L'économie suisse entraînée dans le tourbillon de la faiblesse conjoncturelle internationale

Communiqué, KOF

3 minutes de lecture

Alors que les attentes du KOF pour l'évolution du PIB suisse restent quasiment inchangées cette année, celles-ci sont légèrement revues à la baisse pour l'année prochaine.

Le KOF s'attend dans ses prévisions actuelles à une croissance de 1,2% du produit intérieur brut (PIB) corrigé des variations dues au sport pour l'année 2023. Jusqu'en 2025, la conjoncture suisse sera principalement soutenue par la conjoncture intérieure, tandis que le commerce extérieur sera freiné par une faible évolution de l'économie mondiale. Pour 2024, le KOF prévoit une augmentation du PIB corrigé des variations saisonnières de 1,3%, lequel augmentera jusqu'à la fin de la période de prévision en 2025.

Alors que les attentes du KOF pour l'évolution du PIB suisse restent quasiment inchangées cette année, celles-ci sont légèrement revues à la baisse pour l'année prochaine (de 1,5% à 1,3% en données corrigées des variations saisonnières). Cela est notamment dû au contexte économique mondial difficile et qui assombrit les perspectives de l'économie suisse.

L'économie mondiale évolue depuis 2022 de manière nettement moins dynamique que les années précédentes. Le KOF ne s'attend qu'à une légère augmentation de la dynamique de la conjoncture mondiale au cours des prévisions. De nombreux partenaires commerciaux, importants pour l'économie suisse, se trouvent actuellement dans une situation conjoncturelle faible ou difficile. C'est notamment le cas de l'économie allemande. De nombreux autres pays de la zone euro ont également présenté un PIB décevant au troisième trimestre 2023. Les incertitudes géopolitiques, l'inflation élevée et une politique monétaire restrictive ont notamment pesé sur les économies nationales. Les lueurs d'espoir conjoncturelles viennent de l'évolution de l'économie américaine qui s'est bien maintenue au cours des deux derniers trimestres, ainsi que l'évolution des marchés du travail internationaux qui se portent très bien dans de nombreux pays malgré une faible croissance de la valeur ajoutée. Ainsi, les taux de chômage d'importants pays de l'OCDE sont restés à des niveaux très bas au troisième trimestre 2023.

Des perspectives d'exportation modérées

Le KOF ne prévoit qu'une légère reprise de l'économie mondiale pour l’année prochaine en raison des incertitudes qui continuent de peser sur les ménages privés et les entreprises. En conséquence, les exportations de biens et de services entament une croissance régulière, mais lente, dès le début de l'année prochaine.

La consommation privée perd de sa force d'attraction

La conjoncture suisse devrait s'accélérer de plus en plus l'année prochaine et connaître une croissance solide avec une augmentation du PIB de 1,3%, corrigée des événements sportifs internationaux. La conjoncture intérieure en sera le principal soutien. La consommation privée, avec une hausse de 1,2% l'année prochaine et de 1,5% en 2025, est une force motrice importante. L'inflation, qui grignote le pouvoir d'achat des salaires nominaux, freine les dépenses des ménages tout comme l’évolution moins dynamique du marché du travail.

Les créations d'emplois ralentissent mais le chômage reste à un niveau modéré

De plus en plus de signes indiquent que le marché du travail suisse connaîtra un répit. Ainsi, l'emploi en équivalent plein temps a stagné et le nombre de personnes actives a récemment diminué. Parallèlement, le taux de chômage au sens de l'Organisation internationale du travail (OIT) et le taux de chômeurs inscrits ont récemment légèrement augmenté, tout en restant à un niveau bas. Toutefois, l'immigration sur le marché du travail suisse est restée élevée au cours des derniers mois. Le KOF s'attend à ce que la création d'emplois se poursuive à un rythme nettement plus lent au cours des prochains trimestres par rapport aux deux dernières années.

Dans l'ensemble, l'emploi en équivalent temps plein augmentera de 0,7% en 2024 et de 0,8% en 2025. Dans le sillage de la dynamique relativement faible de l'emploi, le chômage augmente légèrement, mais reste à des niveaux modérés sur toute la période de prévision. Ainsi, après avoir atteint 4,1% cette année, le taux de chômage au sens du BIT sera de 4,4% l'année prochaine et de 4,6% en 2025. Le taux de chômeurs inscrits au sens du SECO augmentera également légèrement au cours de la période de prévision, tout en restant à un niveau bas (2 % en 2023, 2,3 % en 2024 et 2,4 % en 2025).

Le ralentissement du marché du logement est stoppé

La pression inflationniste sur les prix de la construction se normalise à vue d'œil et les taux d'intérêt hypothécaires évoluent déjà à nouveau vers le bas. Le KOF s'attend à ce que la dynamique des investissements dans la construction se rétablisse l'année prochaine (+1,9%) et reprenne de la vitesse sur la période de prévision (+2,7%). L'année prochaine, les investissements dans de nouvelles infrastructures pour l'éducation et la santé, entre autres, assureront une dynamique accrue. De plus, les nouveaux projets d'infrastructures de transport stimulent les investissements dans le secteur du génie civil sur l'ensemble de la période de prévision. La croissance démographique accrue, associée à l'évolution solide du marché de l'emploi dans les années à venir, renforcera la pénurie actuelle de logements vacants et augmentera ainsi la pression pour la création de nouvelles unités de logement. Ainsi, le ralentissement de la construction de logements devrait s'arrêter et les investissements dans le logement devraient à nouveau augmenter vers la fin de la période de prévision (2025).

Les investissements en biens d'équipement sont faibles

Au troisième trimestre 2023, les investissements réels en biens d'équipement ont baissé assez fortement pour la deuxième fois consécutive. Dans la mesure où de nombreux indicateurs, tels que le taux d'utilisation des capacités ou la situation bénéficiaire des entreprises, ne laissent pas entrevoir d'amélioration, le KOF révise à la baisse ses prévisions pour les investissements en biens d'équipement. Selon les dernières prévisions, les investissements en biens d'équipement se contractent de 0,7% cette année (automne: 1,5%). Pour l'année prochaine également, le KOF s'attend à un net ralentissement de la croissance des investissements en biens d'équipement. Il a révisé ses prévisions de 3,1% à 1% seulement.

Hausse des loyers plus faible que prévu

Depuis cet été, le renchérissement est inférieur à 2% par rapport aux mêmes mois de l'année précédente. La nette augmentation attendue des loyers d'habitation qui représente une part importante du renchérissement a été plus modeste que ne l'avait prévu le KOF. Toutefois, le taux hypothécaire de référence a continué à augmenter début décembre, ce qui renforce l'inflation. Néanmoins, le KOF s'attend à ce que les deux augmentations du taux d'intérêt de référence aient globalement moins d'influence sur les prix que dans ses prévisions précédentes. C'est pourquoi il revoit sa prévision de renchérissement à 1,7% pour l'année prochaine (automne: 2,2%) et à 1% pour les deux prochaines années (automne: 1,5%).

La BNS baisse ses taux d'intérêt début 2025

Dans la mesure où l'inflation de base n'évolue que lentement vers les marges de fluctuation des banques centrales selon les prévisions, le KOF ne s'attend toujours pas à une réduction des taux directeurs dans les principales zones monétaires dès l'année prochaine. Lors de sa séance de septembre, la Banque nationale suisse (BNS) a décidé de maintenir son taux directeur à 1,75%. Le KOF ne s'attend pas à un tour de vis de la part de la BNS au cours des prochains trimestres. Elle pourrait toutefois abaisser le taux directeur au début de l'année 2025. Le KOF s'attend également à un revirement de la politique des taux d'intérêt dans d'autres zones monétaires plus tôt que prévu à l'automne, en raison de perspectives conjoncturelles un peu moins bonnes.

A lire aussi...