La chronique des marchés de Vontobel au 26 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq -0,07%, SPX -0,08%, Dow +0,06%, Russell +0,46%, SOX -1,26%, Eurostoxx -0,16%, SMI -0,15%.

 

Wall-Street fait du surplace, toujours inquiète des signes croissants de ralentissement de l’activité économique en Europe et, dans une moindre mesure, aux Etats-Unis. Les obligations sont recherchées et les taux d’intérêts vont au tapis. La courbe des taux américaine s’inverse à nouveau mais cela ne dure pas (à nouveau). Pour mémoire l’inversion de la courbe des taux implique que le rendement de l’emprunt gouvernemental à 2 ans passe au-dessus de celui à 10 ans, ce qui est interprété comme un signe de récession à venir, les investisseurs préférant prêter à court plutôt qu’à moyen terme au gouvernement américain. Rappelons aussi que, pour que le signal soit valable, il faut que cette inversion dure, ce qui n’est pas le cas actuellement. Ce matin, le 10 ans US traite à 2,43% alors que le 2 ans est à 2,26%. La publication de l’indice IFO de confiance des milieux d’affaires allemands plus robuste que prévu hier matin calme quelque peu les esprits. Pour en revenir au marché, l’indice S&P500 (SPX) ne parvient pas à clôturer au-dessus des 2800 points, niveau qu’il était parvenu à défendre 8 séances durant. Sa moyenne mobile à 200 jours se situe à 2755, tant qu’il traite au-dessus on peut rester serein. Clôture hier à 2798,36.

C’est une journée relativement ennuyeuse que vivent les marchés finalement, hormis sur la partie des taux. La volatilité reste inchangée, le VIX à 16,22, le dollar index DXY fait du surplace à 96,57, l’euro/dollar à 1,1306. Le pétrole reste en embuscade légèrement sous les 60 dollars par baril (WTI Light Crude) et l’or ne bouge plus, à 1316 dollars l’once. Au chapitre des secteurs, les bancaires US sont sous pression malgré la pentification de la courbe des taux, les techs souffrent d’une note prudente de Bernstein alors que Apple perd 1,21%. Sa «keynote» rend son verdict dans la soirée: conformément aux attentes, le Californien dévoile une offre de contenus vidéos améliorée, une offre de jeux vidéo, une carte de paiement en partenariat avec Goldman Sachs et Mastercard et un kiosque de presse. Intéressant mais pas révolutionnaire, raison de la baisse du titre. Commentaire de Jefferies ce matin:  «Avant l'événement, le contenu des annonces d'Apple n'était pas vraiment limpide, mais désormais, il est clair qu'il s'agit de créer un vrai concurrent de Netflix, ce qui coûtera cher». Notons le secteur des médias qui bénéfice de la très belle tenue de Viacom, qui s’adjuge 3,9% sur la séance après avoir résolu un conflit avec AT&T (T -0,93%).

Au registre des statistiques économiques du jour, l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago pour le mois de février  est ressorti à -0,29, contre +0,1 de consensus et -0,25 pour la lecture révisée du mois précédent. L'indice manufacturier régional de la Fed de Dallas pour le mois de mars est quant à lui ressorti à 8,3 (indice d'activité générale), contre un consensus de +10 et un niveau de 13,1 un mois avant. L'indicateur traduit donc un ralentissement de l'expansion de l'activité manufacturière dans la région, mais il demeure en territoire positif.

L’un dans l’autre, on peut dire que le marché a plutôt bien tenu le choc des craintes de récession hier. La forte baisse de vendredi à New-York, poursuivie à Tokyo hier, permettait d’envisager un début de correction. Remercions l’IFO, qui a servi de sparadrap. Cela dit il faut savoir raison garder, les prochaines séances seront importantes et probablement révélatrices. Les investisseurs sont assez nerveux car ils réalisent pour la plupart que les gains enregistrés depuis le début de l’année sont littéralement extraordinaires. Les perspectives économiques sont incertaines et le marché a suffisamment de préoccupations en ce moment. Un sondage récent de Bank of America indique que, aux Etats-Unis, les gérants de fonds se soucient surtout, et dans l’ordre, du ralentissement économique en Chine, de la guerre commerciale, du resserrement du crédit aux entreprises et de la politique américaine. Ce qui est intéressant, c’est de noter que les investisseurs professionnels se soucient de moins en moins de la guerre commerciale, même si elle est encore numéro deux.

En ce qui nous concerne, nous regardons de près l’évolution de la guerre commerciale, du Brexit (la Première ministre a subi hier un nouvel outrage après un vote permettant aux députés britanniques de se prononcer, demain, sur différents scénarios sur la forme finale du Brexit), de la contestation en France (gilets jaunes), des élections parlementaires européennes (23 au 26 mai) et de l’évolution politique en Espagne (élections prévues le 28 avril) et en Italie (pas de date précise dans l’agenda).

Cela a été déjà écrit plusieurs fois dans cette chronique mais le temps reste opportun de couvrir un portefeuille investi en actions. La volatilité a certes quelque peu rebondi mais les performances annuelles restent excellentes et rendre une infime partie de ces dernières au marché en achetant un put et en s’offrant quelque paix intérieure durant plusieurs mois prend tout son sens. Les probabilités d’échec des négociations commerciales entre chinois et américains sont faibles mais, le cas échéant, l’impact sur les marchés serait important. A l’attention des investisseurs réticents à acheter des options, il existe bien d’autres façons de faire, n’hésitez pas à me solliciter à ce sujet.

Bayer et Johnson & Johnson vont verser 775 millions de dollars pour mettre un terme à plus de 25'000 actions en justice impliquant l'anticoagulant Xarelto. Trois fonds activistes prennent pied dans le capital de Bed Bath & Beyond. McDonald's rachète la startup Dynamic Yield. WeWork a perdu 2 milliards de dollars l'année dernière. Le mineur de Bitcoin Bitmain Technologies laisse passer la fenêtre de tir pour son IPO à Hong Kong. Bang & Olufsen avertit. Sika se développe au Sénégal.

Perte de mémoire? Samsung a lancé ce matin un avertissement concernant ses résultats du premier trimestre 2019, à cause d'un ralentissement de la demande d'écrans et d'une chute du prix des mémoires. Petite originalité, c'est la première fois que le sud-coréen publie une alerte de ce type, une semaine avant la communication officielle de ses objectifs de la période. Elle lui permet de signaler que le consensus est trop ambitieux. L’action Samsung perd 0,9% à Londres, une paille ! J’achèterais (just my view).

Ce matin en Europe, les indices ouvrent en léger recul, pénalisés par les secteurs de la santé et, dans une moindre mesure, de la communication. Le future S&P500 est quant à lui en hausse de 5 points. Mainfirst a dégradé Novartis à neutre, le titre n’en a cure et monte de 0,5%. Huber+Suhner s’effondre de 10,9% après l’annonce que son principal actionnaire, Abegg Holding, a cédé la totalité de ses actions. La vente s’est faite par le biais d’un placement accéléré, hier soir, à un prix de 75 francs par action. Derrière Abegg Holding se trouve la famille Bodmer, qui a accompagné la Huber+Suhner depuis 50 ans.

Le marché est hésitant et recherche des valeurs plutôt défensives, les deux meilleures performances du jour de mon monitor sont Roche et Nestlé…

A lire aussi...