Les ambitions de SDX dans le négoce d’actifs numériques

Yves Hulmann

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La filiale de SIX Group poursuit l’élaboration de sa nouvelle plateforme pour le négoce de crypto-actifs. Le point sur l’avancée du projet.

Démarré durant l’été 2018, le projet de plateforme Swiss Digital Exchange (SDX) pour le négoce d’actifs numériques initié par SIX Group n’est pas encore opérationnel mais les préparatifs vont bon train. Avec des ambitions non dissimulées: SIX Group élabore une plateforme appelée à devenir leader sur le plan mondial pour le négoce d’actifs numériques, comme l’a formulé SDX lors d’une présentation sur ce thème effectuée jeudi à Zurich dans le cadre de la conférence Investora.

Couvrir l’entier de la chaîne de valeur

Par rapport à d’autres plateformes servant au négoce d’actifs numériques, qui se spécialisent soit dans une catégorie d’actifs spécifique ou un type de transactions donné, l’ambition de la Swiss Digital Exchange est justement de couvrir l’entier de la chaîne de valeur de transactions qui sont le plus souvent assurées par différentes entités distinctes actuellement. Cela comprend non seulement les activités de cotation en bourse et de négoce, telles qu’elles sont assurées actuellement par la SIX Swiss Exchange, mais aussi celles de compensation («clearing») et de règlement («settlement») ainsi que celles de paiement.

«Avec cette technologie, nous pouvons automatiser
l’ensemble des processus du début à la fin.»

L’approche globale appliquée par la SDX devrait lui permettre de se différencier des offres proposées par d’autres acteurs présents sur le même créneau. A savoir, d’un côté, des nouvelles places de marché servant à l’échange de crypto-monnaies telles que Binance et Coinbase. De l’autre, les solutions proposées dans le domaine des crypto-actifs par des sociétés agissant en tant qu’infrastructures des marchés financiers, comme la NYSE ou le Nasdaq, ou des banques, à l’exemple de Goldman Sachs. SDX réunit tous ces services dans une seule offre permettant de proposer sous forme de jetons numériques («tokenisation») toutes sortes d’actifs et une chaîne de valeur complète reposant sur la technologie des registres distribués, ou DLT en anglais.

Forte réduction des coûts de transaction

Avec quels avantages pour l’utilisateur? Ils sont multiples, assure la SDX. Il en résultera, d’une part, de nombreuses économies de coûts: «Avec cette technologie, nous pouvons automatiser l’ensemble des processus du début à la fin, avec à la clé d’importantes économies de coûts», a souligné Ivo Sauter, responsable de la clientèle («Chief Client Officer») chez SDX, une filiale de SIX Group, aussi propriétaire de SIX Swiss Exchange, l’exploitant de la Bourse suisse. SIX Group voit du reste la future offre proposée par SDX non pas comme une concurrence mais un service complémentaire: «A terme, SDX fera partie intégrante de l’offre proposée par SIX», avait déclaré en mars Jos Dijsselhof, le directeur de SIX, dans une interview publiée sur Allnews.ch.

L’utilisateur bénéficiera d’un élargissement
significatif de l’univers des actifs.

Cette approche offrira aussi de nouvelles opportunités pour l’utilisateur: tout d’abord, elle permettra d’accroître significativement l’univers des actifs – en l’étendant aux actifs non bancaires – qui pourront être négociés sur la plateforme et qui seront plus faciles à transférer. Ensuite, cela permettra l’émergence de nouveaux marchés primaires et secondaires, notamment dans le cadre des «Initial Digital Offerings» (IDO), soit des entrées en bourse numérisées. Enfin, il sera par exemple aussi possible d’utiliser l’écosystème de SDX pour créer des places de marché privées interbancaires ou entre clients. D’un point de vue réglementaire, l’écosystème proposé par SDX permettra de satisfaire aux demandes des autorités de réglementation aussi dans le domaine des crypto-actifs, par exemple lorsque celles-ci demandent de bloquer une transaction, illustre Ivo Sauter.

SDX risque-t-elle pas d’être devancée par des places boursières concurrentes, notamment Deutsche Börse qui travaille sur une plateforme de même type en collaboration avec Swisscom? «Plusieurs autres places boursières ont des projets qui vont dans la même direction mais peu de ces plateformes peuvent rivaliser avec SDX du point de vue de l’étendue de la palette des services proposés, notamment en ce qui concerne l’inclusion des services de paiement», estime-t-il.

Avec quelque 130 personnes qui travaillent sur ce projet, SDX prévoit d’effectuer les premiers tests de sa plateforme au cours de l’automne, tandis qu’un déploiement à plus large échelle est prévu à partir de 2020. Une annonce au sujet de l’avancée du projet est attendue prochainement.

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