Trop de pessimisme sur l'Europe – Weekly Cross-Asset d’Exane Derivatives

Communiqué, Exane Derivatives

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La baisse de l'euro au cours du mois dernier témoigne d’un retour du sentiment négatif du marché sur la zone euro.

Les perspectives économiques européennes se sont à nouveau assombries alors que la zone entre dans une «double récession»

Mais les ingrédients d'un rattrapage sont toujours en place

L'histoire montre qu'une forte croissance mondiale combinée à des mesures de relance budgétaire coordonnées sont de puissants facteurs de surperformance

La baisse de l'euro au cours du mois dernier témoigne d’un retour du sentiment négatif du marché sur la zone euro. Il est vrai que, parmi les grandes économies, l'Europe sera la seule à connaître une «double récession», avec une nouvelle contraction de son PIB pendant deux trimestres consécutifs, au quatrième trimestre 2020 et probablement au premier trimestre 2021.  Ajouté à cela, les échecs dans sa campagne vaccination réduisent la visibilité sur le timing de la reprise. Il y a deux semaines, le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro à environ 4% pour cette année et ne s'attend même pas à une accélération en 2022, prévoyant un chiffre inférieur à 4%.

Nous sommes en désaccord avec cette vision pessimiste!

Premièrement, il convient de rappeler que, généralement, l'Europe surperforme en période de reprise cyclique mondiale. Les prévisions de croissance mondiale du FMI pour les deux prochaines années sont estimées à environ 5% en moyenne, sa meilleure performance depuis 2010/2011. A cette époque, l'Europe s'est avérée être la zone où la croissance a le plus surpris à la hausse. Cette sensibilité à la reprise mondiale s’observe d’ailleurs déjà dans les chiffres de production industrielle dont la croissance surperforme celle des États-Unis. En novembre, la production industrielle de la zone euro avait ainsi déjà récupéré toutes ses pertes liées à la pandémie alors qu'elle était encore en baisse d'environ 5% aux États-Unis.

Deuxièmement, au regard d'un chiffre du PIB au quatrième trimestre bien meilleur que prévu, il semble que l'efficacité de la politique budgétaire européenne pour soutenir l'activité se soit avérée bien meilleure que prévu. Si une nouvelle contraction du PIB au T1 semble inévitable, cela laisse espérer que l'ampleur de cette baisse pourrait être à nouveau plus modérée. Ajouté à cela, alors que le ralentissement dans le processus de vaccination entravera l’activité plus longtemps, ironiquement, il semble avoir stimulé l’acceptation du vaccin par les populations. Du moins c’est ce que suggèrent les sondages en France, par exemple. Une meilleure acceptation devrait permettre un rattrapage plus rapide par la suite.

Troisièmement, il semble qu'il y ait beaucoup de doute sur la capacité du Fond de relance européen a vraiment doper la reprise. Cela est évident dans les prévisions du FMI susmentionnées. Cependant, l'expérience du plan Juncker en 2015 est plutôt encourageante sur la capacité de programmes de soutien européens à stimuler l'activité. À cette époque, favorisée par une politique monétaire accommodante, celui-ci a permis une forte reprise des dépenses d'investissement dans l'UE, les pays périphériques surperformant. Cela avait permis une hausse PIB par heure de la zone euro, réduisant ainsi l’écart par rapport aux États-Unis. De plus, l'accès aux financements du Fonds de relance de l'UE dépendra de plans structurels nationaux détaillés conçus pour stimuler l'innovation, la numérisation et faciliter la transition verte. Il est vrai que ces conditions peuvent être facteurs de tensions politiques au sein de certains gouvernements nationaux, à l’instar de ce que l’on voit actuellement en Italie. Cependant, lier le financement de l'UE à des réformes structurelles renforce la cohésion de la politique économique européenne entre les États membres - un facteur important qui avait manqué à l’Europe au cours de la dernière décennie - et la durabilité de la reprise.

En conclusion, si la reprise européenne accuse un retard en début d’année, le soutien de la demande mondiale et la cohésion offerte par le Fonds de relance sont à notre avis les ingrédients d'un rattrapage potentiel au second semestre de cette année et en 2022.

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