Make European High Yield great again!

Georg Theo Merholz, Indosuez Wealth Management

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Les taux américains à 10 ans devraient rencontrer une forte résistance autour des 5%, notamment en raison d’une demande institutionnelle soutenue pour la dette américaine.

 

Un contexte favorable

Les taux d’intérêt moyen et long terme, dans certains pays développés, ont connu une hausse soudaine ce printemps – avant de corriger – avec une «pentification» des courbes de taux. Les craintes d’inflation liées à la guerre tarifaire et les mesures budgétaires comme le «One Big Beautiful Bill Act» aux États-Unis ainsi que les investissements massifs prévus en Allemagne expliquent ce mouvement. Cependant, les taux américains 10 ans devraient rencontrer une forte résistance autour des 5%, notamment en raison d’une demande institutionnelle soutenue pour la dette américaine et d’une volonté politique de maintenir des taux de refinancement relativement bas.

L’inflation sous-jacente devrait continuer de ralentir grâce notamment à une moindre augmentation des coûts du logement et du travail, ce qui devrait permettre à la FED de baisser encore ses taux cette année. Nous prévoyons une inflation proche de 2,9% aux États-Unis d’ici 2026, tandis qu’elle devrait déjà atteindre le niveau cible de 2% dans la zone euro. La BCE est donc bien avancée dans son cycle de baisse des taux. En cas de choc, dans le contexte actuel de hautes tensions géopolitiques, les investissements obligataires à plus court terme pourraient même offrir une certaine couverture, car la FED et la BCE pourraient être amenées à réduire leurs taux davantage que prévu.

Les perspectives de croissance en Europe s’améliorent également. Nous avons revu nos prévisions bien à la hausse, au-dessus de 1%, plaçant l’Europe à des niveaux plus proches de  ceux des États-Unis.

Cet environnement «ni trop chaud, ni trop froid» est favorable pour le crédit High Yield. Les rendements ne sont ni menacés par une inflation trop forte, ni par une croissance trop faible. Même si les spreads (330 points de base) sont à la partie basse de leur fourchette habituelle, ce scénario rend le portage dans le High Yield européen de meilleure qualité attractif. Les taux de défaut* prévus (environ 3%) sont également plus faibles en Europe qu’aux États-Unis (environ 4%), notamment grâce à une meilleure qualité de crédit (moins de notations «C»).

Des fondamentaux et des flux encourageants

Les obligations notées «BB» se sont significativement dépréciées lors de la vente massive au printemps, avant un rebond partiel post «liberation day». Malgré ce redressement, les valorisations restent attractives en termes relatifs. Les spreads des «BB» restent au-dessus de leurs niveaux plus bas de 2025, et le ratio OAS (Options Adjusted Spread) par rapport aux BBB reste légèrement plus élargi, bien que la tendance globale soit favorable au désendettement et les bilans des émetteurs BB structurellement se soient améliorés depuis la pandémie. Les ratios dette nette/EBITDA sont revenus à des niveaux plus «normaux» bien en dessous de 4x, comparé à des niveaux estimés à plus de 5x pendant la pandémie. Les obligations BB à court/moyen terme offrent encore environ deux fois le niveau de spread des BBB (selon Bloomberg), soit près de 100 points de base supplémentaires.

Les taux «higher for longer» poseraient des défis pour les émetteurs High Yield. Cependant, cela concerne principalement les segments les plus vulnérables au risque de financement (tels que les «single B» et C). Ceci renforce alors l’intérêt de se concentrer sur des émetteurs de meilleure qualité dans le High Yield.

Les facteurs «techniques» jouent également un rôle crucial. Les flux ont fortement rebondi après le «sell off» en avril. Des flux positifs cumulatifs dans le High Yield européen ont offert un soutien continu depuis plusieurs mois. Une meilleure appétence pour le risque et la présence d’investisseurs structurels en quête de rendement renforcent encore cette dynamique.

En termes de rendements bruts absolus, le crédit américain pourrait sembler plus attractif. Cependant, les rendements nets après couverture de change sont désormais légèrement plus avantageux pour les obligations européennes BB que pour les obligations américaines. Par exemple, pour un investisseur japonais «neutre», les rendements couverts sur le High Yield européen dépassent légèrement ceux du HY US de la dette gouvernementale japonaise (certes moins risquée). Le HY Européen offre aussi une prime par rapport aux High Yield américain (après couverture forward 3 mois).

Avec des rendements totaux qui restent attractifs dans un contexte économique en amélioration, nous restons optimistes sur le segment du High Yield européen. Même si les spreads ne se resserrent pas davantage, ou s’élargissent légèrement le «carry» ou simplement le rendement par rapport au cash demeure intéressant. Étant donné que les courbes de crédit sont relativement plates (offrant peu de compensation pour des maturités plus longues), nous privilégions les positions à moyen terme. Cela permet d’obtenir des rendements en euros solides sans prendre de risques excessifs liés à la duration.

 

 

* Source Moody’s default report, trailing 12m speculative-grade default rate baseline forecast, Dec. 2025

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