La Bourse suisse est le premier marché réglementé au monde à accueillir, depuis le 22 novembre, un produit financier négociable adossé à un panier de cryptomonnaies.
La chute des monnaies virtuelles ne décourage pas les pionniers du secteur. La Bourse suisse (SIX) est le premier marché réglementé au monde à accueillir, depuis le 22 novembre, un produit financier négociable adossé à un panier de cryptomonnaies, en l’occurrence l’Amun Crypto ETP, que ses concepteurs ont présenté vendredi à Genève.
Amun est une société créée en juillet dernier à Zoug par des entrepreneurs anglo-saxons de la fintech, qui ont choisi de lancer leur produit en Suisse - parmi une trentaine d’options envisagées - en raison des conditions attrayantes proposées, dans un environnement favorable aux cryptomonnaies, a expliqué la responsable du produit Ophelia Snyder. «La sécurité juridique et la tradition du pays dans les fonds basés sur l’or a aussi joué un rôle.»
Les initiateurs font des analogies entre l’or et les cryptomonnaies et estiment que celles-ci, à terme, ont le potentiel pour offrir une alternative au métal précieux voire se substituer à lui. L’or fonctionne comme valeur refuge aux yeux des anciennes générations, mais beaucoup moins aux yeux de la nouvelle, celle des «millenials», plus tentés par «l’or numérique» que peuvent représenter les cryptomonnaies.
Ces dernières, basées sur la blockchain, échappent au contrôle des gouvernements et des banques centrales et présentent ainsi un intérêt certain, aux yeux d’Amun, pour les populations vivant dans des pays où les monnaies traditionnelles sont sujettes à de fortes turbulences et à beaucoup de volatilité. Cette instabilité concerne potentiellement plus de 80% de la population mondiale qui vit dans les pays concernés.
D’où l’intérêt, pour les régions concernées, d’une crypto-économie qui pourrait offrir une base stable que les banques centrales ne peuvent assurer. Cela ne concerne pas la zone euro, ni la Suisse, ni les Etats-Unis ni le Japon, mais «le reste du monde», largement majoritaire en termes de population, d’où l’optimisme affiché par des promoteurs de cryptomonnaies et Amun en particulier.
Le panier sous-jacent du nouveau produit est l’Amun Crypto Basket Index, un indice constitué des quatre cryptomonnaies les plus capitalisées, soit le bitcoin (BTC), l’ether (ETH), le ripple (XRP) et le litecoin (LTC). La pondération des quatre monnaies est adaptée ponctuellement de façon à garantir une diversification mais aussi une représentativité réactualisée en fonction de l’évolution de chacune des capitalisations.
Le lancement du produit tombe plutôt mal, eu égard à la chute vertigineuse des cryptomonnaies, comme le bitcoin qui s’échangeait à moins de 3’400 dollars vendredi matin contre plus de 8’000 en juillet. Mais les initiateurs tirent un parallèle avec les valeurs technologiques du Nasdaq dans les années 1990, qui ont explosé avant le crash de janvier 2000, pour ensuite - du moins certaines d’entre elles - rebondir de façon spectaculaire, comme l’a expliqué le directeur d’Amun Mark Rodino.
Depuis le lancement du produit il y a une quinzaine de jours, les volumes de Crypto d’Amun ont augmenté d’environ un tiers. Il s’agissait de l’ETP le plus négocié jeudi à SIX, selon les informations fournies à Genève. Le produit s’adresse aux investisseurs institutionnels comme aux particuliers, moyennant une commission annuelle de 2,5%, indépendamment du nombre de transactions. Le produit étant réglementé et répliquant physiquement un instrument sous-jacent, l’investisseur est protégé et «assuré de retrouver les crypto-actifs sous-jacents en dépôt», a déclaré Mme Snyder.