Gonet: l'actualité des marchés au 27 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,76%, S&P 500 -1,18%, Nasdaq -1,76%, Russell +0,34%, SOX -0,54%, Eurostoxx -0,59%, SMI -0,32%.

Le joyeux royaume des actions nous fait peut-être une petite dépression automnale, qui expliquerait en partie des mouvements de plus en plus violents sur des valeurs plus ou moins importantes de la cote. Siemens Energy demande des garanties à l’Etat Fédéral, et paf -34%! Standard Chartered chute de 12% hier, même des supposés intouchables comme Alphabet se font lapider par les investisseurs (GOOG -9,5% mercredi, -2,55% hier), faire montre de quelque faiblesse dans le cloud n’est apparemment pas l’idée du siècle. On pense aussi à Worldline, qui s’effondre de 56% cette semaine, elle qui affirmait haut et fort se porter comme une fleur l’an passé. Il serait naïf de ne pas réaliser que les investisseurs se laissent gagner par une nervosité plutôt rare, on perd probablement patience dans les salles de marchés, cette situation frustrante de politique monétaire restrictive de la Fed qui n’en finit pas, couplée à une question de plus en plus complexe qui consiste à établir si une récession guette les Etats-Unis ou non commence à avoir raison des plus patients d’entre nous.

Ce n’est probablement pas par hasard que Janet Yellen, patronne du Trésor US et ancienne boss de la Fed, attribue hier la hausse des rendements américains à une économie qui «se porte très bien» et souligne les signes d'un atterrissage en douceur. La secrétaire au Trésor rejette l'idée que les inquiétudes concernant le déficit contribuaient à alimenter la hausse des rendements.

Et puis il y a les mastodontes de la tech, les magnifiques 7, les cadors de la cote, les patrons du préau, qui ne patronnent plus grand-chose en ce moment, si ce n’est que leurs poids additionnés feraient rosir de jalousie le plus recordman des obèses. Ces 7 là ont été valorisés à la perfection par le marché et n’ont donc pas droit au moindre écart de perspectives, ce qui se voit dans leurs cours. Hier c’est Meta qui trinque (META -3,7%) après que la firme de Mark Zuckerberg a annoncé mercredi soir que la demande en publicité est moins forte que prévu. Alphabet digère ses déboires du cloud, Microsoft perd 3,8% malgré des résultats impeccables plus tôt dans la semaine, Apple et Nvidia rendent respectivement 2,5% et 3,5%. Difficile voire impossible dans ce contexte d’envoyer les indices au ciel, avec un bémol, dont pas grand monde ne parle ce matin, les petites et moyennes capitalisations, l’indice Russell2000 (RTY) termine en légère hausse hier, presque en catimini. Cela mérite d’être mentionné et surtout suivi, si le RTY débute une série de hausses cela pourrait dire beaucoup, même si c’est probablement un détail pour beaucoup d’entre vous.

Nous avons donc un marché en mode quasiment épileptique, des gros bras de la cote qui n’assurent guère en ce moment et une Europe où les révisions d’objectifs à la baisse commencent à se voir bref, ce n’est pas Broadway au niveau de la micro mondiale en ce moment, même si en prenant du recul on constate que les firmes du S&P500 (SPX) qui ont déjà publié font légèrement mieux dans leur ensemble que la moyenne des 5 dernières années. Saupoudrez cela de statistiques macro qui persistent à dépeindre une économie américaine résiliente (PIB) et vous obtenez la séance de bourse d’hier.

Le SPX s’éloigne de sa moyenne mobile à 200 jours. Il clôture à 4137 pts contre la 200 dma à 4239 pts. L’indice le plus suivi au monde entre en territoire de correction (-10,2% depuis son récent top), il est aussi sur le point de pénétrer en territoire survendu. Moins de 27% de ses composants traitent désormais au-dessus de leur 200 jours respective, une configuration qui n’augure rien de très excitant pour les mois à venir, d’un point de vue statistique entendons-nous. La tendance haussière entamée en octobre de l’an passé est cassée, il reste celle moins évidente démarrée le 23 mars 2020. Le bas de cette tendance-ci passe par la zone 4020 – 4035 pts, c’est à suivre de très près. Le Nasdaq100 (NDX) est en train de se ruer sur sa 200 jours, il clôture hier à 14109 pts, la 200 dma l’attend à 13912 pts. Pas certain qu’il la teste aujourd’hui, les résultats d’Amazon et Intel publiés après la cloche plaisent au marché, qui se détend quelque peu en ce vendredi matin. La volatilité du SPX grappille 2,2% hier, le VIX clôture à 20,68, un niveau que l’on peut qualifier de correct mais qui n’indique aucunement un stress généralisé dans le marché. Prenez le dollar, qui reste plutôt demandé mais ne monte pas au ciel, la paire EUR/USD à 1,0557 ce matin. Du côté des bons du Trésor US on retrouve quelque appétit, peut-être dû à Janet Yellen, le rendement du 10 ans US recule à 4,87%.

Ne demandez pas aux Fed Funds de vous donner une direction, ils restent bien planqués en Normandie, totalement incapables de se prononcer quant à la suite, un peu comme le H de Hawaï…

Les États-Unis mènent des frappes dans l'est de la Syrie sur deux installations qu'ils pensent avoir été utilisées par le Corps des gardiens de la révolution islamique de l'Iran et des groupes affiliés. Lloyd Austin déclare que Joe Biden a ordonné ces frappes «d'autodéfense de précision» à la suite d'attaques menées depuis le 17 octobre qui ont entraîné la mort d'un contractant américain et blessé 21 membres du personnel américain.

Au menu macro-économique du jour, le marché attend l’inflation PCE américaine, ainsi que les revenus et dépenses des ménages aux Etats-Unis (14h30) puis l’indice de confiance de l’Université du Michigan.

Amazon bondit de 5,4% hors séance après ses résultats. Ford perd 3,2% après avoir retiré ses prévisions annuelles à cause des grèves aux Etats-Unis. Holcim relève ses prévisions de bénéfices après les résultats du troisième trimestre. Intel gagne 8% hors séance après ses résultats et son accélération dans l'intelligence artificielle. Siemens Energy veut des garanties de l'Etat fédéral, l’action s’effondre de 34%. Berkshire Hathaway reprend ses achats d'Occidental Petroleum. Novartis résout la pénurie de son médicament contre le cancer de la prostate aux Etats-Unis grâce à l'amélioration de sa capacité de production. Le médicament d'Eli Lilly contre les maladies intestinales reçoit l'aval de la FDA américaine pour le traitement des adultes.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse, Amazon et Intel sont passées par là. Tokyo gagne 1,27%, Hong Kong progresse de 2,04%, Shanghai prend 0,99% et Séoul avance de 0,16%. Le future SPX récupère 21 points et l’Europe ouvre en légère hausse de 0,2%. L’or reste bien demandé, l’once traite à 1987$, le pétrole stagne à 84,55$ le baril de WTI Light Crude.

Nous passons à l’heure d’hiver ce weekend, les Etats-Unis le feront dans une semaine. Deux implications à cela, les insomniaques devront patienter une heure de plus ce dimanche car il nous faudra reculer les aiguilles de nos montres d’une heure (les fêtards ne voient pas cela du même œil). L’autre conséquence est que la semaine prochaine Wall Street ouvrira à 14h30 heure de Genève, pour fermer à 21h30, joie dans les équipe de trading européennes assurant un «late shift».

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