Le dollar a joué un vilain tour à Credit Suisse au 3e trimestre

AWP

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La performance est inférieure aux attentes, mais contrebalancée par la reprise du programme de rachat d’actions en 2021.

Credit Suisse a connu un troisième trimestre compliqué, essuyant un recul sur pratiquement tous les fronts. La grande banque a pâti notamment d’un dollar faible, une devise dans laquelle elle réalise une part non négligeable de ses revenus, comptabilisés en francs. La performance est inférieure aux attentes, mais contrebalancée par la reprise du programme de rachat d’actions en 2021.

Les effets de change, notamment la faiblesse du billet vert face à la devise helvétique, ont pesé à hauteur de 103 millions de francs sur le bénéfice avant impôts, amputé de 30% sur un an à 803 millions de francs.

«Malgré la pandémie de COVID-19 et de fortes turbulences sur les marchés des changes en raison de la force du franc suisse, notre performance des neuf premiers mois de cette année a été très bonne», indique jeudi le directeur général Thomas Gottstein, cité dans un communiqué.

Le bénéfice net trimestriel a plongé de 38% à 546 millions de francs, plombé par un effet de base défavorable, Credit Suisse ayant profité au 3e trimestre 2019 d’un gain exceptionnel de 327 millions après la cession de sa plateforme de fonds InvestLab à Allfunds.

L’ombre du coronavirus a continué à planer sur la performance. Après avoir provisionné 296 millions au deuxième trimestre pour couvrir le risque de crédit, la banque aux deux voiles a mis de côté 94 millions au troisième partiel, dont 52 millions pour la banque universelle suisse. En conférence téléphonique, le directeur financier (CFO) David Mathers n’a pas exclu de nouvelles provisions.

Jusqu’à 50 millions d’économies en plus

Par ailleurs, Credit Suisse a réservé une somme de 152 millions pour le règlement éventuel de litiges «majeurs». Il ne s’agit pas de nouvelles affaires, la banque a procédé à une réévaluation des procédures en cours, selon le CFO.

Entre juillet et septembre, les recettes ont atteint 5,20 milliards de francs, en recul de 2% sur un an. Dans la gestion de fortune, priorité stratégique pour la grande banque, les recettes totales ont baissé de 10% à 2,3 milliards de francs, avec un tassement pour les deux divisions concernées.

Vaisseau amiral du groupe, la banque universelle suisse a également accusé une baisse, de 6%, du produit d’exploitation à 1,29 milliard de francs.

La bonne performance est à chercher du côté de la toute nouvelle division de banque d’affaires, issue de la fusion de Global Markets et Investment Banking and Capital Markets, l’une des principales mesures de la restructuration annoncée en juillet. Les recettes s’inscrivent en hausse de 11% à 2,25 milliards de dollars.

A l’échelle du groupe, les dépenses ont pris 5% à 4,30 milliards de francs, alourdies notamment par des coûts de restructuration de 107 millions. Credit Suisse devrait accélérer les mesures annoncées au coeur de l’été, avec des économies attendues entre 400 et 450 millions dès 2022, alors que la cible initiale était 400 millions.

Les chiffres publiés au niveau groupe s’inscrivent dans le bas de la fourchette des prévisions des analystes interrogés par AWP. Dans leur ensemble, ces derniers retiennent néanmoins des circonstances atténuantes à Credit Suisse, pointant du doigt l’effet négatif du franc fort.

Le ratio de fonds propres durs a pris 0,5 point de pourcentage sur trois mois à 13,0%.

Le conseil d’administration va proposer lors de l’assemblée générale extraordinaire du 27 novembre le versement de la deuxième tranche de dividende 2019 de 0,1388 franc par titre. Cette «division» de la rémunération avait été décidée suite à des discussions avec le régulateur Finma, dans un contexte rendu difficile par la crise sanitaire.

Le groupe zurichois entend par ailleurs reprendre son programme de rachat d’actions en janvier, pour un volume maximal de 1,5 milliard de francs, dont 1 milliard au moins l’année prochain.

Pour la suite, la direction s’attend à des niveaux élevés d’activité dans la gestion de fortune et la banque d’affaires.

Ces perspectives laissaient les investisseurs plus que songeurs. A 11h51, le titre Credit Suisse chutait de 5,6% à 8,60 francs, dans un SMI qui grappillait 0,13%.
 

Le président Urs Rohner officialise son départ
Une page va se tourner chez Credit Suisse lors de l’assemblée générale de 2021. Le président Urs Rohner, frappé par la limite de mandats, ne se représentera pas. La grande banque a confirmé ce départ jeudi en marge de la publication des résultats au troisième trimestre.
Urs Rohner siège au conseil d’administration de la grande banque depuis 2009. Il a accédé à la présidence en 2011. Entre 2004 et 2009, il était membre de la direction générale, notamment en qualité de directeur opérationnel.
Lors de la dernière assemblée ordinaire, le président de Credit Suisse s’est retrouvé au centre des critiques de certains actionnaires importants après le scandale des filatures, qui a causé le départ de l’ex-directeur général Tidjane Thiam en févier et la démission du directeur opérationnel Pierre-Olivier Bouée en 2019. Urs Rohner a malgré tout été réélu ce printemps pour un dernier mandat d’un an.
Le processus de succession est «bien engagé», rappelle Credit Suisse dans son communiqué, sans fournir davantage de détails.
Deux autres actionnaires tireront leur révérence lors de l’assemblée générale 2021, à savoir Joaquin Ribeiro et John Tiner. Le conseil d’administration proposera en remplacement les candidatures de deux femmes, Clare Brady, l’ancienne directrice de l’audit interne du Fonds monétaire international, et de Blythe Masters, ex-cadre de la banque américaine JP Morgan Chase.

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