En abondance, le maïs tombe au plus bas depuis 2020 sur les marchés

AWP

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Le Ministère américain de l’Agriculture a accentué la tendance baissière en publiant un rapport relevant les prévisions de récolte mondiale notamment grâce à des rendements plus élevés que prévu aux Etats-Unis.

Les cours du maïs évoluent mercredi près de leur plus bas niveau depuis fin 2020 aux Etats-Unis comme en Europe après un rapport anticipant des récoltes plus abondantes que prévu dans le monde, entraînant dans leur sillage les prix du blé.

«Le marché était déjà dans une tendance baissière», fragilisé en partie par les fonds d’investissement qui se délestent progressivement de leurs positions sur le marché des produits agricoles depuis un an, a rappelé Sébastien Poncelet, du groupe Argus Media France (Agritel).

Les cours ont fléchi encore plus après la parution vendredi d’un rapport mensuel du Ministère américain de l’Agriculture (Wasde) relevant les prévisions de récolte mondiale de maïs et de soja pour la campagne en cours notamment grâce à des rendements plus élevés que prévu aux Etats-Unis.

En attendant la météo au printemps qui pourrait influer sur les récoltes américaines, «cela va être difficile pour les cours du maïs de surmonter» cette surprise, a estimé Dewey Strickler du cabinet de conseil Ag Watch Market Advisors.

Le contrat de référence du maïs a terminé mardi à 4,4350 dollars le boisseau (environ 25 kg) à Chicago et à 187,25 euros la tonne sur Euronext, au plus bas depuis décembre 2020 dans les deux cas. Ils se sont repris très légèrement mercredi.

Le ministère américain a aussi relevé ses prévisions de production de maïs en Chine. Mais «cela veut-il dire que Pékin va moins en importer? On ne le sait pas encore», a relevé Damien Vercambre du cabinet Inter-Courtage.

La mer Rouge surveillée, sans affolement

Les cours du blé ont suivi la trajectoire du maïs, tombant mardi à leur plus bas niveau depuis sept semaines à Chicago (5,8200 dollars le boisseau) comme sur Euronext (214,50 euros la tonne).

Pour Dewey Strickler, les cours américains sont aussi lestés par un regain de vigueur du dollar, qui renchérit le coup de la céréale pour les acheteurs, et par la neige tombée abondement dans le Midwest, qui «apporte une couverture de protection et empêche le blé de geler».

Le marché continue plus généralement à être sous pression de l’offre de céréales transitant par la mer Noire.

«Les Ukrainiens parviennent à sortir plus de céréales en ce moment, surtout du maïs, qu’avec le corridor maritime» mis en place en 2022 sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, mais dénoncé par la Russie à l’été 2023, a souligné Sébastien Poncelet.

L’Ukraine a depuis repris ses exportations via la mer Noire en dépit des menaces de bombardements russes et «ils n’ont plus à se soumettre aux contrôles qui freinaient le passage des bateaux», a-t-il expliqué.

Les attaques des rebelles yéménites Houthis sur les navires marchands dans la mer Rouge n’affectent pas particulièrement les cours des produits agricoles, a par ailleurs relevé le spécialiste.

«De plus en plus de bateaux se détournent et passent par le cap de Bonne-Espérance» au sud de l’Afrique, et cet allongement des temps de transport «pourrait à terme nuire à la compétitivité du blé français vendu en Chine», a-t-il indiqué.

Mais les cargaisons actuellement acheminées ont été commandées il y a plusieurs semaines et les inquiétudes sur les futures commandes restent pour l’instant hypothétiques, selon Sébastien Poncelet.

«Le seul impact immédiat pourrait être lié au prix du pétrole», dont des quantités importantes transitent par la zone, et qui influe sur le prix de l’éthanol, produit à base de maïs, a relevé Damien Vercambre. Toutefois les cours de l’or noir n’ont pas spécialement augmenté face aux tensions géopolitiques au Moyen-Orient.

Du côté des oléagineux, les cours ont été lestés par les prévisions du ministère américain.

La production brésilienne de soja a été réduite à 157 millions de tonnes dans le rapport des autorités, mais «cela a été éclipsé» par le relèvement des récoltes américaines et argentines, a expliqué Jack Scoville, de la maison de courtage Price Futures Group.

Selon plusieurs courtiers, le marché surveille aussi le Brésil, où la moisson vient de commencer avec une météo pas menaçante pour le moment.

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