Offre abondante, concurrence intense: les prix des céréales en baisse

AWP

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Le blé reste juste sous les 210 euros la tonne sur Euronext, au plus bas depuis mi-2021, et le maïs sous les 180 euros la tonnes, au plus bas depuis octobre 2020.

La concurrence féroce que se livrent les exportateurs de blé russes, ukrainiens et européens continuent à entraîner les prix de la céréale dans une spirale baissière, les acheteurs se plaçant en retrait espérant profiter de cours encore plus bas.

«Il y a très très peu de nouvelles activités sur la scène internationale», constate Sébastien Poncelet du groupe Argus Media France (Agritel) mercredi auprès de l’AFP.

«L’Ukraine, la Russie et les pays d’Europe de l’Est sortent progressivement de l’hiver en se rendant compte qu’il leur reste énormément de disponibilités exportables et chacun essaie d’abaisser ses prix pour écouler les surplus», ajoute-t-il. Les prix du blé d’Europe de l’Ouest sont entraînés dans cet élan.

Les pays importateurs, eux, «restent dans une logique de couverture à très court terme», s’assurant de l’approvisionnement pour un ou deux mois au lieu de trois à quatre habituellement, relève le spécialiste. «Ils retardent au maximum leurs achats» en espérant voir les prix baisser encore, mais c’est «un jeu dangereux car cela les force à vivre à flux tendus» et les exposent à «la moindre perturbation sur les marchés mondiaux», ajoute Sébastien Poncelet.

La Chine, grosse importatrice, n’est pas forcément dans ce schéma mais l’activité y est très limitée en raison des célébrations du Nouvel an chinois.

Le ministère américain de l’Agriculture, dans son rapport mensuel sur l’offre et la demande mondiales de produits agricoles Wasde publié jeudi, a pour sa part relevé son estimation d’exportations pour l’Australie, l’Argentine et l’Ukraine, rappelle Dewey Strickler du cabinet Ag Watch Market Advisors. «Cela va encore durcir la concurrence», prédit-il.

Conjoncture «trop défavorable»

Même la révision à la baisse des surfaces plantées en France, annoncée par Agreste mardi, de blé tendre d’hiver (-7,7% sur un an) et de blé dur d’hiver (-8,3%), qui aurait pu soutenir les cours, «le marché n’en a rien fait», relève Michael Zuzolo, du cabinet Global Commodity Analytics. «La conjoncture économique est trop défavorable.»

Seule source de soulagement pour les vendeurs de blé du Vieux continent: la baisse de l’euro face au dollar, remonté à son plus haut niveau en trois mois, «limite la casse en Europe», a souligné Sébastien Poncelet.

Du côté du maïs, les achats restent, comme pour le blé, atones et «on n’a pas d’inquiétudes sur la production» avec l’arrivée de pluies en Argentine et des semis au Brésil en avance, a résumé l’analyste.

Les chiffres du Wasde «n’ont vraiment pas aidé», selon Dewey Strickler: le ministère américain a bien revu en baisse d’environ 3 millions de tonnes son estimation de production mondiale (hors Chine), ainsi que des stocks de fin de période, mais les exportations sont restées inchangées.

Résultat: sur Euronext, le blé reste juste sous les 210 euros la tonne, au plus bas depuis mi-2021, et le maïs sous les 180 euros la tonnes, au plus bas depuis octobre 2020.

A Chicago, le grain jaune est descendu lundi à son plus bas niveau depuis mi-décembre 2020, à 4,2775 dollars le boisseau (environ 25 kg).

Les acteurs du marché vont surveiller jeudi et vendredi l’Agricutural Outlook Forum, un événement annuel du ministère américain de l’Agriculture lors duquel sont donnés de premiers éléments sur la répartition des cultures aux Etats-Unis.

Le marché «attend de voir si le maïs va perdre des surfaces aux Etats-Unis», relève Arlan Suderman de StoneX. Si une «rotation normale» entre maïs et soja est à attendre dans le Midwest, il est possible que les agriculteurs sèment aussi moins de maïs dans le sud et peut-être dans la région des plaines, avance-t-il.

Le ministère ukrainien de l’Agriculture a de son côté indiqué prévoir une baisse de 9% des surfaces dédiées au maïs, au bénéfice notamment du soja.

Du côté des oléagineux, la récolte de soja bat son plein au Brésil tandis que les Etats-Unis «ont beaucoup de retard dans leurs ventes», selon Sébastien Poncelet.

Le prix du soja américain est au plus bas depuis fin 2021.

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