La chronique des marchés de Vontobel au 29 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,34%,  SPX +0,36%, Dow +0,36%, Russell +0,85%, SOX -0,20%, Eurostoxx -0,05%, SMI +0,16%.

 

Wall-Street termine en légère hausse et surtout nettement au-dessus de ses plus bas du jour. Le début de séance est quelque peu pénible, les indices n’appréciant guère la révision à la baisse du PIB américain au quatrième trimestre. Le secteur des constructeurs immobiliers souffre de la statistique décevante des ventes de maisons en février. Le pétrole appuie également sur la cote, le WTI Light Crude perdant momentanément de l’altitude après que Donald Trump ait twitté que le prix de l’or noir était trop élevé…mais cela ne dure pas et le baril traite à nouveau tout près des 60 dollars ce matin. le conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow, refroidit les espoirs d'un accord rapide avec la Chine en indiquant que l'administration Trump est prête à négocier pendant «des semaines, voire des mois si nécessaire». Courant février, les marchés espéraient un accord pour la fin mars, puis pour avril, mais cette échéance pourrait désormais s'éloigner encore. C’est donc logiquement que Wall-Street fait la moue en début de séance et il est intéressant que les indices aient relevé la tête dès la clôture européenne (je me demande parfois si c’est fait exprès…). Cette performance est à mettre au crédit des bulls (haussiers). Un marché prêt à aller plus bas aurait saisi ces occasions, ces excuses pour ce faire. Remarquons que le rendement de l’emprunt US à 10 ans cesse de baisser, il se situe à 2,39%. Les inquiétudes quant à l’état réel de l’économie mondiale et surtout américaine persistent, ce n’est pas la révision du PIB qui va arranger les choses, mais la courbe des taux ne s’inverse plus, même momentanément, c’est fondamental et à suivre de près. Et hier à Wall-Street on assiste aussi à des habillages de portefeuilles (window dressing) à l’approche de la fin du premier trimestre qui intervient ce soir. En revanche, les volumes d’échanges sont terribles, quelle misère! La volatilité baisse de 5%, l’indice VIX à 14,27, l’or se casse la figure et revient à 1286 dollars l’once, intéressant dans ce contexte de craintes ambiantes quant à la croissance mondiale. A moins que cela ne soit simplement dû à la force du dollar, le billet vert repassant la seconde. La paire euro/dollar à 1,1227 ce matin, 1,1177 here we come! (just my view).

Le marché est probablement aussi soutenu par les banquiers centraux américains hier. plusieurs membres de la Fed, dont son vice-président Richard Clarida, se montrent rassurants, affirmant que la Réserve Fédérale se tien prête à agir en cas de besoin. Richard Clarida indique même qu'elle pourrait sortir du cadre traditionnel de sa politique monétaire si l'économie subit des difficultés inattendues. En d'autres termes, un nouveau programme de rachat d'actifs («QE») n'est pas exclu. «Si nous avons un choc défavorable pour l'économie, la première réponse serait d'employer les outils monétaires habituels», indique Monsieur Clarida lors d'une conférence. «Si cela ne suffit pas, il y a d'autres instruments dans la boîte à outils qui ont déjà été employés et il est certain qu'on les emploierait à nouveau si nécessaire», ajoute-t-il. Il estime en outre que la Fed ne peut ignorer l'exposition des Etats-Unis aux risques venus de l'étranger.

Lyft, le concurrent d'Uber, est finalement valorisé à 24,3 milliards de dollars lors de son entrée en bourse à 72 dollars, le haut de la fourchette relevée avant-hier. L'opération a permis à l'entreprise de lever 2,34 milliards de dollars. L'IPO d'Uber devrait suivre le mois prochain: elle pourrait valoriser le spécialiste du VTC 120 milliards de dollars!

General Motors devrait vendre l'usine que le groupe a fermée en Corée du Sud un consortium local. Huawei voit ses bénéfices bondir de 25% en 2018. Facebook va renforcer sa lutte contre les manipulations d'élections. DowDupont avertit. Fiat Chrysler va éliminer 1500 postes au Canada. Mondelez serait proche de racheter les cookies de Campbell. Warren Buffett a expliqué sur CNBC hier que la montée de Berkshire Hathaway au-dessus des 10% du capital de Delta Air Lines était simplement une erreur technique.

On y est presque! Il manque quelques heures de cotation pour dresser un bilan du premier trimestre 2019, mais il s'annonce d'ores et déjà très positif. Le SPX par exemple affiche un gain de 12,31% depuis le 1er janvier. Un rebond qui intervient, rappelons-le, après une fin d'année 2018 très difficile. Aujourd'hui, les places financières devraient être portées par des échos positifs en provenance des discussions entre représentants américains et chinois sur leur rapports commerciaux. Elles devraient aussi bénéficier des commentaires apaisants du banquier de la Fed John Williams, qui a minimisé les signaux de récession envoyés par les marchés obligataires. Mais des points de friction demeurent évidemment. Et une énième journée décisive se profile pour le Brexit, puisque Theresa May va mettre une troisième fois au vote le texte négocié avec Bruxelles. Pour contourner l'interdiction qui avait été faite par le speaker de la Chambre des Communes de faire revoter un texte identique, le gouvernement a décidé de ne faire voter que la partie «Traité de retrait» et non la déclaration politique sur la future relation avec l'UE. Un montage aussitôt critiqué par les Travaillistes mais validé par le speaker. Des Brexiteers de la première heure sont finalement prêts à apporter leur soutien au texte, de peur d'une renonciation pure et simple au Brexit… mais il manquera probablement quelques voix malgré tout, sauf rebondissement. Quel bazar!

En attendant, les indicateurs avancés sont haussiers ce matin en Europe. Notons que le nouveau vote sur le Brexit est prévu à 14h30 à Londres, soit 15h30 en Europe continentale, donc avant que les marchés ne soient fermés: cela pourrait avoir une influence importante sur la fin du trimestre. Quoi qu’il en soit, je peux affirmer dès à présent que la presse du weekend sera marquée du sceau de la livre, qu’elle soit anglaise ou turque, n’oublions pas les élections de dimanche en Turquie.

Au menu du jour, le discours de Messieurs Kaplan et Quarles de la Fed ainsi que de Monsieur Coeure, de la BCE. Aux Etats-Unis nous prêterons attention aux revenus et aux dépenses des ménages, aux ventes de maisons neuves et à l’indice du sentiment de l’Université du Michigan. Et dans notre bonne vieille Helvétie, le rapport de l’institut zurichois d’études conjoncturelles KOF a été publié pour le mois de mars. Il ressort à 97,4, nettement au-dessus des attentes de 93,8 et du chiffre de février (93). Ich guet!

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