Coup de froid sur les marchés, Trump met la Fed à l’index

AWP

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La Bourse de Paris a fini en repli de 1,92%, celle de Londres a plongé de 1,94% et celle de Francfort de 1,48%. Wall Street oscille entre pertes et gains.

Les places boursières tremblaient un peu partout dans le monde jeudi, ébranlées par la soudaine hausse des taux aux Etats-Unis causée, selon le président américain Donald Trump, par une banque centrale «en roue libre». 

A la clôture des places européennes, la Bourse de Paris a fini en net repli (-1,92%), celle de Londres a plongé de 1,94% et celle de Francfort de 1,48%. Milan a abandonné 1,84%, Bruxelles 2,03%, et Amsterdam 1,92%. L’indice suisse a quant à lui reculé de 2,85%.

Au lendemain de sa pire séance depuis février, Wall Street peinait de son côté à se ressaisir et oscillait entre pertes et gains. 

Vers 16H05 GMT à la mi-séance, son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, reculait de 0,53%, tandis que le Nasdaq, à forte coloration technologique, lâchait 0,09%, et l’indice élargi S&P 500 perdait 0,67%. 

La dégringolade à Wall Street mercredi a par ailleurs lourdement pesé sur les Bourses asiatiques. 

La Bourse de Hong Kong a ainsi clôturé jeudi en baisse de 3,54%, Tokyo de 3,89%, tandis que Shanghai a plongé de plus de 5% et celle de Shenzhen de 6,45%.

Les investisseurs s’inquiètent notamment du durcissement de la politique de la Réserve fédérale (Fed), engagée dans un processus de hausse des taux d’intérêt après avoir abreuvé les marchés d’argent pas cher pendant des années.

Piqué au vif par la chute des marchés boursiers, Donald Trump a mis la pression sur l’institution indépendante jeudi en souhaitant que «la Fed soit moins agressive». L’institution est «en roue libre» et ses choix sont «erronés», a-t-il aussi estimé.

Ces critiques, très rares de la part d’un président, ont été quelque peu déminées par son principal conseiller économique, Larry Kudlow, qui a affirmé sur la chaîne CNBC que M. Trump «ne dicte pas sa politique à la Fed».

Donald Trump a continuellement mis en avant la hausse des marchés boursiers depuis son arrivée au pouvoir comme preuve de son savoir-faire économique. 

L’excellente santé de l’économie américaine est aussi son principal argument pour les législatives de mi-mandat qui se tiennent début novembre et qui s’annoncent difficiles pour son parti.

«Inévitable»

Evoluant de concert avec les taux de la Fed, les rendements obligataires américains sont soudainement remontés la semaine dernière après des propos du président de la Fed, Jerome Powell, laissant entendre que l’institution allait encore durcir sa politique monétaire pour éviter toute surchauffe de l’économie américaine.

Or les investisseurs redoutent que la remontée des taux ne freine l’appétit des consommateurs et des entreprises pour les emprunts destinés à l’investissement, à l’achat de biens immobiliers ou de consommation. 

Pour la directrice du FMI Christine Lagarde, de tels relèvements de taux toutefois «sont un développement nécessaire» et «inévitable» pour les économies comme les États-Unis enregistrant une croissance robuste, une inflation accrue et un chômage «extrêmement bas».

«Je ne suis pas certain que les taux soient le problème principal», a aussi tempéré Sam Stovall de la société de recherches en investissement CFRA.

«Les investisseurs semblent surtout penser que les indices sont allés trop haut, ils remettent donc les pendules à l’heure», a-t-il ajouté.

Combinées aux interrogations persistantes sur les conséquences des guerres commerciales engagées par la Maison Blanche, ces craintes incitent en tout cas les courtiers de Wall Street à la prudence. D’autant qu’ils attendent la saison des résultats d’entreprises, qui entre dans le vif du sujet vendredi avec les comptes trimestriels de grandes banques.

Les analystes mettent également en avant d’autres sources d’inquiétude pour expliquer la chute des bourses mondiales.

Les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis continuent d’alimenter les craintes pour «leur impact sur la croissance chinoise», la deuxième puissance économique mondiale, ont ainsi estimé les analystes du courtier Aurel BGC.

Les investisseurs «jugent que le secteur technologique serait le principal touché par un ralentissement plus marqué de l’activité chinoise», ont-ils ajouté.

Le projet de budget italien, qui prévoit un bond du déficit du pays, pourrait également affecter les places boursières européennes.

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