Les actions européennes vont surperformer

Salima Barragan

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Un large éventail d'actifs offrira ses meilleurs rendements depuis 2019, prévoit Paul Jackson d’Invesco.

Covid en 2020, invasion de l’Ukraine en 2022, guerre au Moyen-Orient en 2023, que nous réservera cette nouvelle année? A l’heure des prévisions macroéconomiques, une pléthore de préoccupations géopolitiques persiste. Se pose aussi la question de savoir si certaines régions tomberont en récession. Durant cette semaine, 5 experts chevronnés partageront leur stratégie d’investissement pour 2024. L’équipe d’Allnews vous adresse ses meilleurs vœux autour de 5 points clés.

Selon Paul Jackson, responsable de l'allocation d'actifs chez Invesco, la principale inquiétude pour 2024 reste une profonde récession suite à une erreur des banques centrales. Une issue favorable à la dette souveraine, mais de mauvais augure pour les actions. Ces dernières resteront volatiles au cours des prochains trimestres, en raison de la fragilité de l'économie.

Quelles sont vos principales préoccupations pour cette nouvelle année?

Je crains que ce que j'attends comme ralentissement ne se transforme en profonde récession, si les banques centrales serrent trop la vis tandis que nous n'avons pas encore senti les effets des dernières hausses de taux. Ce scénario serait favorable aux obligations d'État et peut-être au crédit de qualité, mais de mauvais augure pour les actifs plus risqués, tels que les actions.

«Les rendements étant désormais intéressants; les titres à revenu fixe me semblent plus attrayants qu'ils ne l'avaient été depuis un certain temps.»
L’intérêt retrouvé pour les obligations pénalisera les actions?

Les rendements étant désormais intéressants; les titres à revenu fixe me semblent plus attrayants qu'ils ne l'avaient été depuis un certain temps. Cela complique le choix entre les actions et les obligations, car il était aisé de privilégier les actions lorsque les rendements obligataires étaient si bas. Mais force est de constater que les marchés actions se sont bien comportés en 2023 malgré l’élévation des rendements obligataire. J’anticipe toutefois que ces derniers baisseront à nouveau cette année aidant ainsi les actions. Ces dernières resteront toutefois volatiles au cours des prochains trimestres, en raison de la faiblesse de l'économie et des risques de récession, puis s'orienteront vers une trajectoire ascendante plus linéaire à mesure que l’année avance, en supposant que les économies se redressent au cours du second semestre.

Les actions européennes feront-elles mieux que les américaines?

Oui, car sur la base des ratios P/E ajustés aux variations cycliques, les indices boursiers anglais et de la zone euro sont beaucoup moins chers que les américains. Je m'attends également au retour des actions les plus touchées par les hausses de taux d'intérêt et le ralentissement conjoncturel à partir du moment où les banques centrales commenceront à assouplir leur politique. Ce type de valeurs abondent dans les indices européens.

Vous attendez-vous à une récession dans une des régions du monde?

Ce scénario demeure probable en Europe au cours des prochains trimestres, en raison du ravage des taux d'intérêt élevés. Les économies européennes étaient au bord de la récession durant une bonne partie de 2023, mais pour l’heure elles sont en train de stagner. Les Etats-Unis ralentissent aussi, mais à partir d'une base plus élevée. La croissance chinoise s’est, quant à elle, améliorée.

La désinflation pourrait néanmoins conduire sur une élévation des revenus réels; compensant à l'oppression qu’exercent les taux d'intérêt élevés. En outre, les principales banques centrales devraient commencent à assouplir leur politique monétaire au deuxième trimestre, ce qui soutiendra la croissance à la fin de l'année.

Quelle est votre stratégie d’investissement pour 2024?

Un large éventail d'actifs devrait offrir ses meilleurs rendements depuis 2019. Au sein de mon modèle d'allocation d'actifs, j’ai renforcé le crédit Investment Grade jusqu’à l’allocation maximale. J’ai surpondéré les prêts bancaires, les obligations à haut rendement, et l'immobilier mais sous-pondéré les actions, les matières premières, y compris l'or, et les obligations d'Etat car je leur préfère le crédit IG. J’ai réduit les liquidités à zéro.

Mes régions de prédilection restent l'Europe et les marchés émergents, et mes meilleurs choix se portent sur le crédit investment grade des marchés émergents, les prêts bancaires américains et les actions de la zone euro. Dans l'ensemble, je prends davantage de risques que ces dernières années, en partant du principe que les banques centrales entameront leur assouplissement monétaire au second semestre.

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