La Fed doit monter ses taux

Franck Dixmier, Allianz Global Investors

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Nous attendons une hausse de 25 pb lors de la prochaine réunion du FOMC, alors que la banque centrale US ne peut se satisfaire d’une inflation sous-jacente toujours élevée.

 

  • La crise des banques régionales crée cependant une forte incertitude sur l’amplitude des hausses à venir.
  • Les anticipations de baisse de taux des investisseurs sont une source de fragilité pour les marchés obligataires. Toute nouvelle correction engendrerait de la volatilité.

En deux jours la semaine dernière, les tensions sur le système bancaire américain ont provoqué un ajustement majeur des courbes de taux aux Etats-Unis, avec une révision drastique des anticipations de hausses de taux de la Fed. En février, les investisseurs ont semblé capituler en incorporant plus de 100 points de base sur le taux terminal de la Fed entre le début et la fin du mois. Le stress bancaire a réduit les anticipations à presque zéro, et les investisseurs anticipent désormais des baisses de taux en fin d’année. Cet événement hors norme a rendu complétement obsolète le discours qu’a tenu Jerome Powell devant le Congrès début mars, durant lequel il avait évoqué la nécessité d’augmenter les taux plus fortement que ce qui était prévu initialement.

Nous estimons toutefois que La Fed devrait poursuivre le resserrement de sa politique monétaire. Elle ne peut en effet baisser les bras face au niveau de l’inflation sous-jacente, avec un Core CPI à 5,5% sur un an en février, dans un contexte de résilience de l’économie américaine et d’une demande toujours élevée. Nous attendons donc une hausse de 25 pb lors de la prochaine réunion du FOMC.

Le dilemme, s’il existe, serait de devoir trancher entre l’objectif de stabilité des prix et celui de stabilité financière. La Banque centrale européenne a démontré le 16 mars qu’elle n’avait pas d’état d’âme sur le sujet, et nous estimons que la Fed devrait lui emboiter le pas. La Réserve fédérale américaine, ainsi que les autorités, disposent d’outils spécifiques pour faire face à une éventuelle crise de liquidité. D’autant que celle-ci est pour le moment contenue aux banques régionales.

En revanche, la situation renforce les incertitudes sur l’amplitude des hausses de taux à venir. Celle-ci sera dépendante du niveau de sévérité de la crise des banques régionales et de la capacité des autorités à endiguer une contagion. Or, le caractère souvent irrationnel des crises bancaires (psychologie des marchés et des déposants) laisse à penser qu’il est encore trop tôt pour crier victoire. Une crise continue pourrait entrainer un resserrement des conditions financières et inciter la Fed à faire une pause. Une résolution rapide conduirait la Fed à poursuivre ses hausses. Mais quel que soit le niveau du taux terminal, nous estimons que La Fed restera sur un plateau.

Les anticipations de baisse de taux des investisseurs (-90 pb entre juin et décembre 2023) sont une source de fragilité pour les marchés obligataires aux États-Unis. Ces anticipations agressives une source de volatilité et pourrait mettre la partie intermédiaire des courbes sous pression.

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