Virus: la convalescence des marchés ne devrait pas s’éterniser

Bartlomiej Szabat-Iriaka, Edmond de Rothschild Asset Management

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Le ralentissement attendu sur les secteurs du transport et de la restauration reflétera plutôt un effet ponctuel et saisonnier.

 

Alors que la propagation du virus 2019-nCoV impacte fortement les marchés boursiers asiatiques et fait craindre un ralentissement de l'économie chinoise, il convient de rester prudent sur les implications économiques et financières engendrées par une telle situation, et de clarifier les enjeux sanitaires et sociaux.

L’apparition du virus 2019-nCoV, il y a un mois sur le marché de Huanan à Wuhan, rappelle fortement l’épidémie provoquée par le virus du SRAS entre avril et mai 2003. A l’époque, 744 décès (dont 685 en Chine) et 8’096 cas avaient été enregistrés dans le monde. Toutefois, les deux situations se distinguent sur la forme et sur le fond. Alors qu'en 2003, le manque de transparence avait retardé la mise en place d'un contrôle efficace de la propagation du SRAS, la réactivité des autorités chinoises et les récentes déclaration de Xi Jinping témoignent de la volonté de la Chine à circonscrire rapidement la propagation du virus.

L’inflation du nombre de cas déclarés s’explique avant tout
par les changements apportés dans la définition des «cas».

Pour ce qui concerne la potentielle virulence du nouveau coronavirus, il est important de garder à l'esprit que malgré le caractère «nouveau» et les craintes associées à l'émergence d'une souche virale agressive, plusieurs éléments semblent indiquer que la situation pourrait être relativement rapidement contrôlée. D'une part, le nombre de cas sévères rapportés, autrement dit les sujets nécessitant une assistance respiratoire d'urgence, reste pour l'instant beaucoup plus faible que pour l'épidémie du SRAS. A l'heure actuelle, le tableau clinique général est plutôt constitué de formes modérées (rhume, toux forte, douleurs musculaires, maux de tête important).

D'autre part, il convient également de préciser que bien que l’inflation du nombre de cas déclarés s’apparente à une forme de virulence, ceci s’explique avant tout par les changements apportés dans la définition des «cas». Ainsi, des personnes exclues du diagnostic alors qu’elles présentaient des symptômes au début de l’épidémie ont été rétrospectivement reclassifiées. Cette hausse du nombre de cas est également liée à l’amélioration de la détection et de la déclaration des patients nouvellement infectés, résultant de l’élargissement de la surveillance à d’autres professionnels de santé (médecins généralistes). 

Le risque de voir éclater une pandémie semble faible.

Enfin, même s’il est bien évidemment trop tôt pour définir clairement le niveau de dangerosité du virus 2019-nCoV, le risque de voir éclater une pandémie semble faible. En effet, la grande proximité avec le virus du SRAS facilite la prise en charge sanitaire par les méthodes éprouvées au cours de l’épidémie de 2003, et le caractère relativement bien conservé des 14 séquences génétiques actuellement traduites du virus (faible taux de mutation) accélère la mise au point d’un traitement d’urgence efficace.

Aussi, malgré les inquiétudes en cette période de Nouvel an chinois, caractérisée par une forte activité économique, le ralentissement attendu sur les secteurs du transport et de la restauration reflétera plutôt un effet ponctuel et saisonnier qu’une véritable tendance de fond.

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