Une transition inéluctable

Jan Amrit Poser, J. Safra Sarasin

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Alors que l'attention reste fixée sur le changement climatique, la perte de biodiversité apparaît comme une menace majeure pour la stabilité sociale et économique.

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Alors qu'il semblait que nous avions vu le pire de la pandémie et qu'une certaine forme de normalité était en train de revenir, l'année 2021 se termine sur une note morose. Tandis que la covid fait son retour avec le variant Omicron, dans ce qui est maintenant la quatrième vague, la conférence sur le climat COP26 de novembre est loin d'avoir répondu aux attentes. Les plus grandes nations du monde n'ont pas réussi à relever le défi historique et ont laissé ouvert la possibilité d'une hausse de la température mondiale de 3 degrés au lieu des 1,5 degrés préconisés par l'accord de Paris. De plus, les tensions géopolitiques ne cessent de croître.

Pendant ce temps, l'économie mondiale est sur le fil du rasoir. La crise du coronavirus a provoqué un déplacement spectaculaire du secteur des services vers l'industrie manufacturière. Les chaînes d'approvisionnement sont devenues saturées et les prix des matières premières essentielles sont en hausse. La pénurie de personnel qualifié fait craindre un retour à la spirale salaires-prix des années 1970. En particulier, l'envolée des prix du pétrole et du gaz alimente les craintes inflationnistes. Toutefois, au milieu de cette morosité, nous voyons des signes positifs de reprise, avec la perspective d'une transition vers une nouvelle «norme» plus durable.

Le secteur financier contribue déjà à canaliser des milliers de milliards d'argent des investisseurs pour faciliter la transition climatique.
L'inflation persiste, et ce n'est pas si mauvais

Les pénuries actuelles sur le marché du travail et les goulets d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement ont fait surgir le spectre d'un retour au cycle inflationniste des hausses de salaires et de prix, voire le risque de stagflation. Sommes-nous prêts pour un retour aux années 1970 ? Bien qu'il y ait des similitudes superficielles, l'économie d'aujourd'hui est beaucoup moins sensible à la hausse des prix des matières premières qu'elle ne l'était dans le passé. Malgré les effets sociaux dramatiques de la hausse des prix de l'énergie, cette inflation aura un écho nécessaire et même positif sur les comportements. La hausse de la demande donnera aux entreprises un plus grand pouvoir de fixation des prix ainsi qu’aux travailleurs un plus grand pouvoir de négociation. Elle accélérera également la modernisation et l'optimisation de la chaîne d'approvisionnement et des infrastructures logistiques, ce qui concorde avec les plans de relance verte annoncés aux États-Unis, dans l'UE et ailleurs. Bien que certains de ces programmes puissent augmenter l'offre de l'économie, la plupart des indicateurs suggèrent que l'inflation va perdurer et pourrait même s'intensifier dans l'année à venir.

La biodiversité sera le thème majeur en 2022

Malgré les résultats décevants de la COP26, il est désormais clair que les jours des combustibles fossiles sont comptés. Compte tenu du coût élevé des carburants, les énergies renouvelables semblent de plus en plus compétitives. Cela donne un élan au transfert vers les énergies solaire et éolienne ainsi qu’à l'électrification des transports. Les pays pionniers dans l’adoption rapide des technologies innovantes bénéficieront d’une position dominante de leur industrie nationale par rapport aux retardataires en matière de technologies durables à long terme.  

Alors que l'attention reste fixée sur le changement climatique, la perte de biodiversité apparaît comme une menace majeure pour la stabilité sociale et économique, voire pour l'existence humaine. Dans ce qui est désormais l'ère de l'Anthropocène – l'ère de l'homme – nous pourrions devenir les agents de notre propre destruction, en provoquant une sixième extinction de masse depuis la formation de la terre. L’homme détruit déjà un grand nombre d'écosystèmes et d'habitats naturels, dégradant la capacité de la biosphère à fournir des services essentiels dont dépendent la prospérité et la vie humaines. Cependant, face à ce désastre, nous voyons aussi des opportunités et de l'espoir.

Le secteur financier contribue déjà à canaliser des milliers de milliards d'argent des investisseurs pour faciliter la transition climatique, tandis que les nouvelles technologies et l'innovation offrent des solutions pour stopper et même inverser la destruction de la biodiversité.

Malgré la déception de la COP26 et l'incapacité des gouvernements à saisir l'occasion, il y a de plus en plus d'espoir que le secteur privé choisisse d'opérer le changement de son propre chef, notamment parce que la demande de solutions durables augmente rapidement.

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