Simple correction ou changement de régime?

Jacques Henry, SILEX

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Malgré un fort revirement des marchés, cette baisse de début août pourrait offrir des opportunités, notamment dans la tech américaine, plutôt que le début d’une faiblesse structurelle.

De la mi-juillet au début août les marchés actions ont sèchement corrigé. La correction a été particulièrement intense dans les premiers jours d’août, puisque près des 3/4 du mouvement de correction sur le S&P 500 s’est fait sur trois séances de baisses consécutives le 1, 2 et 5 août. L’indice VIX de volatilité implicite de actions américaines, aussi appelé l’indice de la peur, illustre également la brutalité de ce mouvement puisqu’il est passé d’un niveau moyen de 12 début juillet à 39 à la clôture du 5 août, et même un niveau encore plus extrême en cours de séance comme lors de la crise financière de 2008 et la crise covid de 2020.

L’environnement de juillet a été propice à amplifier ce mouvement. Les volumes traités en pleine période estivale sont plus légers avec l’absence de nombreux opérateurs, en particulier en Europe. Le sentiment général en juillet était globalement haussier tant auprès des investisseurs institutionnels que particuliers. Le flux de nouvelles économiques montrait des surprises négatives en termes de croissance et d’inflation, pour la première fois depuis le début 2023, tant aux Etats-Unis qu’en Europe et au Japon. Les niveaux de valorisation actions étaient élevés, le marché payant près de 22x les profits attendus pour les 12 prochains mois sur l’indice S&P 500, pour une moyenne historique un peu au-dessus de 15x. Les surprises positives au niveau des profits des sociétés américaines montraient également des signes d’essoufflement lors des publications du second trimestre et tout cela dans un contexte politique et géopolitique plein d’incertitudes.

La croissance économique ralentit mais reste solide en particulier aux Etats-Unis au second trimestre 2024.

L’accélération de la correction au mois d’août est survenue après l’annonce de la banque du Japon de normaliser sa politique monétaire avec une hausse de ses taux directeurs et le ralentissement de ses achats d’obligations du gouvernement japonais sur les deux prochaines années. La conséquence a été un débouclage massif des positions sur les actifs risqués financées en yen. Cela a abouti à un vif renforcement du yen, qui avait poursuivi sa baisse au premier semestre 2024, et une correction historique sur l’indice TOPIX qui a perdu 12% lors de la séance du 5 août, du jamais vu.

Prenons un peu de recul alors que les marchés se sont stabilisés depuis une semaine. La croissance économique ralentit mais reste solide en particulier aux Etats-Unis au second trimestre 2024, selon les premières estimations, et même en zone euro malgré la relative faiblesse de l’Allemagne. La croissance annuelle des profits du second trimestre pour le S&P 500 est attendue désormais à plus de 12% grâce à une croissance soutenue des entreprises technologiques américaines. Le Nasdaq Composite se paie désormais 26x les profits attendus pour les 12 prochains mois, ce qui est 10% plus bas qu’au début juillet, et les préannonces sur les valeurs américaines technologiques pour le troisième trimestre sont bien meilleures que pour le reste du marché, laissant la place à de futures bonnes surprises.

Alors simple correction ou changement de régime? Nous pensons que le dernier mouvement est plus source d’opportunités sur les marchés que le début d’une faiblesse structurelle. En particulier, la technologie américaine, mesurée par l’indice Nasdaq composite, peut désormais s’acheter sur la valorisation de décembre 2023 alors que la tendance de fond sur l’intelligence artificielle est toujours bien présente.

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