Trop tôt pour s’inquiéter de la croissance en zone euro

Bruno Cavalier, Oddo BHF

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Le niveau du climat des affaires dépasse toujours les moyennes des phases d’expansion. La croissance pourrait encore accélérer.

L’optimisme des chefs d’entreprise de la zone euro a semble-t-il passé son pic cyclique en début d’année. L’envolée avait été telle en 2017 qu’une correction paraissait inévitable à un moment ou un autre. Cela étant, le niveau du climat des affaires dépasse toujours les moyennes des phases d’expansion. La croissance pourrait encore accélérer en fin de premier trimestre. En l’absence de signaux négatifs sur la demande intérieure (le chômage baisse, le crédit est aisé, le policy-mix est accommodant), le repli de la confiance des entreprises ne remet pas en cause la poursuite d’une croissance du PIB sur un rythme bien supérieur à son potentiel.

Climat des affaires: un peu plus bas, toujours très haut

Depuis un, deux ou trois mois, selon les pays ou les indices considérés, le climat des affaires tend à se modérer en Europe. Cet affaiblissement est notamment visible pour les deux indices les plus suivis par les marchés financiers, à savoir l’IFO allemand et le PMI-composite en zone euro (respectivement en recul de 1,9% et 2,9% en février). Les enquêtes auprès des entreprises servent à prédire le rythme de variation du PIB réel à court terme, de manière assez fiable en général. Elles ont l’avantage d’être disponibles sans trop de délai et de ne pas subir de révisions ultérieures. A première vue, leur évolution récente pointe vers une modération de la croissance en zone euro mais leur niveau laisse au contraire attendre une accélération en fin de trimestre. Il faut donc examiner de plus près si la correction récente relève du bruit statistique, si elle corrige en partie l’emballement inattendu de l’an passé, ou si elle est le signe avant-coureur d’un net ralentissement de la croissance en zone euro.

«Il faut examiner de plus près
si la correction récente relève du bruit statistique.»

La plupart des indices sont en repli par rapport à leur maximum des six derniers mois. Le mouvement est assez général pour suggérer que l’optimisme des entreprises a passé son pic dans cette phase du cycle. Cela semble le cas en Allemagne, en France, en Italie. L’Espagne fait exception, sans doute parce que le second semestre 2017 avait été dominé par les incertitudes autour du problème catalan, incertitudes qui ont depuis reflué.

Le repli des indices est toutefois trop récent et surtout trop modeste pour qu’on identifie une véritable tendance baissière. En zone euro, l’indice PMI de Markit et l’indice de sentiment économique de la Commission européenne sont juste revenus sur leur niveau du quatrième trimestre 2017. À l’époque, personne ne pensait que la confiance des entreprises était faible à de tels niveaux. On s’étonnait plutôt qu’elle fut montée aussi haut.

Les indices de confiance sont associés à un rythme de croissance égal ou supérieur à ce qu’on avait constaté au quatrième trimestre 2017 ou sur l’ensemble de l’année écoulée. Pour la zone euro, la croissance du PIB se situerait au premier trimestre entre 3 et 3,5% en rythme annualisé, l’Allemagne entre 2,5 et 3%, l’Italie autour de 2%, l’Espagne entre 3,5 et 4%. L’exception est la France, avec une croissance attendue tombant à 2%. En 2017, les premières estimations du PIB par les instituts statistiques ont été moindres que ce que les indices de confiance pouvaient suggérer. Il y eut ensuite des révisions haussières. Il pourrait en aller de même au début de 2018.

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