Amun lance le premier ETP basé sur un panier de cryptomonnaies

Yves Hulmann

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Le produit indiciel de la société de Hany Rashwan coté à la SIX repose sur quatre crypto-actifs, reflétant la valeur de 75% des cryptomonnaies.

Alors que le cours du bitcoin est repassé en début de semaine en-dessous du seuil des 5’000 dollars, son plus faible niveau depuis octobre 2017, l’enthousiasme des adeptes des cryptomonnaies ne faiblit pas. Jeudi à Zurich, la société zougoise Amun a célébré le lancement d’un Exchanged Traded Product (ETP) reposant sur un panier de crypto-actifs coté à la bourse suisse SIX. Les promoteurs de ce produit indiciel ont insisté sur le fait qu’il s’agit même du premier ETP basé sur un panier de cryptomonnaies coté au monde.

Bitcoin, Ethereum, Ripple et Litecoin

Pratiquement, ce produit indiciel repose sur l’indice appelé Amun Crypto Basket Index (ticker: HODL5) qui, actuellement, inclut quatre crypto-actifs – un nombre qui peut monter à cinq -, incluant le Bitcoin, l’Ethereum, le Ripple et le Litecoin. A eux seuls, ils représentent environ 75% de la valeur totale du marché des cryptomonnaies. Cet ETP donne ainsi accès à un indice diversifié pondéré en fonction de la capitalisation boursière et automatiquement rééquilibré composé des principaux crypto-actifs éligibles. A quelles conditions? Selon Ophelia Snyder, responsable des produits et co-fondatrice d’Amun, ces critères d’éligibilité sont particulièrement stricts concernant la liquidité et le stockage des crypto-actifs. La société prévoit aussi des restrictions si une cryptomonnaie figurant dans l’indice subit une intervention importante dans son fonctionnement, aussi appelée «fourchette dure» («hard fork» en anglais) dans le jargon. Il s’agit d’une modification majeure du protocole informatique régissant une cryptomonnaie, dont les nouvelles règles ne sont pas compatibles avec les précédentes. Elle conduit souvent à la scission d’une cryptomonnaie en plusieurs. 

La fourchette dure Bitcoin Cash de la semaine dernière
a forcé l’indice à abandonner le Bitcoin Cash ABC et le Bitcoin Cash SV.

Lorsqu’un actif sous-jacent subit une telle intervention, l’actif nouvellement créé sera considéré comme un actif distinct et ne sera pas ajouté à l’indice HODL5 jusqu’à ce qu’il satisfasse aux critères d’admissibilité, précise Amun. Pour cette raison, la fourchette dure Bitcoin Cash de la semaine dernière a forcé l’indice à abandonner les deux successeurs (Bitcoin Cash ABC et Bitcoin Cash SV) en raison des possibilités limitées de garde existantes pour ces deux cryptomonnaies, a expliqué la société. 

Une alternative pour six milliards d’individus

Entrepreneur en série issu du secteur des technologies, Hany Rashwan, directeur et co-fondateur d’Amun, explique sa motivation pour les cryptomonnaies aussi par l’expérience qu’il a vécue dans son pays d’origine, l’Egypte. Avant de partir aux Etats-Unis, le diplômé de l’Université de Colombia, âgé aujourd’hui de 28 ans, a eu l’occasion d’observer la détérioration du niveau de vie dans son pays d’origine. «Certaines personnes en Egypte ont perdu jusqu’à 50, 60 voire 70% de leur fortune. En 2016, beaucoup de gens ont acheté de l’or ou évalué toutes sortes d’options pour sauver une partie de leur avoirs», a-t-il expliqué devant les médias et les investisseurs jeudi à Zurich. C’est à ce moment-là que les Egyptiens ont commencé à s’intéresser aux cryptomonnaies, au grand damne du gouvernement. «Des gens ont parfois accepter de payer des primes de 30% sur le cours du bitcoin», illustre-t-il. 

«La plus grande partie du monde
ressemble plus à l’Egypte qu’aux pays industrialisés.»

L’Egypte n’est-elle pas un cas particulier? Au contraire, estime Hany Rashwan: «La plus grande partie du monde ressemble plus à l’Egypte qu’aux pays industrialisés.» Seulement un milliard d’individus vit dans des pays où l’on utilise des monnaies relativement stables, comme le franc suisse, la livre, le dollar, le yen ou l’euro. Pour les six autres milliards d’individus sur la planète, l’or n’est pas véritablement une alternative aux monnaies locales, le métal jaune étant à la fois difficile à conserver, à transporter et à diviser. «Au contraire de l’or, les cryptomonnaies sont faciles à conserver, à transporter et peuvent être divisées à l’infini», souligne-t-il.

Traitement différent des ETF en Suisse et en Europe

Actuellement, la SIX compte déjà des ETF basés sur des cryptomonnaies. Tout comme un ETF, l’ETP est un produit coté en bourse permettant de répliquer la performance d'un indice ou d'une classe d'actifs. La Suisse permet d’émettre des ETF reposant sur un seul sous-jacent, ce qui n’est pas le cas en Europe où les ETF doivent obligatoirement être diversifiés, comme l’a rappelé l’exploitant de la bourse suisse. En fonction des pays de résidence des clients, les ETP peuvent être ainsi plus faciles d’accès pour certains investisseurs.

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