Le conflit Israël-Iran ébranle les marchés – Ce que les investisseurs doivent savoir

Jacob Falkencrone, Saxo

2 minutes de lecture

Le conflit Israël-Iran secoue les marchés, fait bondir le pétrole et pèse sur les actions. Les investisseurs doivent rester vigilants face à l’inflation et aux banques centrales.

 

Missiles, marchés et nerfs des investisseurs

Ces derniers jours, une escalade militaire spectaculaire entre Israël et l’Iran a attiré l’attention mondiale. À la suite des frappes israéliennes sur les installations nucléaires iraniennes, Téhéran a lancé des attaques de missiles sur des villes israéliennes. La crise a ravivé les craintes d’un conflit régional plus large, déstabilisant les marchés mondiaux. Pour les investisseurs, les crises géopolitiques déclenchent souvent des réactions émotionnelles et le risque de décisions précipitées. En de telles périodes, il est crucial de rester concentré sur les stratégies à long terme plutôt que de réagir de manière impulsive.

Comment réagissent les marchés? Le classique scénario risk-off se déroule

Les marchés ont réagi rapidement: les actions mondiales ont chuté, les prix du pétrole ont grimpé, et les mesures de volatilité ont bondi lors de l’une des réactions les plus marquées depuis les débuts de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les actions des secteurs de l’énergie, de la défense, de l’or et de la cybersécurité ont progressé, tandis que celles des compagnies aériennes et des voyages ont souffert de la hausse des coûts du carburant et des inquiétudes en matière de sécurité.

Implications probables pour les marchés: inflation, taux d’intérêt et effets d’entraînement sur l’économie mondiale

La menace économique la plus sérieuse de ce conflit réside dans son potentiel à raviver l’inflation via des prix du pétrole durablement élevés. Les récentes attaques contre des installations pétrolières iraniennes à Téhéran et le champ gazier stratégique de South Pars ont fortement accru les inquiétudes des marchés. Les analystes anticipent des hausses de prix encore plus marquées, pouvant pousser le brut au-delà de 100 USD le baril si les tensions s’aggravent.

«Les marchés paniquent plus vite qu’ils ne pensent – mais se rétablissent plus vite qu’ils ne le craignent.»

Le détroit d’Ormuz reste un point de passage critique, par lequel transite environ 20% de l’approvisionnement mondial en pétrole. Si l’Iran bloque cette voie – même temporairement – les prix pourraient s’envoler. Cela pourrait freiner les efforts d’assouplissement des banques centrales, maintenant des taux d’intérêt plus élevés plus longtemps, ce qui pèserait sur les valorisations boursières, en particulier dans le secteur technologique axé sur la croissance.

L’Europe et l’Asie sont particulièrement vulnérables. Les économies asiatiques, fortement dépendantes du pétrole du Moyen-Orient, risquent des perturbations importantes, susceptibles de peser sur la croissance mondiale. L’Europe, encore fragile après la récente crise énergétique, pourrait subir de nouvelles pressions économiques. Même les États-Unis, largement autosuffisants en énergie, ressentiraient les répercussions à travers les marchés mondiaux interconnectés et de possibles effets inflationnistes.

Les investisseurs doivent donc surveiller de près les réponses des banques centrales. Des prix du pétrole durablement élevés pourraient retarder les baisses de taux attendues de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne, prolongeant la volatilité des marchés.

Considérations stratégiques en période d’incertitude

Les investisseurs sont confrontés à trois scénarios crédibles:

Dans un scénario de base, le conflit reste contenu, les marchés se stabilisent après les premiers soubresauts, les prix de l’énergie se modèrent, les actifs défensifs restent résilients et le sentiment des investisseurs s’améliore progressivement.

Dans un scénario défavorable, la crise s’intensifie, les prix du pétrole augmentent encore, les craintes d’inflation réapparaissent, les banques centrales reconsidèrent les baisses de taux et les risques de stagflation mondiale augmentent, entraînant une incertitude prolongée et une pression sur les marchés.

Dans un scénario favorable, une percée diplomatique rapide déclenche un rebond des secteurs délaissés, désamorce les pressions inflationnistes et restaure l’optimisme des investisseurs, soutenant la reprise des actions et des actifs risqués.

Pour équilibrer ces scénarios, les investisseurs pourraient envisager de maintenir une légère orientation défensive – en se concentrant sur des actions de qualité et résilientes ainsi que sur des matières premières capables de résister à la volatilité – tout en restant prêts à bénéficier d’une reprise des marchés si la paix revenait rapidement.

Tirer les leçons des chocs passés sur les marchés

Les investisseurs ont déjà traversé des crises géopolitiques, comme les embargos pétroliers des années 1970, la guerre du Golfe en 1991, et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Chaque épisode a d’abord provoqué des réactions sévères des marchés – envolée des prix du pétrole, ventes massives sur les marchés actions et hausse de la volatilité – mais les marchés se sont finalement stabilisés et ont rebondi. Les précédents historiques montrent que les investisseurs disciplinés, ayant maintenu leurs positions et acheté stratégiquement lors des creux, ont généralement vu leurs portefeuilles se renforcer avec le temps.

La patience stratégique est essentielle en période d’incertitude accrue. Rester calme, rééquilibrer défensivement, investir de manière systématique et surveiller les risques clés aidera les investisseurs à traverser la tempête.

Rappel: «Les marchés paniquent plus vite qu’ils ne pensent – mais se rétablissent plus vite qu’ils ne le craignent.»

A lire aussi...