Catastrophes naturelles en hausse - rendements à la clé?

Benjamin Hohermuth, Schroders

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Le marché des risques d'assurance liés au climat est en pleine expansion – ce que cela signifie pour les investisseurs.

 

Nous observons depuis des années des «inondations du siècle», des chaleurs extrêmes en Europe et des incendies de forêt dévastateurs en Californie. A cela s'ajoutent des températures records à la surface de la mer dans l'Atlantique Nord. Le changement climatique ne modifie pas seulement l'environnement, mais aussi le monde financier, en particulier le marché des Insurance-Linked Securities (ILS).

Les risques secondaires tels que les inondations, les incendies de forêt ou les tempêtes convectives prennent de plus en plus d'importance. Ils se produisent fréquemment, sont d’une sévérité modérée et sont aggravés par une humidité et des températures plus élevées.

  • Inondations: Une atmosphère plus chaude et plus humide entraîne une augmentation des inondations pluviales dues à de fortes pluies. En revanche, les risques liés aux rivières varient selon les régions en raison de changements hydrologiques complexes.
  • Les incendies de forêt: Des températures plus élevées assèchent la végétation et augmentent la disponibilité du combustible. Alors que les sécheresses prolongées ont un impact négatif sur la croissance des plantes, il existe un consensus sur l'augmentation et l'intensification des incendies dans des régions comme le sud de l'Europe et l'ouest des États-Unis.
  • La grêle et les tornades: Avec un air plus chaud et une humidité plus élevée, le potentiel énergétique pour des vents ascendants forts et des grêlons plus gros augmente également. En Europe, on s'attend à davantage de grêle, tandis qu'aux États-Unis, les tendances varient localement en ce qui concerne les tornades.

La modélisation de ces risques n'est pas encore aussi développée que pour les risques de pointe tels que les ouragans. C'est pourquoi Schroders emploie souvent ses propres modèles pour ce type de risques.

L’ILS et le climat – entre risque et opportunité 

Les ouragans de l'Atlantique Nord restent le risque dominant pour les ILS, malgré l'augmentation des dangers secondaires. Leur intensité et les précipitations associées augmentent selon le consensus scientifique. Les modèles modernes les plus sophistiqués tendent également à montrer une fréquence plus élevée de ces événements.

Des températures de surface de la mer plus chaudes et un cisaillement des vents plus faible favorisent une intensification rapide ainsi qu'un déplacement des trajectoires des ouragans vers le nord. Cela peut entraîner une augmentation des chutes à terre de grandes tempêtes - même si le nombre total d'ouragans dans le bassin reste constant.

La plupart des instruments ILS, comme les obligations catastrophes, ont des échéances de un à trois ans. Cependant, le changement climatique produit ses effets sur des décennies. Par conséquent, il ne constitue pas un facteur déterminant à court terme pour la performance de ces investissements. Néanmoins, les évolutions qui se sont déjà produites, comme le réchauffement des océans, modifient le paysage du risque.

Les modèles de catastrophe sont souvent basés sur des données historiques remontant à 1900. Cette longue rétrospective ne couvre pas toujours la situation de risque actuelle. Pour évaluer correctement les risques actuels, il faut également prendre en compte les phénomènes climatiques à court terme comme ENSO ou les modèles à long terme comme l'Oscillation Multidécennale Atlantique.

Un regard sur les États-Unis montre que les modèles calibrés à long terme sous-estiment souvent le risque actuel. De nouveaux fournisseurs comme Reask utilisent des vues de modèles basées sur le climat qui reflètent mieux les évolutions récentes. Ils permettent une évaluation plus précise du risque dans les trois à cinq années à venir.

La base des portefeuilles robustes réside dans la modélisation précise et la compensation adéquate des risques individuels. Schroders s'appuie pour cela sur des modèles internes, de nouveaux ensembles de données et des collaborations avec des institutions de premier plan comme l'EPF de Zurich. Malgré les incertitudes liées à la fréquence des événements, des expositions limitées permettent de créer une exposition au risque contrôlable.

Conclusion

Le changement climatique modifie fondamentalement le paysage des risques. Les ILS continuent d'offrir aux investisseurs des rendements diversifiés et attractifs, à condition que les risques soient correctement évalués à l'aide de modèles modernes et d'une science solide. Parallèlement, la demande croissante de couverture contre les dommages liés au climat crée de nouvelles opportunités pour cette classe d'actifs.

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