Le Groupement Suisse des Conseils en Gestions Indépendants modifie son nom, son logo et son positionnement. Le GSCGI se modernise et devient Hub+. Lillian Nordet, directrice de cette association, répond aux questions d’Allnews sur ce repositionnement et son avenir:
Pourquoi avez-vous décidé de prendre un nouveau logo, un nouveau nom et un nouveau site pour votre association?
Depuis sa création en 1993, notre association s’est distinguée par la qualité de sa défense des professions de la finance suisse, notamment en faveur de son indépendance, la qualité de ses parutions et de ses services. L’évolution du métier et de l’environnement réglementaire ont apporté un nouvel élan à nos activités. Cette nouvelle dynamique se reflète désormais dans une identité visuelle et digitale plus moderne afin d’adapter l’offre de notre association à la réalité professionnelle des membres actuels et futurs.
Pourquoi procéder à un repositionnement?
Nous désirons renforcer notre mission et répondre notamment aux défis croissants et de grande envergure d’un écosystème suisse, celui des gérants indépendants, dont la mutation est très rapide.
Pouvez-vous prendre quelques exemples concrets?
Nous entendons nous ouvrir vers la formation continue et élargir notre vision tant au niveau suisse qu’étranger. En parallèle, nous souhaitons devenir une association plus interactive et moderne à travers les différents services offerts à nos membres.
Est-ce que cette mutation résulte de réclamations ou d’un déclin?
Non, pas du tout. Cette mutation s’inscrit dans une démarche proactive d’adaptation, en réponse à l’évolution du cadre réglementaire et aux nouveaux besoins exprimés par nos membres. L’entrée en vigueur des normes réglementaires a profondément modifié les pratiques professionnelles. En conséquence, les attentes de nos membres ont évolué. Notre association a pris acte de ces besoins de manière constructive. Cette mutation traduit donc notre volonté d’accompagner nos membres dans leurs défis actuels et futurs, tout en renforçant notre rôle fédérateur au sein de la communauté des professionnels de la finance indépendante.
«Nous désirons renforcer notre mission et répondre notamment aux défis croissants et de grande envergure d’un écosystème suisse, celui des gérants indépendants, dont la mutation est très rapide».
Comment se développe le nombre de vos membres?
Le nombre de nos membres est en augmentation par rapport à l’année dernière. Nous avons plus de 90 membres.
Nous travaillons en étroite collaboration avec nos membres. Depuis notre création, nous défendons avec conviction et rigueur les intérêts des gérants de fortune indépendants et des professionnels de la finance. Dans un environnement en constante évolution et marqué par une réglementation croissante, notre association étant complètement indépendante agit comme un rempart. Elle protège les droits des membres, défend les libertés d’exercer et veille à ce que la qualité, l’expertise et l’intégrité restent les piliers de ce métier. Nous nous sommes adaptés aux souhaits et aux besoins de nos membres.
Quelles sont les principales demandes?
Nos membres expriment le désir d’un lieu d’échange, d’entraide et de rayonnement, un endroit où ils peuvent se retrouver dans un espace convivial et bienveillant. Ce soutien et cette aide peuvent faciliter le fonctionnement de leurs affaires et garantir le développement futur de leur société.
Pourquoi avoir choisi le nom de Hub+?
Le concept de Hub se veut fédérateur. Il est facile à retenir et à prononcer dans les différentes langues. Le «+» associe le fait que nous voulions rester une association à but non lucratif qui regroupe les intérêts de ses membres à la volonté d’offrir un aspect plus chaleureux. Il ajoute une notion de réseau et d’échange, basée exactement sur ce que nous voulons davantage offrir à nos membres. Le + est affiché en exponentiel car il permet de décliner tous les services actuels et futurs que nous proposons. L’accroche, qui est «Independent finance network» s’adresse exactement à nos membres. Nous retrouvons donc les mots de finance, d’indépendance et de réseau. C’est un nouveau nom qui regroupe tout ce que contient notre offre.
Pourquoi avez-vous supprimé le lien avec la Suisse dans votre nom?
Le terme Suisse est décliné dans le «+», lequel est dessiné sous la forme d’une croix, ce qui nous permet de ne pas intégrer le mot Suisse dans le nom. Nous souhaitions un nouveau nom qui soit court et aisé à retenir. Si l’on utilisait le mot Suisse, nous retrouvions un élément de l’ancien acronyme. Nous voulions au contraire mettre en exergue un besoin de renouveau et souligner un nouvel élan.
Est-ce qu’il traduit un désir d’expansion internationale?
Tout à fait. Ce repositionnement s’inscrit dans une vision élargie, au-delà des frontières suisses, afin de répondre aux besoins croissants d’acteurs internationaux intéressés par une implantation ou une activité réglementée en Suisse. Le nouveau nom marque cette ambition: il vise à attirer des sociétés de gestion, family offices et prestataires internationaux qui souhaitent bénéficier d’un point d’appui local fort, ancré dans l’excellence et les standards suisses. Cette ouverture n’est pas théorique: plusieurs établissements européens sont déjà membres et notre structure est prête à les accompagner dans leur développement sur le territoire helvétique, dans le respect du cadre réglementaire et des meilleures pratiques.
Quels seront vos principaux combats politiques à l’avenir?
Notre priorité demeure la défense active des intérêts professionnels de nos membres. Nous serons toujours très attentifs aux développements législatifs qui les touchent. Nous nous appuyons sur des sources officielles et des partenaires de confiance afin de former nos membres de façon claire et accessible à tout changement à venir. Nous ne changeons pas de cap: notre objectif reste de faire entendre la voix de la finance indépendante, avec rigueur, crédibilité et loyauté institutionnelle, afin qu’elle conserve toute sa place dans le paysage financier suisse.
«Nous entendons nous ouvrir vers la formation continue et élargir notre vision tant au niveau suisse qu’étranger».
Quelle sera la place de Genève dans Hub+?
Genève et l’ensemble du pays resteront au cœur de notre mission. Avec Hub+, nous entendons également nous étendre vers des horizons tels que la Suisse alémanique et le Tessin. Avec un nom plus ouvert et plus aisé à prononcer dans toutes les langues, nous restons fidèles à nos membres tout en cherchant à en gagner de nouveaux. Un petit pourcentage de nos membres est alémanique. C’est pourquoi nous aimerions en augmenter le nombre.
Modifiez-vous votre organigramme ou votre gouvernance?
Non, notre gouvernance reste inchangée. Le repositionnement stratégique que nous engageons s’inscrit dans la continuité : nos valeurs fondamentales, notre fonctionnement interne et notre mode de décision demeurent intacts. L’élargissement de notre vision et l’ouverture vers de nouveaux axes d’action ne nécessitent pas, à ce stade, de modification de notre organigramme. Nous capitalisons sur la stabilité et l’expérience de notre équipe pour conduire cette évolution avec efficacité et fidélité à notre mission d’origine.
Qu’en est-il de votre stratégie concurrentielle?
Le format de nos conférences a changé. Notre stratégie événementielle a évolué dans le sens d’un format plus convivial et interactif. Les sujets abordés sont aussi plus divers. Depuis l’entrée en vigueur des nouvelles lois (LSFin, LEFin), la mission de contrôle de l’éthique professionnelle n’est plus assurée par notre structure, ce qui nous permet de concentrer pleinement nos efforts sur la formation, l’information stratégique et le développement du réseau.
La dernière conférence, le 11 juin, adoptait le format «panel» et portait sur les actifs digitaux. Ensuite, une conférence se tiendra sur les différentes options présentées aux gérants indépendants en matière de fusions et acquisitions. En général, nos événements attirent entre 45 et 55 personnes.
Est-ce que votre rôle de soutien juridique et réglementaire sera adapté?
Dans un esprit de solidité et de partage, nous continuerons de faciliter les échanges d’informations et de bonnes pratiques entre nos membres. Pour les informations juridiques plus complexes, nous orientons volontiers nos membres vers des professionnels qualifiés tels que des avocats spécialisés. Par ailleurs, nous sommes régulièrement consultés lors de nouvelle proposition de loi et/ou de modification par le département des finance (DFF).
Quelles sont vos ambitions pour ces 5 prochaines années?
Nous souhaitons devenir un réseau fort, actif et optimiste permettant la réussite et le développement des affaires des différents membres et acteurs de nos métiers. Nous souhaitons les aider avec des services de qualité à faciliter la bonne marche et le bon fonctionnement de leur société. Nous envisageons de devenir un réseau d’échanges et de partage en gardant la qualité et l'indépendance de notre association comme maître-mots.
Est-ce que le nombre de gérants indépendants augmentera à l’avenir?
Nous pensons que le nombre de gérants indépendants devrait se réduire ces prochaines années à la suite de consolidations nécessaires qui sont imposées par la nouvelle législation (LSfin et LEfin) et la forte augmentation des coûts de surveillance. Ces obstacles à leur développement sont, de notre point de vue, inadaptés et disproportionnés par rapport à la réalité des gérants indépendants.
Avant la mise en place de ces nouvelles obligations réglementaires, on estimait 2'500 gérants indépendants. Désormais, seule une partie d’entre eux a obtenu – ou est en voie d’obtenir – l’agrément de la FINMA requis pour poursuivre leurs activités, si bien que le nombre a nettement diminué. Notre rôle, en tant qu’association, est d’accompagner les professionnels dans cette nouvelle réalité, de faciliter leur adaptation au cadre réglementaire, et de veiller à ce que la gestion indépendante conserve toute sa place et sa diversité dans l’écosystème financier suisse.
Est-ce que vous avez l’intention d’être davantage un lobby politique et de prendre position sur les sujets de votations du pays tels que les bilatérales III?
Nous avons toujours œuvré pour que les professions que nous représentons — gestionnaires de fortune indépendants, family offices, trustees — soient reconnues, comprises et intégrées dans la législation. C’est dans cet esprit que nous avons contribué activement aux travaux préparatoires autour de la LSFin et de la LEFin. Nous ne sommes pas un acteur politique au sens partisan ou idéologique. Cela étant dit, nous suivons de très près les votations et débats nationaux susceptibles d’avoir un impact concret sur nos métiers ou sur l’environnement économique et réglementaire dans lequel évoluent nos membres.