Suivi d’Hermès par Bordier

Christophe Laborde, Bordier & Cie

2 minutes de lecture

Le groupe de luxe français est l’acteur du secteur dont la capacité de résilience face au coronavirus est la plus forte.

Hermès publie des résultats 2019 d’excellente facture, légèrement supérieurs aux attentes et globalement sans surprise. Comme d’habitude, le groupe ne donne pas de guidance chiffrée mais confirme un objectif de progression du CA à taux constants ambitieux pour 2020.

Le CA 2019 progresse de +15% à 6.883mia€, soit de +12%à changes constants, surperformant le secteur du Luxe (+8%). Alors qu’Hermès avait enregistré une croissance organique de ses ventes de +12% au S1, qui avait accéléré à +15% au T3, le groupe décélère quelque peu au T4 (+10.4%) pour terminer l’exercice à un superbe niveau de +12%! Le management avait prévenu en octobre d’un ralentissement du taux de croissance de la division Maroquinerie au T4 (gestion des stocks pour mieux préparer 2020, effet latent à Hong-Kong, contrecoup des achats anticipés au Japon lors du T3).  

Cette dynamique s’appuie sur une progression dans tous les métiers (Maroquinerie 50% du CA +11%, Vêtements/Accessoires +17%, Soieries +7.5%, Horlogerie +12%, Autres métiers +20%, Parfums +4%). Elle s’appuie aussi sur une croissance forte dans toutes les régions En Asie, on ne voit pas de de rupture de tendance (+18%) malgré les mouvements protestataires à Hong-Kong alors que le Japon (+8%) a vu une fin d’année impactée par les anticipations d’achats liées à la hausse de TVA en octobre. En Europe, elles progressent de +8% et ont profité aux Amériques (+12%) de l’ouverture de nouveaux magasins (New York, Palo Alto, Hawaii…).  

Le résultat opérationnel progresse de +13% à 2.339mia€, avec une marge de 34% juste en deçà du niveau record de 2018 (34.8%) en raison de la non-récurrence de gains sur couvertures de change. Le bénéfice net progresse de +9%à 1.528mia€ (vs consensus à 1.520mia€) mais retraité de la plus-value exceptionnelle relative à la cession de l’ancien magasin à Hong Kong en 2018, il progresse de +13%.

Soulignons également que malgré une hausse significative de ses investissements (+53% à 478mio€), Hermès est capable de générer un free cash flow de 1.406mia€, quasi stable sur 2018. Autre point important, après versement du dividende, la trésorerie nette progresse de 946mio€ et s’élève à 4.562mia€ fin 2019 !

Nous voyons bien que l’augmentation des capacités de production, la belle progression des volumes et la hausse des prix (+3%) ont joué à plein sur 2019. Hermès confirme son objectif de progression du CA à changes constants ambitieux pour l’année 2020. Les tendances en Janvier étaient bonnes (nouvel an chinois avancé). Le management indique qu’il est un peu tôt pour mesurer l'impact du coronavirus sur ses ventes locales sachant que son réseau de magasins en propre le protège mieux que d'autres à la chute de la fréquentation. Il compte encore 4 magasins fermés en Chine contre 11 au plus fort de l'épidémie. En Europe Hermès précise que la production en Italie n'est pas affectée et que son magasin de Milan reste ouvert. En parallèle, notons qu’Hermès débute 2020 avec une hausse des prix de +1% et que le mois de mars verra l’entrée du groupe sur le marché cosmétique avec le lancement de sa première ligne de rouge à lèvres de luxe…un relais de croissance!

L’impact du coronavirus sur les ventes de produits de luxe et sa durée restent inconnus. Néanmoins, Hermès, qui monitore parfaitement sa croissance (production / ventes /prix / innovations) est l’acteur du secteur dont la capacité de résilience est la plus forte et qui bénéficiera comme les autres du redémarrage de la demande sous-jacente à la fin du T2 ou au T3. D’ici là, le news flow et les mauvaises publications du T1 risquent encore de peser sur l’ensemble du secteur. Nous réitérons l’opinion positive sur le titre dont la Fair value s’élève à 750€.

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