Les cours des céréales tendent à se stabiliser dans un marché incertain

AWP

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Sur le marché européen, après avoir atteint début mars son plus bas niveau depuis l’été 2020, le prix du blé est remonté, en dépit d’à-coups, et s’échangeait mercredi autour de 193 euros la tonne.

Après des mois de reflux, les cours des céréales se sont légèrement redressés ces derniers jours, signe pour les opérateurs d’une certaine «stabilisation», notamment pour le maïs, soutenu par des prévisions de récoltes en baisse au Brésil.

Sur le marché européen, après avoir atteint début mars son plus bas niveau depuis l’été 2020, le prix du blé est remonté, en dépit d’à-coups, et s’échangeait mercredi autour de 193 euros la tonne sur l’échéance la plus rapprochée. Pour la nouvelle récolte - à partir de l’échéance de septembre - les cours sont tous au-dessus de la barre symbolique de 200 euros la tonne, en hausse de près de 5% sur une semaine.

Les prix du maïs, qui ont mieux résisté, remontent depuis la mi-février et atteignaient mercredi environ 178 euros la tonne sur l’échéance de juin, la plus rapprochée.

Des Etats-Unis à l’Europe, les analystes restent toutefois prudents, cet arrêt de la chute des cours du blé et du maïs ne signifiant pas nécessairement que les céréales, et le blé en particulier, aient atteint un plancher.

Plusieurs facteurs jouent selon les matières premières et les origines.

Pour le blé, «le problème reste que la Russie et l’Ukraine jouent à qui pratiquera le prix le plus bas», estime Arlan Suderman de la plateforme de courtage StoneX.

Toutefois, Sébastien Poncelet, analyste chez Agritel-Argus Media France, «observe une certaine stabilisation sur les prix du blé russe», qui joue elle-même en faveur d’une «stabilisation des prix sur les marchés».

Par ailleurs, l’Association des producteurs de grains ukrainiens (UGA) a indiqué mardi que la récolte nationale de céréales et oléagineux se contracterait de 7,8% par rapport à l’année dernière, avec une production de 76,1 millions de tonnes en 2024.

Le repli sera particulièrement fort pour le blé (-14%) et le maïs (-11%). Le pays s’attend à une chute de près de 18% de ses exportations en 2024/25.

Hausse des huiles

Cette baisse des exportations ukrainiennes pourrait cependant être compensée par une nouvelle récolte faste de blé en Russie, pays qui détient encore «de gros stocks» à écouler et devrait continuer à concurrencer les grains européens, note Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

La situation s’annonce déjà difficile pour la France, premier producteur de céréales de l’UE, qui peine à écouler ses stocks de blé tendre, qui ont atteint «un niveau jamais vu depuis 2004/2005», a relevé mercredi l’organisme public FranceAgriMer.

Pour les analystes, à ce stade, le principal soutien des cours est venu des rachats de positions des fonds d’investissement et de certains opérateurs, qui ont beaucoup vendu ces derniers mois et repassent aux achats.

Les fonds «ne veulent pas aborder le printemps en étant trop exposés, car les risques augmentent» concernant les nouvelles récoltes, avec notamment un temps «chaud et sec durant les dix prochains jours sur 40% des grandes régions de production» du maïs, selon Arlan Suderman.

Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale, estime qu’»on a atteint un plancher du maïs et du soja pour la période précédant l’annonce des prévisions d’assolement» aux Etats-Unis, le 28 mars, et «espère un rebond modéré».

Mais le doute est toujours là, alimenté par une forte divergence de chiffres sur les futures récoltes brésilienne de soja et de maïs, entre ceux de Companhia Nacional de Abastecimento (Conab), organisme public dépendant du ministère brésilien de l’Agriculture, et ceux du ministère américain de l’agriculture (USDA).

La Conab a en effet sensiblement réduit mardi son estimation de récolte de soja (-2,5 millions de tonnes), à 146,9 millions de tonnes pour la campagne en cours, alors que l’USDA maintenait une estimation à 155 MT. Et elle a abaissé d’un million de tonnes sa projection pour le maïs, à 112,8 MT, contre 124 MT attendues par l’USDA. Plusieurs analystes contactés par l’AFP jugent les prévisions américaines trop élevées.

Quant aux oléagineux, les prix des soja et colza sont tirés par les nouvelles de la baisse de production de l’huile de palme en Malaisie, qui fait «remonter les cours à la Bourse de Kuala Lumpur», et aussi par une baisse de 3% des intentions de semis de canola (colza OGM) au Canada en 2024, selon le cabinet Agritel.

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