La sortie du Covid puis le déclenchement du conflit en Ukraine avaient poussé le prix du brut de pétrole sur des niveaux records au-dessus de 133 dollars le baril et tout près du plus haut historique de l’été 2008. Depuis plus de deux ans le prix du brut évolue dans un intervalle assez large entre 70 et 100 dollars (en prenant le Brent pour référence). Nous pensons que la tendance à la baisse devrait se poursuivre.
Le pétrole brut est une ressource encore vitale pour le fonctionnement de nos économies. Les deux facteurs qui régissent son prix sont l’équilibre offre demande ainsi que qu’une prime spéculative liée au contexte géopolitique, puisque les zones de production sont généralement éloignées des zones de consommation.
Du côté de la production, le principal bouleversement des quinze dernières années a été le retour des Etats-Unis comme premier producteur mondial avec désormais 13% de part de marché. Le développement du pétrole de schiste a été une révolution et l’efficacité technologique n’a fait que progresser, en témoigne l’envolée de la production alors que le nombre de puits forés n’a fait que diminuer. L’élection du nouveau président américain pourrait renforcer la tendance car il promet d’accélérer le développement de nouveaux champs sur les terres fédérales. En matière de production, il faut aussi s’intéresser à l’Opep. L’objectif du cartel est de maintenir un niveau de prix aussi élevé que possible par une politique de quotas qui limitent toujours plus la production. Ainsi les capacités de productions excédentaires ne font que progresse Sans surprise, plusieurs pays dont l’Irak, les Emirats Arabes Unis et le Kazakhstan ne respectent pas leurs engagements. Dans le même temps la production a fortement augmenté en Iran, tout comme en Amérique Latine. Tout cela fait plus que compenser le très relatif déclin de la production russe, suite aux sanctions occidentales décidées après l’invasion en Ukraine en 2022. Avec désormais 103 millions de barils par jour l’offre mondiale de pétrole est vigoureuse et dépasse à nouveau le niveau qui prévalait avant la crise du Covid.
La croissance économique mondiale devrait rester stable en 2025 (3.2% selon le FMI) ce qui va limiter la hausse de la demande, le pétrole étant très sensible au cycle économique. Il existe néanmoins deux tendances distinctes entre les pays développés et les pays émergents pour la demande de pétrole. L’efficacité énergétique, et plus récemment la transition énergétique, font que la consommation est sur une tendance déclinante depuis plus de 20 ans dans les pays développés. Au niveau des pays émergents, la croissance de la consommation existe mais a tendance à ralentir. La Chine, en particulier, doit faire face à la morosité de son marché intérieur et patiente pour annoncer un plan de relance budgétaire.
La conjugaison d’une offre abondante et d’une demande décevante crée un déséquilibre sur le marché du pétrole, ce qui doit peser sur les prix. Néanmoins le facteur géopolitique a tendance à limiter le potentiel de baisse car les chaînes d’approvisionnement peuvent être menacées (Ukraine, Moyen-Orient). Autre élément qui pourrait limiter la baisse des cours, la nouvelle administration Trump pourrait décider de remplir les réserves stratégiques de pétrole, largement vidées pendant le mandat Biden.
Si nous n’envisageons pas un effondrement des cours, nous estimons que l’or noir a toutes les chances de poursuivre sa tendance baissière dans les prochains mois.