Cryptomonnaies: où en est le bitcoin?

Chris Thomas, Swissquote

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Chronique blockchain. La forte volatilité, même si elle a été favorable à quelques investisseurs, a été préjudiciable à de nombreux autres.

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Les marchés des cryptomonnaies ont souffert tout autant que les autres classes d’actifs ces derniers temps. La forte volatilité, même si elle a été favorable à quelques investisseurs, a été préjudiciable à de nombreux autres. Malheureusement, la contagion des actions et du pétrole à la mi-mars a tiré le bitcoin vers le bas jusqu’à un niveau d’environ 4000 dollars US, où sont venues s’échouer de nombreuses positions longues à effet de levier. Cette situation a créé un point d’entrée favorable pour les investisseurs suffisamment rapides pour investir des liquidités, ce qui a permis de ramener rapidement le marché à hauteur des 6000 dollars US. Pendant le mois, le bitcoin a tutoyé plusieurs fois le seuil des 7200 dollars US à la hausse avant de refluer vers les 6500 dollars US. Il existe à l’heure actuelle une «lutte» très intéressante sur le marché du bitcoin, à l’approche du «halving» du bitcoin début mai. Le halving est un processus à la suite duquel les mineurs recevront une rémunération correspondant à la moitié de ce qu’ils auraient gagné auparavant en minant le dernier bloc de la chaîne de blocs (blockchain), la récompense actuelle étant de 12,5 bitcoins. Les mineurs, qui minent des blocs et reçoivent des bitcoins pour leurs efforts, constituent l’immense majorité de l’offre du marché. En général, ils doivent ensuite vendre ces bitcoins pour payer les frais des opérations de minage (l’électricité représente 95% des frais d’exploitation). Plus le cours du bitcoin baisse, plus les mineurs doivent vendre pour couvrir leurs frais fixes mensuels de minage. Logiquement, cette pression à la vente s’allège si le cours du bitcoin augmente. Côté achat, il existe deux grands types d’acteurs du marché: les investisseurs à long terme et les traders à court terme. La plupart de ces particuliers/sociétés sont des traders «long only» (ils n’achètent généralement des bitcoins que pour les vendre à un cours plus élevé à une date ultérieure), la vente à découvert étant toujours difficilement accessible sur ce marché relativement jeune.

La décentralisation promet de transformer
la finance, l’argent et les gouvernements.

Après le halving (qui devrait se produire aux alentours du 11-12 mai), l’offre devrait baisser (le nombre de bitcoins minés devrait se réduire de moitié à 900 bitcoins par jour) pour une demande du marché équivalente, voire plus importante. Ce déséquilibre potentiel devrait mécaniquement faire monter le cours du bitcoin au cours des 6 à 9 prochains mois. Cela dit, nous devons également tenir compte d’autres facteurs du marché, notamment des manipulateurs, qui peuvent tenter de forcer les mains faibles à liquider leurs positions sous le coup de la panique, en faisant artificiellement baisser les cours par le biais de ventes agressives. Dans la mesure où le marché du bitcoin n’est toujours pas régulé, certaines entités tentent d’orienter le marché d’une manière qui serait considérée illégale sur les marchés régulés. Bien que cela soit frustrant pour la plupart d’entre nous, elle peut créer des opportunités d’achat supplémentaires pour ceux qui souhaitent acheter des bitcoins pour les conserver à long terme.

Décentralisation: créer la rupture et améliorer notre monde centralisé

Décentralisation: processus de distribution et de déconcentration du pouvoir d’une autorité centrale – un thème que nous connaissons bien en Suisse (et dont nous sommes relativement satisfaits) à travers notre gouvernement et nos structures fédérales. Partout dans le monde, nous remarquons de plus en plus des signes infimes, mais révélateurs, qui indiquent que tous les secteurs de la société ne doivent pas nécessairement fonctionner de manière totalement centralisée.

La décentralisation promet de transformer la finance, l’argent et les gouvernements, grâce à un consensus où la confiance est désintermédiée («trustless») et distribuée, qui permet de déterminer la validité des transactions (et des actions) sans passer par des intermédiaires et de manière sûre et transparente. Nous en avons eu l’illustration lorsque le bitcoin est né des cendres de la crise financière de 2008, en tant que nouveau système de paiements de pair à pair totalement décentralisé pour des transactions instantanées dans le monde entier. Ressemblant en apparence à une version «plus équitable et transparente» de Western Union, le bitcoin a cependant aussi introduit le concept de chaîne de blocs (blockchain), un modèle qui nous permet de créer des systèmes «trustless» décentralisés fonctionnant sans point unique de défaillance. Les évolutions au fil des dix dernières années nous ont conduit à d’innombrables nouvelles versions des blockchains (et des technologies de registre partagé), en donnant au terme de «fintech» une dimension entièrement nouvelle et en ouvrant de nouvelles voies dans le monde de la finance traditionnelle. La désintermédiation ne se limite pas au monde de la finance. Un document d’information très instructif du PNUD examine les blockchains et leurs utilisations dans de nombreux secteurs, qu’il s’agisse de l’envoi de fonds, des chaînes logistiques, de l’énergie, de l’identité digitale et des droits de propriété1.

 

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