Le prix à payer pour de meilleures perspectives de croissance en Europe

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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L’indice Euro small caps intègre déjà beaucoup de mauvaises nouvelles, malgré le resserrement de la BCE.

© Keystone

Longtemps contraintes par la peur d’une forte récession européenne cet hiver, la BCE a finalement décidé de s’engager plus nettement dans la lutte contre l’inflation. Pour les investisseurs, la hausse des taux monétaires en zone euro sera le prix à payer pour de meilleures perspectives européennes que celles prévues par le consensus.

Au cours d’une semaine d’abord marquée par de très bons chiffres d’inflation aux Etats-Unis, puis par un discours ferme mais sans grande surprise de Jerome Powell, les marchés financiers ont plié sous le poids d’un net changement de ton de la Banque Centrale Européenne. En faisant tourner ses modèles, la BCE aboutit au même résultat que l’OCDE il y a deux semaines: la croissance européenne en 2023 sera probablement moins faible que ce qui était craint, avant de rebondir modérément en 2024. Le taux de chômage resterait très proche de son plus bas historique actuel en zone euro (à moins de 7%). La hausse surprise de l’indice PMI composite allemand au mois de décembre – de 46,3 à 48,9 – va d’ailleurs dans ce sens.

L’inflation serait dès lors plus persistante, à plus de 6% en 2023, 3,4% en 2024 et 2,3% en 2025. Il est dès lors probable que le consensus s’oriente vers un objectif de taux d’environ 3,5% assez rapidement. Ce taux de 3,5% resterait encore bien en dessous de l’inflation prévue pour l’année prochaine (mais en ligne avec l’inflation prévue pour 2024). Le resserrement de la BCE sera cependant intensifié par une baisse de son bilan (resserrement quantitatif) et par une diminution de la liquidité bancaire.

Quand une grande banque centrale annonce sa volonté de devenir restrictive, ce n’est jamais une bonne nouvelle pour les marchés. La BCE est néanmoins très en retard sur les autres banques centrales qui, elles, sont de plus en plus proches d’un «pivot». C’est le cas en Angleterre, au Canada et en Australie, et peut-être bientôt aux Etats-Unis. De plus, l’attitude logique de la BCE est permise par une bonne nouvelle sur un sujet qui a beaucoup inquiété les marchés en 2022: l’économie européenne ne va pas s’effondrer. Ces meilleures perspectives vont probablement consolider la baisse du dollar, ce qui est souvent plutôt positif pour les marchés. Enfin, la disparition du scenario catastrophe pour l’économie européenne devrait pouvoir réduire, à terme, les primes de risques sur certains actifs comme celle des small caps européennes. Avec un PER prospectif médian de 11,5, les valeurs du MSCI Euro small caps intègrent déjà beaucoup de mauvaises nouvelles.

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