USA: nouveau record en mars pour l’inflation, poussée par la guerre en Ukraine

AWP

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Les prix ont augmenté de 8,5% par rapport à mars 2021, contre 7,9% en février sur un an également, selon l’indice CPI.

Les prix n’en finissent plus de grimper aux Etats-Unis, et l’inflation a atteint un nouveau plus haut en mars, premier mois pleinement touché par les répercussions de la guerre en Ukraine sur l’énergie notamment, poussant la Maison Blanche à tenter d’en atténuer le coût.

L’inflation a atteint en mars son plus haut niveau depuis décembre 1981. Les prix ont augmenté de 8,5% par rapport à mars 2021, contre 7,9% en février sur un an également, selon l’indice des prix à la consommation (CPI) publié mardi par le département du Travail.

Le mois de mars est le premier à intégrer entièrement l’effet de la guerre en Ukraine, qui avait débuté dans les tous derniers jours du mois de février.

Le conflit «a encore alimenté le taux d’inflation fulgurant via la hausse des prix de l’énergie, des aliments et des matières premières, qui sont stimulés par une aggravation des problèmes de la chaîne d’approvisionnement», a commenté Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour Oxford Economics.

Elle anticipe un sommet de l’inflation en mai, autour de 9%, puis un lent recul, pour «terminer l’année toujours au-dessus de 5%».

Sur un mois, l’inflation s’accélère également, à 1,2%, contre 0,8% en février. Les seuls prix de l’essence ont flambé de 18,3% par rapport au mois dernier, et représentent plus de la moitié de ce bond, venant s’ajouter aux pénuries de biens et de main d’oeuvre.

Les prix du logement et de l’alimentation participent également à cette hausse, précise le département du Travail.

Cependant, en excluant les prix de l’énergie et de l’alimentation, l’inflation dite sous-jacente ralentit par rapport à février, à 0,3% contre 0,5%.

Ainsi, les prix des voitures d’occasion, qui tirent l’inflation depuis des mois, ont reculé en mars (-3,8%).

Sur un an en revanche, l’inflation sous-jacente s’accélère, et atteint 6,5%, son plus haut niveau depuis août 1982.

«Espérons que ça soit le sommet, car nous ne voulons vraiment pas atteindre une inflation à deux chiffres», a pour sa part souligné l’économiste Joel Naroff.

Faire baisser les prix à la pompe

La Maison Blanche avait pris les devants lundi, avertissant que l’inflation serait «extraordinairement élevée», et a annoncé mardi une série d’initiatives visant à augmenter l’utilisation et la production de biocarburant, dans l’espoir de faire baisser les prix à la pompe.

Car après avoir déjà annoncé des prélèvements historiques dans les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis, le président Joe Biden se retrouve à court de levier pour enrayer ce que la Maison Blanche appelle invariablement «l’effet Poutine» sur l’inflation, dans une tentative jusqu’ici peu fructueuse d’atténuer le coût politique pour le démocrate.

Ainsi le E15, carburant qui incorpore 15% d’éthanol, pourra-t-il être vendu cet été, alors que sa distribution est normalement interdite pendant cette saison. La Maison Blanche va aussi libérer des fonds pour les infrastructures de production de biocarburant et pour encourager le développement de biocarburant pour l’aviation.

Joe Biden espère faire d’une pierre plusieurs coups: faire baisser les prix à la pompe, donner des gages sur l’environnement ainsi que sur l’indépendance énergétique, et marquer quelques points auprès d’une Amérique rurale qui généralement ne le porte pas dans son coeur.

Le démocrate, qui fera face en novembre à des élections législatives difficiles, se rend d’ailleurs mardi sur un site de fabrication de biocarburant dans l’Iowa, d’où il doit s’exprimer à 14H45 (18H45 GMT).

Cet Etat rural du Midwest est considéré comme hautement stratégique sur le plan politique, et avait majoritairement voté pour le républicain Donald Trump en 2020.

Cela fait maintenant un an que l’inflation, qui réduit le pouvoir d’achat des ménages, est supérieure aux 2% cible de la banque centrale américaine (Fed). Le mois de mars est même le sixième d’affilée à enregistrer une hausse des prix supérieure à 6%.

L’indice CPI est celui sur lequel sont indexées, notamment, les retraites. La banque centrale américaine (Fed) privilégie un autre indice, le PCE, qui a progressé de 6,4% sur un an en février.

L’institution a commencé mi-mars à relever ses taux directeurs, pour accroître le coût du crédit et ainsi ralentir la consommation et l’investissement. Elle a aussi averti qu’elle allait continuer à resserrer sa politique monétaire dans les mois à venir.

Les taux, qui se trouvaient dans une fourchette de 0 à 0,25%, sont désormais compris entre 0,25 et 0,50%.

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