Une dynamique en perte de vitesse? – Credit Continuum de Muzinich

Michael McEachern, Muzinich & Co.

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Dans un environnement incertain, la sélection de crédits est indispensable pour départager les entreprises qui survivront de celles qui ne survivront pas.

La tendance haussière des marchés de crédit s’est poursuivie au mois de juillet ainsi qu’au mois d’août, du moins à la date à laquelle nous rédigeons ces lignes. Nous nous attendions à une suspension des émissions pendant la période estivale, mais nous avons au contraire observé des niveaux record, en particulier sur le marché du high yield américain, qui a enregistré depuis le début de l’année une augmentation significative des émissions par rapport à la même période l’an dernier.

Jusqu’à présent, le marché a réussi à absorber ces nouvelles émissions. L’appétit pour le crédit est en effet important, dans la mesure où les prix des obligations sont soutenus par les banques centrales et où les investisseurs continuent de penser que le crédit corporate peut offrir une certaine valeur par rapport à la faiblesse des rendements souverains en termes absolus. Selon nous, le mois de septembre sera décisif pour évaluer la capacité du marché à absorber ce flux de nouvelles émissions.

Les anticipations concernant les taux de défaut ont également été revues à la baisse, puisque les entreprises peuvent faire appel au marché pour accroître leurs liquidités et renforcer leur bilan. Nous avons constaté une certaine divergence entre les États-Unis et l’Europe puisque le secteur le plus concerné est celui de l’énergie et des matières premières; or ce dernier représente une grande partie du marché du high yield américain, ce qui n’est pas le cas du marché du high yield européen.

D’après nous, la dynamique actuelle de l’économie pourrait s’essouffler au cours des prochains mois, de sorte que de nouvelles mesures de soutien budgétaire pourraient s’avérer nécessaires. Les prochaines séries de mesures budgétaires devraient faire apparaître des situations très différentes de part et d’autre de l’Atlantique. Aux États-Unis, un accord sur de nouvelles mesures de relance budgétaire semble être compromis du fait de la tenue prochaine des élections présidentielles, faute d’un consensus entre les républicains et les démocrates sur les mesures supplémentaires à mettre en place. En revanche, en Europe, un accord a été conclu en juillet après d’intenses négociations sur le Fonds européen pour la reprise et la résilience.

De l’avis de tous, le Fonds pour la reprise constitue une étape importante dans la réponse apportée aux menaces économiques liées au COVID-19, et il témoigne selon nous d’une certaine confiance en une plus grande capacité de résistance de la zone euro.

Nous avons assisté ces dernières semaines à une hausse des rendements et à un resserrement des spreads sur les marchés de l’Investment Grade et du High Yield, et si les valorisations restent attractives, les perspectives économiques demeurent, à notre avis, incertaines. Cela ne correspond pas à la reprise en forme de V que les investisseurs espéraient. Les entreprises auront besoin de liquidités pour survivre dans les mois à venir. Il semble y avoir une fracture entre les entreprises qui peuvent s’appuyer sur un bilan solide pour survivre dans cet environnement et celles qui ne le peuvent pas. Nous pensons que cela nécessitera une solide analyse des entreprises et que la sélection de crédits sera indispensable pour distinguer les «gagnants» des «perdants».

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