«Les capacités intactes de la banque Credit Suisse»

Philippe Rey

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La réputation de Credit Suisse souffre des turbulences du groupe. Saine, rentable et bien positionnée, Steve Fragnière, responsable pour la Suisse romande fait le point sur sa région.

Bien que perturbée par les problèmes de Credit Suisse Group, la rentabilité de Credit Suisse (Suisse) reste enviable. Notamment avec un bénéfice avant impôts adapté de 787 millions de francs et un rendement annualisé des fonds propres de 12,0% au premier semestre 2022. La banque suisse détenait à fin juin des liquidités et autres actifs liquides proches de 60 milliards de francs sur un total de bilan de 255 milliards. Et continue à bénéficier de ratings A des agences de notation. Entretien sur sa situation actuelle avec Steve Fragnière, directeur pour la Suisse romande.

Est-ce que les problèmes du groupe affectent la clientèle en Suisse romande?

Nous traversons bien sûr également une phase difficile en Suisse romande, en raison des problèmes rencontrés par certaines affaires touchant le groupe. Cependant, mon équipe de direction reste soudée avec la volonté de sortir par le haut et l’ensemble de nos collaborateurs qu’ils soient vaudois, fribourgeois, neuchâtelois, jurassiens ou valaisans mettent les bouchées doubles pour être proches de leurs clients dans une période où les défis sont nombreux. Mais ils ont des arguments à faire valoir: la banque en Suisse demeure solidement positionnée, avec des capacités financières et humaines intactes.  Elle est saine et rentable. Nous avons réalisé en Suisse romande de bons résultats au premier semestre.

Pourtant sa réputation souffre…

La réputation a certes souffert, mais nous avons des clients très loyaux et orientés vers le long terme. Nous entretenons un dialogue ouvert avec eux, de même qu’avec les responsables politiques cantonaux, sans nous cacher des problèmes actuels. Et tout en continuant à leur offrir un conseil de qualité, qui couvre l’ensemble des prestations bancaires, y compris un service de recherche qui publie notamment régulièrement des études sur le potentiel du tissu économique régional et ses caractéristiques économiques ou immobilières. Nous disposons du savoir-faire et des ressources pour y parvenir.

Les clients commerciaux et privés attendent de nous une valeur ajoutée qui justifie un prix.
Vous êtes également responsable des grandes entreprises pour la Suisse romande, comment cela se passe-t-il?

Je suis globalement très satisfait, nous avons réalisé dans un marché très compétitif de très bonnes opérations avec les grandes entreprises dans l’ensemble de la Suisse romande.  Un élément différenciateur clé est notre capacité à offrir un service et un conseil importants, que ce soit un crédit syndiqué ou la gestion de la trésorerie par exemple. Les affaires avec les PME sont également très réjouissantes, même si le contexte économique devient plus difficile pour elles en ce moment, notamment en raison des prix de l’énergie, de la force du franc, etc.  Les relations avec les entreprises et les entrepreneurs sont des relations de long terme qui reposent sur la confiance et un dialogue régulier pour ne pas dire permanent. Je note qu’en Suisse romande, comme en Suisse, les provisions pour pertes sur crédit sont restées à un faible niveau grâce à une analyse rigoureuse de la solvabilité des débiteurs.

Avez-vous accusé beaucoup de défections?

Pas vraiment en ce qui concerne la clientèle. Il y a très peu de cas. La grande majorité des clients est attachée à nos conseillers et est satisfaite des solutions offertes. Je reconnais qu’il est cependant devenu parfois plus difficile de réaliser de nouvelles affaires, alors que celles-ci auraient dû se réaliser en temps normal.

S’agissant du personnel, la place financière romande est bien vivante et le marché s’est dynamisé après la phase de confinement que nous avons vécue. Il y a eu certes des départs, mais aussi des recrutements de nouveaux collaborateurs qui bénéficient de possibilités de développement intactes. Autrement dit, le marché bouge à nouveau.

Quels sont les segments qui progressent?

Nous enregistrons une augmentation de la clientèle de détail, grâce à une la poursuite de l’amélioration de notre plateforme numérique CSX et des prestations de conseil. Cette application connait un succès tout à fait réjouissant, nous enregistrons chaque jour de nouveaux clients dans toute la région. Nous enrichissons graduellement cette plateforme avec des produits de placement, de financement et de prévoyance. Nous nous positionnons comme la banque de la génération numérique, entre autres avec les jeunes qui adoptent de nouveaux comportements et qui constitueront la clientèle forte de demain.

Un reproche qui souvent adressé aux grandes banques est d’avoir des frais élevés…

Avec notre application CSX, nous avons démontré que nous pouvons être tout à fait compétitifs vis-à-vis de la clientèle de détail… Plus généralement, je constate tous les jours dans les relations que j’entretiens avec mes clients que la valeur du conseil et l’expertise globale qu’ils attendent de la banque sont fondamentales et que le prix n’est qu’un élément. Les clients commerciaux et privés attendent de nous une valeur ajoutée qui justifie un prix.

Ressentez-vous la concurrence des néo banques?

Elles suscitent bien sûr de l’intérêt et de la concurrence. Je remarque cependant que nos clients apprécient d’avoir un service personnel en cas de difficultés. Il est intéressant de constater que concurrence a émergé lorsque les taux d’intérêt étaient bas, voire négatifs. Avec la remontée des taux, une potentielle rémunération des avoirs va se poser, c’est un point auquel nous savons que les clients seront à nouveau sensibles.

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