Wall-Street peine à trouver une direction, les investisseurs soupesant les risques accrus sur la croissance mondiale et s'interrogeant sur l'état d'avancement des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Les derniers indicateurs d'activité économique montrent une nette dégradation en Europe et une décrue plus modérée aux Etats-Unis en septembre. Sur le front commercial, un accord complet semble encore loin, mais les discussions, sur le soja et le porc, se poursuivront néanmoins en octobre comme prévu. Les cours du pétrole restent à un niveau élevé tandis que la Fed intervient à nouveau pour calmer les taux courts sur le marché «repo» qui connaît une brusque montée de tension depuis une semaine. La Fed de New York, qui avait prévu d'allouer jusqu'à 75 milliards de dollars par jour, répond hier à une demande de 65 milliards, ce qui témoigne d'un certain retour au calme. L'institution va continuer à «surveiller et analyser de près» les problèmes de liquidité qui ont affecté le marché interbancaire et forcé l'institution à injecter des dizaines de milliards de dollars depuis une semaine, indique son président John Williams.

Pour en revenir au marché, la journée d’hier est très calme en termes de volumes d’échanges. On note un regain de forme chez le dollar, qui profite des statistiques économiques très faibles en Europe. L’euro/dollar traite à 1,0985 ce matin. Le marché n’écoute pas Mario Draghi, qui tente de le rassurer quant à la la volonté farouche de la BCE de supporter l’économie du vieux continent. Au registre des secteurs, le bâtiment et les semi-conducteurs passent une belle journée alors que la santé et les transports restent en retrait. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule à 1,71% et l’or s’installe confortablement au-dessus des 1500 dollars l’once (1520 dollars). Le pétrole reste soutenu, le WTI Light Crude à 58,32 dollars ce matin. La volatilité recule quelque peu, l’indice VIX à 14,91.

Sur le front commercial donc, les discussions de la semaine dernière à Washington n’ont débouché sur aucun accord concret, mais les deux parties sont tout de même convenues de poursuivre les négociations comme prévu début octobre. Les marchés financiers espèrent un accord, au moins partiel, entre les deux premières puissances économiques mondiales, même si Donald Trump a jeté un froid vendredi soir, en affirmant qu'un accord agricole ne suffirait pas, et qu'il cherchait un «accord complet» avec Pékin, ce qui aurait tendu le climat des discussions. Il a ajouté qu'il n'avait pas besoin d'un accord avant l'élection présidentielle de 2020, signalant qu'il était prêt à prolonger la guerre commerciale. Du côté chinois, les crispations qui étaient également sensibles vendredi soir se sont dissipées.

L'actualité géopolitique est divisée en deux événements majeurs ce matin. D'une part, une série d'engagements sur le climat pris à l'ONU par des entreprises et des Etats, sans que les plus gros pollueurs ne s'associent concrètement aux initiatives. D'autre part, le ralliement des grands dirigeants européens à la position américaine selon laquelle l'Iran est à l'origine des attaques contre les installations pétrolières saoudiennes il y a dix jours. «Il est clair pour nous que l'Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n'y a pas d'autre explication plausible», ont déclaré Angela Merkel, Boris Johnson et Emmanuel Macron dans un communiqué commun. Pour autant, des efforts diplomatiques étaient en cours en marge de l'assemblée générale de l'ONU pour forcer une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani. A Londres, la Cour suprême a prévu de rendre son verdict ce matin sur la légalité de la suspension de la Chambre des communes par Boris Johnson. De quoi continuer à alimenter la zizanie politique.

Deux indices de confiance domineront la séance du jour: celui compilé par l'Ifo, qui jauge le climat des affaires en Allemagne (10h00) et celui de la confiance des consommateurs américains publié par le Conference Board (16h00). Entre les deux, pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Dix-neuf multinationales proposent une coalition en faveur du climat et de la biodiversité, dont Danone, Nestlé, L'Oréal, Kering, Barry Callebaut ou Unilever. Anheuser-Busch Inbev fixe en bas de fourchette, à 27 HKD, le prix de l'IPO de sa filiale Budweiser Brewing Company APAC à Hong Kong, ce qui permettra malgré tout de lever 5 milliards de dollars. La Commission européenne pourrait ouvrir une enquête antitrust sur le rachat d'Embraer par Boeing. Facebook, Twitter, Google et consorts vont créer une structure indépendante pour renforcer leur lutte contre l'extrémisme. Le CEO de WeWork aurait accepté de réfléchir sur son rôle, après avoir été critiqué par ses actionnaires. La grève d'UAW chez General Motors entre dans son neuvième jour. American Express va racheter jusqu'à 120 millions d'actions et renforcer son dividende. Facebook rachète la startup CTRL-Labs, spécialisée dans le contrôle des machines par la pensée, pour un montant qui pourrait se situer entre 500 millions et 1 milliard de dollars. Apple a terminé la séance en hausse hier, après avoir obtenu de Washington 10 des 15 demandes d'exemptions de droits de douanes réclamées.

En Suisse, SGS prend le contrôle de l’américain Argus International, renforçant ses capacités dans le domaine du trafic aérien. Le montant de la transaction n’est pas dévoilé.  Nike (NKE +1,17%) publiera ses comptes trimestriels ce soir après la clôture de Wall Street. Le consensus est actuellement logé à 70 cents de bénéfice trimestriel par action pour 10,44 milliards de dollars de chiffre d'affaires.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont plutôt orientés vers le nord avec Tokyo qui progresse de 0,09% à la cloche. Notons que l’indice Nikkei est sur le point d’envoyer un signal technique de vente. Hong-Kong progresse de 0,18%, portée notamment par HSBC (5 HK) qui avance de 0,92%. Shanghai gagne 0,3% avec un CNY fixé à 7,0729. Foxconn décolle de 7% après l’annonce qu’Apple a obtenu des exemptions sur les taxes. Les futures Européens indiquent une ouverture en très légère hausse alors que le future SPX progresse de 6 points.