La chronique des marchés de Vontobel au 28 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

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Nasdaq -0,63%, SPX -0,46%, Dow -0,13%, Russell -0,39%, SOX -1,45%, Eurostoxx +0,08%, SMI +0,01%.

 

Wall-Street clôture en territoire négatif, en manque de bonnes raisons d’aller plus haut et face à la persistance des craintes d’un ralentissement plus prononcé que prévu de la croissance mondiale. Les marchés obligataires repartent à la hausse, le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 2,35% ce matin, mais la courbe des taux ne s’inverse pas. Les marché des obligations gouvernementales semble donc inquiet alors que, du côté des obligations d’entreprises, le message n’est pas le même. Les spreads (l’écart de rendement) ne s’écartent pas ce qui indique que les investisseurs sont toujours à la recherche de risque dans ce segment pour obtenir des rendements attractifs.

Notons que les volumes d’échanges sont principalement réalisés en début de séance, dans la baisse. L’indice S&P500 (SPX) se reprend vers 17h et récupère une partie des pertes du jour pour se hisser au-dessus des 2800 points à la cloche, un bon point pour lui. Le dollar reste soutenu, l’indice dollar index DXY à 96,90 et l’euro/dollar à 1,1252. Rappelons le principal support à long terme sur cette paire, qui se situe à 1,1177. La volatilité repart légèrement à la hausse, le VIX de retour au-dessus de 15, le pétrole semble incapable de franchir les 60 dollars par baril (WTI Light Crude) et l’or reste stable à 1310 dollars l’once.

Au chapitre des secteurs, la tech semble fatiguée et ce sont les semi-conducteurs qui en prennent pour leur grade hier après l’avertissement sur bénéfices futurs effectué par Infineon. Intel, Texas Instruments, Micron Tech, Qualcomm et AMS rendent toutes du terrain. Les constructeurs immobiliers continuent de progresser, portés hier par Lennar (LEN +3,9%) et KB Home (KB +2,7%). Belle journée pour les compagnies aériennes malgré l’avertissement sur bénéfices de Southwest Airlines (LUV) qui…grimpe de 2,2%. Notons au passage que le Brésil se prend les pieds dans le tapis, l’indice Bovespa trébuchant de 3,57%. Le marché s’inquiète des tensions entre les leaders politiques du pays au sujet de la réforme des retraites.

Aujourd’hui nous aurons droit à quelques discours de membres de la Fed (Williams, Bullard, Bostic), nous observerons la publication du PIB ainsi que les demandes hebdomadaires d’allocations chômage aux Etats-Unis, nous prendrons connaissance du PIB canadien, de l’indice des prix à la consommation en Allemagne et de la confiance des consommateurs en zone euro.

Au Royaume-Désuni, la situation est de plus en plus limpide. La chambre des communes a voté hier soir sur huit propositions indicatives concernant le Brexit. Aucune n’a obtenu la majorité, ce qui est à la fois cocasse et symptomatique des doutes des parlementaires britanniques sur le sujet. Hier les suffrages d’opposition ont réalisé une sorte de grand chelem. Un tweet du vice-président des conservateurs, James Cleverly, vaut tous les discours pour décrire la situation: «dans une spectaculaire démonstration d’indécision, la chambre des communes a voté contre un maintien dans l’UE et contre chacune des versions d’une sortie de l’UE». Tout cela est peut-être cocasse mais en dit aussi long sur le manque de respect des parlementaires britanniques à l’égard du peuple. C’est un sujet assez grave dont nous parlons n’est-il pas? En tous les cas, le marché ne bronche pas, probablement aussi perdu que votre serviteur à ce sujet.

JP Morgan Chase s'apprête à supprimer des centaines de postes. Lyft relève la fourchette de son IPO à "70 à 72 dollars" l'action contre 62 à 68 dollars précédemment. Les créanciers de PG&E, dont Elliott et Pimco, proposent un plan à 35 milliards de dollars pour faire sortir le groupe de la procédure de faillite dans un an. Lululemon dépasse nettement les attentes de résultats. ON Semiconductor va racheter Quantenna pour 1,07 milliard de dollars. BHP songerait à racheter Bluewater.

Bayer perd une nouvelle manche dans le dossier Roundup, puisqu'un jury américain a accordé 81 millions de dollars de dommages à un plaignant qui avait attaqué Monsanto, désormais filiale de l'Allemand qui va faire appel de la décision. Il s'agit des suites du procès qui avait occupé l'espace médiatique la semaine dernière. Bayer estime que ce jugement «ne change rien au poids de 40 ans de science et de conclusions d'agences de régulation dans le monde entier qui soutiennent que notre désherbant au glyphosate est sûr et qu'il n'est pas cancérigène». L'avocate du plaignant affirme elle que «la science nous montre depuis 40 ans que le Roundup peut causer le cancer». Ils n'ont visiblement pas les mêmes sources. L’action Bayer en recul de 1,5% ce matin.

Autre ambiance chez Peugeot où tout roule. Le constructeur français prend le contrôle de Longstar, un spécialiste des pièces de rechange sur le marché automobile chinois. Ce grossiste est installé dans la province du Fujian. Les modalités financières n'ont pas été communiquées. Par ailleurs, l'agence Moody's a relevé à «Baa3» la notation crédit du groupe. L’action Peugeot en progression de 0,1% ce matin.

Cette nuit et ce matin, les places boursières asiatiques reculent pour la plupart avec le Nikkei en baisse de 1,61% et Shanghai qui rend 0,92%. En Europe les marchés ouvrent en légère hausse, on adopte une attitude attentiste dans ce contexte de questionnement général quant à la vigueur de l’économie mondiale. Nous sommes jeudi et demain sera le dernier jour du mois et aussi du trimestre. Ce n’est pas anecdotique, nous pourrions avoir droit à du «window dressing», de l’habillage de portefeuilles par des gérants ayant raté la hausse des actions depuis le premier janvier. Un soutient potentiel des marchés d’actions donc mais qui ne durerait que peu.

En Suisse Nestlé progresse de 0,4% malgré que Julius Baer ait réduit son objectif de cours sur le titre. Julius Baer qui abandonne 0,5% après que son CEO a indiqué devoir poursuivre son effort de réduction de coûts.

Attention à la Turquie, où des élections à haut risque se dérouleront dimanche. Le président Erdogan a été contraint de mener une campagne acharnée pour éviter un vote sanction contre son parti, notamment à Ankara et Istanbul. Dimanche, 58 millions d’électeurs turcs seront appelés à se rendre aux urnes pour élire leur maire et leur muhtar, sorte de chef de quartier, avec une attention particulière pour les 30 municipalités métropolitaines qui constituent le cœur économique du pays. La livre turque est sous forte pression, actuellement à 5,60 contre dollar et les investisseurs se débarrassent de leurs obligations et de leurs actions turques. Le coût pour emprunter des livres d’un jour à l’autre sur le marché des swaps a augmenté de 1'000% à un moment hier, les banques locales sont mises sous pression par le gouvernement qui ne veut pas qu’elles prêtent de l’argent à des investisseurs désireux de vendre la livre à découvert.

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