Une approche top-down de l’investissement en actions

Nicolas Mougeot, Indosuez Wealth Management

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Quelques trimestres plus compliqués ne doivent pas occulter les opportunités à plus long terme que certains changements sociétaux offrent.

Si la plupart des indices actions ont connu une belle envolée depuis le début de l’année, seules les actions de la tech américaine ont réussi à conserver un momentum positif ces deux derniers mois, grâce à l’engouement pour l’intelligence artificielle. Au-delà de cette thématique porteuse, comment sélectionner les bonnes sociétés dans un environnement macro-économique qui reste complexe?

Qu’est-ce qui caractérise l’économie mondiale actuellement? Tout d’abord, l’inflation de base reste très élevée. A plus de 5% aux Etats-Unis, elle est encore bien loin de l’objectif de 2% que la Fed s’est donnée et la situation est identique dans la zone Euro ou au Royaume-Uni. Ensuite, consommateurs et investisseurs doivent faire face à un ralentissement économique. L’Allemagne vient d’annoncer une contraction de son PIB pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui constitue de facto une récession technique. Même les Etats-Unis dont l’économie est généralement plus dynamique commence à montrer des signes de ralentissement.

L’effet d’une hausse de taux sur les marges bénéficiaires se propage généralement avec 9 à 12 mois de retard car les entreprises ne renouvellent pas toute leur dette chaque année.

Quelles en sont les conséquences pour les actions? L’inflation peut avoir un impact négatif significatif sur les marges des entreprises qui n’ont pas la capacité de répercuter les hausses de prix sur le consommateur final. Les entreprises à fort pricing power (ou pouvoir de fixation des prix) ont donc un avantage dans cet environnement. Il peut s’agir de sociétés évoluant sur un marché monopolistique, bénéficiant d’une demande forte pour une technologie ou encore une marque forte permettant de fidéliser les consommateurs, quel que soit le prix auquel le service ou produit est vendu.

Une croissance économique faible à court-terme, voire une récession technique comme c’est le cas en Allemagne, est généralement négative pour la croissance des bénéfices. Il faut donc privilégier les sociétés soutenues par des thématiques de long-terme comme l’intelligence artificielle, le vieillissement de la population ou encore la transition énergétique. Quelques trimestres plus compliqués ne doivent pas occulter les opportunités à plus long-terme que certains changements sociétaux offrent.

Enfin, les entreprises doivent faire face à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés qu’il y a 2 ans. L’effet d’une hausse de taux sur les marges bénéficiaires se propage généralement avec 9 à 12 mois de retard car les entreprises ne renouvellent pas toute leur dette chaque année. Les entreprises les plus endettées vont néanmoins connaître des conditions de refinancement de plus en plus dures. A ce stade il est préférable d’investir dans des sociétés à faible endettement.

Si l’on combine faible endettement, fort pricing power et croissance résiliente et long-terme, on obtient des sociétés dites de «qualité» un style toujours très prisé par de nombreux investisseurs à ce stade du cycle économique. Qui dit prisé dit souvent valorisation élevée et nous resterons probablement prudents sur certaines sociétés du luxe ou sur la thématique de l’intelligence artificielle dont les valorisations sont actuellement un peu trop chères. Mais de belles opportunités d’investissement subsistent afin de préparer son portefeuille à cet environnement macro-économique si complexe.

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