvellement des membres de cette instance par les Etats-Unis.

L’UE et près d’une vingtaine de pays, dont la Suisse, viennent de lancer un mécanisme provisoire pour avancer sur la résolution d’appels entre eux. Mais cette crise restera importante tant qu’une solution permanente n’est pas trouvée.

Donald Trump n’a jamais caché son aversion d’une institution qu’il affirme contraire aux intérêts de son pays et qu’il veut réformer. L’OMC a largement reflété les tensions américaines avec la Chine.

Pas d’«opportunités politiques»

Washington conteste le statut de pays en développement que Pékin peut s’attribuer. Les tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis à de nombreux pays sur certains matériaux ont de leur côté provoqué une explosion de plaintes auprès de l’OMC, y compris celle de la Suisse.

M. Azevedo n’a pas dévoilé ses futures activités. Certains le voyaient peut-être briguer la présidence brésilienne. Lui dit ne pas partir pour relever des «opportunités politiques».

Pour le remplacer, des observateurs estiment que le moment de l’Afrique, qui n’a jamais dirigé l’institution, est venu. Plusieurs personnes de cette zone, dont un ancien haut fonctionnaire de l’organisation, Hamid Mamdouh, qui est également ressortissant suisse, sont sur les rangs. Sans en dire davantage, la Suisse promet de s’engager dans la recherche du prochain directeur général.

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