Genève capitale suisse des obligations vertes

AWP

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Deux émissions en quelques mois. Des réussites commentées par Credit Suisse et Pictet.

La place genevoise s’est démarquée récemment dans le domaine de la finance durable en Suisse, par l’émission de deux obligations vertes en l’espace de quelques mois. «Ce sont deux belles réussites dont Genève peut être fière», a lancé Pascal Besnard, responsable régional chez Credit Suisse, à l’occasion d’une événement organisé dans la Cité de Calvin.

Ces deux emprunts «écologiques» sont les premiers réalisés en francs par une entreprise et une collectivité publique suisses. La Banque européenne d’investissement (BEI) a agi en véritable précurseur en émettant en 2014 la toute première obligation verte sur territoire helvétique.

Helvetia Environnement a levé 75 millions
et l’Etat de Genève 420 millions.

Dans le premier cas, la société genevoise Helvetia Environnement, spécialisée dans le traitement de déchets et le recyclage, a levé en juin dernier 75 millions de francs, avec échéance à 2022. L’Etat de Genève a émis en novembre une obligation verte en deux tranches pour un total 420 millions, sur une durée de 10 et 14 ans.

Les investisseurs se sont rués sur ces offres, ce qui a permis aux émetteurs de négocier un meilleur coupon. «La sursouscription a atteint presque deux fois le montant que nous voulions émettre», a souligné le conseiller d’Etat genevois Serge Dal Busco, en charge du Département des finances. Le canton a adossé son emprunt à des projets dans les domaines de la recherche médicale et la santé.

Le green bond s’est imposé de lui même

Société déjà active dans le développement durable, Helvetia Environnement a utilisé les fonds pour développer ses affaires, principalement racheter l’entreprise SRS. Le reste servira à la construction d’un centre de tri automatisé.

Pour Olivier Kobel, responsable du financement et du développement d’Helvetia Environnement, le «green bond» s’est imposé de lui même. «Auparavant, nous avions recours à des augmentations de capital et à des crédits bancaires structurés. Ce n’était pas idéal pour le groupe.» Ces solutions présentent des coûts élevés et un manque de flexibilité, selon le dirigeant.

VOLUME MONDIAL DE 155 milliards de dollars

Les obligations vertes ont connu une croissance galopante ces cinq dernières années et représentent globalement un volume de 155 milliards de dollars pour un nombre supérieur à 4’000 emprunts. Les émissions annuelles sont passées de 10,3 milliards en 2013 à 96,3 milliards l’année dernière.

Malgré ce potentiel, la Suisse accuse un retard dans ce domaine. Les obligations émises à Genève pourraient changer la donne. «Les deux opérations ont amené passablement d’échanges avec nos clients, publics et privés», a expliqué Frédéric Colpo, de l’unité Debt capital markets de Credit Suisse.

M. Colpo a assuré que les collectivités publiques, les grandes multinationales et les PME seraient susceptibles d’émettre des obligations vertes à l’avenir. Grâce à la généralisation du standard de construction Minergie, les sociétés immobilières pourraient facilement «verdir» leurs emprunts et attirer de nouveaux investisseurs, a assuré le spécialiste.

Succès à relavitiser

Le succès des deux émissions genevoises est toutefois à relativiser, selon Ermira Marika, responsable des obligations suisses chez Pictet. «Est-ce que l’investisseur moyen connaît les green bonds? J’ai des doutes», a-t-elle affirmé.

Une tendance positive se dessine néanmoins. Cette classe d’actifs propose des avantages non seulement pour les personnes ayant une sensibilité écologique, mais également pour les personnes qui s’intéressent principalement au rendement, selon Didier Denat, qui chapeaute notamment la banque d’affaires de Credit Suisse (Suisse). «La croissance se fera principalement par les gens fortunés, qui dirigent leurs fonds vers des initiatives écologiques, plus que par les institutionnels.»

 

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