Un géant économique en mutation

Yvan Roduit, Raiffeisen Suisse

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La Chine fait face à un phénomène rare en ces temps d’inflation: la déflation. Quid des investisseurs?

Le monde entier s’engage dans la lutte contre l’inflation, mais la Chine est une exception notable. En effet, les chiffres montrent que les prix à la consommation ont connu une baisse de 3% en juillet dans ce pays par rapport au même mois de l’année dernière alors que les prix à la production sont également en recul depuis le début de l’année. Tout cela indique une situation de déflation.

Pour quelles raisons?

Plusieurs facteurs convergent pour expliquer cette tendance. La Chine, souvent qualifiée «d’usine du monde», est particulièrement affectée par le faible développement de l’économie globale. Les exportations chinoises ont subi des baisses substantielles et, pour compenser la faible demande, les prix ont été ajustés vers le bas. De plus, les fluctuations des prix des matières premières exercent une pression à la baisse sur les coûts de production. Enfin, malgré la levée progressive des mesures strictes de contrôle du COVID-19, la reprise de la consommation n’a pas été aussi vigoureuse que prévu.

La Chine doit également faire face à des défis structurels, notamment en matière démographique.

En parallèle à ces mouvements cycliques, la Chine doit également faire face à des défis structurels, notamment en matière démographique. Effectivement, les politiques de planification familiale, bien qu’assouplies ces dernières années, ont entraîné un déclin de la population chinoise. Et pour preuve: cette année, l’Inde a dépassé la Chine en termes de population. Cela signifie que la Chine pourrait vieillir avant de s’enrichir, posant des défis importants pour la stimulation de la consommation.

Une puissance en déclin

Il fut un temps où la Chine pouvait stimuler son économie par d’importants investissements publics dans les infrastructures et la construction, ce qu’elle a largement fait ces dernières années. Cependant, cela a conduit à un endettement élevé au niveau des provinces et des entreprises de construction. Par ailleurs, la correction des prix de l’immobilier depuis le début de la pandémie est venue mettre en difficulté plusieurs promoteurs immobiliers chinois.

Les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis ajoutent une couche de complexité, avec des barrières commerciales et des droits de douane qui entravent les échanges de biens. De plus, les questions liées à Taïwan brouillent les relations avec l’Occident. L’image de la Chine en tant que moteur de la croissance mondiale disparait donc progressivement. Alors que la croissance du PIB était auparavant robuste, elle a nettement ralenti pour atteindre seulement 3,9% en 2022.

Trouver le juste milieu

Investir directement dans des actions de l’empire du milieu reste donc une entreprise délicate, d’une part en raison des défis liés à la croissance et d’autre part à cause des incertitudes liées aux réglementations gouvernementales et aux risques politiques. Et, qui plus est, il est nécessaire de rappeler que les rendements des investissements en actions chinoises ont été mitigés ces derniers temps: la volatilité élevée ajoute une dose d’incertitude pour les investisseurs.

Toutefois, compte tenu de sa taille, la Chine demeure un marché attractif. Plutôt que de s’engager directement, il peut être envisageable d’investir dans des actions d’entreprises occidentales qui ont une forte empreinte en Chine, notamment dans les secteurs du luxe et de l’industrie. Si la machine chinoise se remet en marche, même de manière temporaire, cela pourrait offrir des opportunités indirectes d’investissement.

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