A l’occasion d’une conférence de presse organisée hier à Lausanne, Herbert Scheidt, président du conseil d’administration de la banque zurichoise, est revenu sur les clés du succès de l’un des précurseurs de la banque privée digitalisée. Il était en compagnie de Henry Detering, nouveau Chief Marketing Officer de la banque. Ces clés devraient lui permettre d’atteindre les objectifs stratégiques du plan Lighthouse 2030 qui prévoient une croissance annuelle moyenne de 4 à 6% des actifs sous gestion. A noter, le 1e semestre 2021 affichait une augmentation de 10,6% de ces actifs.

Animée d’une volonté de donner accès à la performance de ses portefeuilles à de nouvelles générations d’investisseurs, Vontobel a entamé en 2019 une restructuration de ses activités et de son organisation pour donner tout son potentiel à la digitalisation qu’elle avait initiée dès 2007 en choisissant la plate-forme Avaloq. Tant il est vrai que devenir digital n’est pas simplement une transformation opérationnelle, mais une véritable révolution de la culture d’entreprise. Laquelle suppose un décloisonnement des silos et l’adaptation de la structure hiérarchique à la transversalité que suppose une intégration complète d’une version numérisée de l’investissement. C’est le long chemin qu’a parcouru Vontobel qui a commencé avec un unique «data scientist» pour compter aujourd’hui une vingtaine d’experts présidant à la mise en place d’une approche numérique des clients, qui représente 50% des quelque 55 millions de francs d’investissements que dépense la banque dans la technologie tous les ans. La plateforme Volt est le pilier de l’approche hybride de Vontobel, qui combine fonctionnalités automatisées et intervention humaine, se différenciant ainsi des robot advisers. Cette approche a ouvert la voie à d’autres banques, notamment Raiffeisen, partenaire stratégique de Vontobel.

L’objectif est de faciliter l’accès des investisseurs à la palette de produits que propose le gérant d’actifs, dans laquelle les produits structurés occupent historiquement une place de choix. Vontobel AM a renforcé son offre en ajoutant l’expertise de TwentyFourAM dans le fixed income, dont les performances défient les prévisions pessimistes sur cette classe d’actifs. Le spécialiste londonien de l’obligataire gérait 24,2 milliards de francs au 30 juin 2021, date à laquelle Vontobel a acquis 100% de la société, contre quelques 4,4 milliards de livres sterling au moment de l’acquisition de 60% des actions en 2015. Grâce à cette diversification, les clients de Vontobel ont tout loisir de compléter les 30% d’allocation libre dans les portefeuilles préconçus que la banque met à leur disposition. Ils peuvent également opter pour des certificats sur cryptomonnaies proposés (mais non conseillés) par Vontobel. Innover dans les produits d’investissement tout en gardant le cap de la solidité et de la stabilité, se détacher de la banque d’investissement pour alléger son bilan et consolider son positionnement dans la gestion d’actifs, tels sont les axes d’une stratégie visant dans les prochaines années un RoE d’au moins 14% et un cost income ratio inférieur à 72%. Un 3e axe complète cette vision: diversifier la base de la clientèle, en ouvrant les portes de la gestion d’actifs et du planning patrimonial à de nouveaux investisseurs.

La mise en place d’outils digitaux, de l’onboarding jusqu’à la gestion, a permis d’adresser les besoins d’un nouveau type de clientèle, dite «mass affluent», avec un portefeuille d’entrée de 10'000 francs suisses. Ce n’est qu’un début, l’objectif étant d’attirer tout type d’investisseurs avec des portefeuilles qui intègrent systématiquement l’expertise des différentes boutiques de Vontobel, tout en laissant une part d’individualisation. Déployée en Suisse pour commencer, cette campagne, au cœur de la stratégie de croissance organique du groupe, a vocation à être étendue à d’autres zones géographiques, les Etats-Unis où Vontobel jouit d’une réputation bien établie, et, dans la mesure des contraintes réglementaires, l'Asie.