Pour Massimo Butti de SDX, les services offerts par la plateforme numérique de SIX simplifieront l’accès aux capitaux pour les entreprises et start-up.
Qu’est-ce qui différencie les bourses traditionnelles des nouvelles plateformes d’échange entièrement numériques basées sur la technologie des chaînes de blocs («blockchain»)? Et quels sont les avantages que peuvent en retirer les utilisateurs? Le point sur ces questions avec Massimo Butti, Head of Equity chez SIX Digital Exchange (SDX), qui a participé à la conférence Web3Connect qui s’est tenue mercredi dernier à Genève.
SDX est née d’une initiative mise en place en 2018 au sein de SIX Group qui visait à explorer les possibilités offertes par les nouvelles technologies dans le cadre de son offre de services boursiers. Celles-ci portaient aussi bien sur l’utilisation des technologies basées sur les registres distribués (DLT)
et des chaînes de blocs («blockchain»). Le but était d’évaluer dans quelles mesures ces technologies pouvaient apporter des bénéfices aux clients et aux utilisateurs des services de SIX. Un des objectifs était aussi d’abaisser les barrières à l’entrée pour les nouveaux entrants et de faciliter l’accès aux capitaux.
Le projet a pris la forme d’une société constituée de façon séparée au sein du groupe – mais qui appartient néanmoins à 100% à SIX Group.
Plus généralement, notre ambition était aussi de compter parmi les leaders dans ces technologies plutôt que d’être des suiveurs et de développer un centre d’excellence en Suisse dans ce domaine. Souvent, les Suisses ont de la peine à élaborer des «narratives» positifs autour de l’innovation. C’est dommage car la Suisse a souvent été très innovante dans le domaine financier. Si l’on remonte aux années 1980, la création de la Soffex, sur la base de laquelle Eurex a été créée, a par exemple constitué le premier marché pour les produits dérivés négociés de façon entièrement électronique. Cette force d’innovation n’a toutefois pas toujours été perçue ailleurs en Europe.
En résumant, on pourrait dire que SDX offrira un chemin simplifié qui permettra à des petites et moyennes capitalisations d’avoir accès plus facilement à de nouvelles sources de financement. Maintenant, on peut distinguer entre ce qui concerne les services pour les marchés publics et ceux destinés aux marchés privés. Dans le premier segment, SDX permet à des sociétés d’être cotées d’une façon comparable aux conditions que l’on retrouve sur le marché traditionnel sur SIX, mais avec un système de livraison numérique («atomic settlement») et aussi un segment qui s’adresse spécialement aux petites et moyennes entreprise (PME). Côté marchés privés, nous proposons aussi des dépositaires centraux d’instruments financiers («Central Security Depositary» ou CSD) sous forme entièrement numérique et basée sur la technologie DLT. Par ce biais, il est possible pour des start-up ou des sociétés en croissance, par exemple, d’utiliser ce réseau de placements privés pour échanger des titres d’une façon privée. Outre la négociation de titres, cela permet aussi de développer un marché secondaire.
On ne peut pas le dire ainsi. Les utilisateurs de SDX doivent par respecter les mêmes règles en matière d’identification des clients («know your customer» ou KYC) ainsi que les règles contre le blanchiment d’argent. En revanche, le traitement d’autres aspects tels que la documentation ou le reporting s’effectue de manière plus légère et de façon largement automatisée. Ce haut degré d’automation et le recours dans le futur aux «smart contracts» permettra aussi d’abaisser les coûts. Cela simplifie également largement la réalisation d’autres tours de financement.
Non. Nous ne sommes pas prescriptifs du tout à ce sujet. Dès le moment où un émetteur satisfait aux conditions exigées, cela ne fait pas de différence si le volume atteint 500'000 francs ou 50 millions de francs. Le but de notre plateforme est de rapprocher émetteurs et investisseurs. Nous pensons qu’il existe d’énormes possibilités de mettre en lien, d’un côté, des personnes ou des entités intsitutionelles come les fonds de capital-risque (VC) et de private equity (PE) ainsi que des entités particulières qui disposent de capitaux comme les personnes très fortunées (HNWI), les «family offices» ou des clubs d’investisseurs, et, de l’autre, des start-ups ou des petites et moyennes entreprises qui ont besoin de financement.
Nous voyons l’offre de services traditionnelle de la SIX et la nouvelle offre basée sur la technologie des registres distribués (DLT) comme étant complémentaires. Pour l’essentiel, nous continuerons d’offrir les deux possibilités. La SIX a d’ailleurs elle-même placée une obligation à la fois sur le marché traditionnel et sur la nouvelle plateforme numérique SDX. F10, un accélérateur soutenu par la SIX a pu effectuer une émission et un placement privé d’actions sous forme d’«intermediated securities» numériques. Après 10 minutes, ces titres étaient délivrés auprès de banques dépositaires qui participent à notre réseau – et après 15 minutes, ils pouvaient apparaître dans le portefeuille de titres des investisseurs. Cela ouvre de nombreuses nouvelles possibilités. Au final, un de nos objectifs est aussi de faciliter la convergence entre ces deux mondes – celui de la finance décentralisée (DeFi) et celle de la finance traditionnelle (TradFi), comme les appelle parfois dans le jargon.