La Fed sur une ligne de crête

Franck Dixmier, Allianz Global Investors

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Les marchés continuent à être trop complaisants face au potentiel de hausses des taux. Il faut s’attendre à une forte volatilité.

  • Nous anticipons une hausse des taux de 75pb lors de la prochaine réunion du FOMC. Face à une inflation qui poursuit sa diffusion dans l’économie, la Fed doit continuer à agir fort.
  • Cette réunion devrait toutefois ouvrir une nouvelle étape, avec une calibration des hausses de taux davantage dépendante des données macro-économiques;

Dans la continuité de l’accélération du resserrement initiée en juin dernier, nous anticipons une quatrième hausse consécutive de 75pb lors de la prochaine réunion du FOMC. Les taux de la Fed, actuellement compris entre 3 et 3,25%, devraient ainsi passer dans la fourchette de 3,75 à 4%. La Fed se doit de continuer d’agir vite et fort.

De fait, à ce jour, les données macro-économiques, notamment l’inflation, les tensions sur les salaires et la résilience du marché du travail et de l’économie ne laissent envisager aucune complaisance de la part de la Réserve fédérale:

  • L’indice des prix 'core PCE' (publié le 28/10) est en progression en septembre, à +5,1% sur 1 an;
  • L’indice ECI (Employment Cost Index) sur le coût du travail est à +5% sur 1 an à fin septembre;
  • Les créations d’emploi restent soutenues en septembre, à 263'000, très supérieures aux 50'000 nécessaires pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail;
  • L’économie américaine reste résiliente: au troisième trimestre, le produit intérieur brut a grimpé de 2,6% en rythme annualisé, et les dépenses de consommation, qui représentent plus des deux tiers de l'activité économique américaine, ont augmenté de 0,6% le mois dernier.

Cette réunion devrait toutefois clore cette série de forte remontée des taux de 75pb, en mode quasi automatique, et ouvrir une nouvelle étape. Nous estimons que les taux vont rester orientés à la hausse. Mais, à mesure qu’elle se rapprochera de son objectif de taux terminal, la Fed devrait davantage piloter l’amplitude des augmentations en fonction des données macro-économiques.  

La communication de la Fed va être disséquée par les marchés. L’exercice est de plus en plus difficile pour la Fed. Un discours perçu comme dovish entrainerait un rallye prématuré sur les marchés, tandis qu’un discours trop hawkish rallumerait la mèche d’une correction. Or, la stabilité financière fait aussi partie des préoccupations des banques centrales, comme on a pu le voir au Royaume-Uni récemment. Jerome Powell devrait adopter une attitude extrêmement pragmatique, se laissant toutes les options ouvertes.

Nous continuons à penser que, pour la Fed, il y a moins de risque à en faire trop que pas assez. Les anticipations actuelles d’un pivot au Q2 2023, avec un taux terminal proche de 5%, et des anticipations de baisse des taux sur la deuxième partie de 2023, ne nous semblent pas refléter le potentiel de hausse des taux à venir. Nous estimons que les taux devraient se maintenir sur un plateau haut pour une période de temps prolongée.

La dynamique baissière récente sur les Treasuries nous semble donc prématurée et fragile, et le potentiel de correction est encore présent. Le pilotage à vue de la Fed devrait se traduire par une volatilité encore élevée sur les marchés des taux.

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