Trois valeurs à l’achat: première partie

Salima Barragan

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Le rattrapage des sociétés européennes. Avec Grégoire Uettwiller de Moneta AM.

© Keystone

En 2023, les bourses européennes sont restées en retrait des indices américains, soutenus par leur orientation technologique. Il est temps de s’intéresser à nouveau aux industries du Vieux-Continent. Dans la première partie de cette série consacrée aux titres européens, Grégoire Uettwiller, analyste-gérant chez Moneta, nous présente trois valeurs dans la santé, les services industriels et les automobiles.

Bilfinger SE: potentiel de rattrapage

Fondée en 1881, cette société allemande est active dans les services industriels. Elle s’adresse à des entreprises énergétiques, dans le pétrole et la chimie et sa spécialité consiste à développer des tubes, des pompes de pipeline, et des isolations de tuyaux pour améliorer l’efficience énergétique.

Cette capitalisation boursière valorisée à près de 1,4 milliard d’euros a cependant traversé quelques années difficiles. «C’est une histoire de retournement d’une entreprise qui a beaucoup déçu les investisseurs dans le passé. Le taux de rotation de ses dirigeants était élevé, ce qui a péjoré le titre», souligne Grégoire Uettwiller.

Après qu’un activiste majoritaire ait remis de l’ordre dans la société et qu’un nouveau Directeur Général ait repris les rênes, la société s’est délestée de son portefeuille américain non rentable pour se concentrer sur ses activités stratégiques. «La nouvelle direction vise une marge opérationnelle de 5% en 2024, ce qui dépasse le consensus tablant sur 4,5%. L'objectif de la société nous semble crédible. D’ailleurs, le CEO a récemment acquis des parts de la société, certain de son potentiel de rattrapage», poursuit le spécialiste qui attend une expansion des multiples à 8x les bénéfices sur cette société très décotée selon son estimation.

«Bien que le marché demeure agité en raison de la menace des constructeurs chinois et de la guerre des prix, Stellantis reste une grande conviction, soutenue par des perspectives favorables et une structure financière stable», estime Grégoire Uettwiller.

Biomérieux:  un titre de croissance au profil défensif

Cette société familiale lyonnaise est un spécialiste des machines de diagnostic médical. Les hôpitaux européens - mais aussi américains - constituent la grande partie de sa clientèle. Biomérieux s’attaque dorénavant aussi au marché des cabinets médicaux depuis le lancement de son nouvel appareil de diagnostic miniature: le Spotfire.

Après avoir engrangé un trésor de guerre durant le Covid, les activités de la medtech se sont normalisées depuis la fin de la pandémie et son titre en a souffert. Sa trésorerie excédentaire peut cependant lui ouvrir la voie à de futures acquisitions. «Nous nous réintéressons au titre depuis le quatrième trimestre 2023 en raison de sa capacité démontrée à acquérir de nouvelles technologies. Elle devrait également enregistrer une belle croissance organique cette année», commente Grégoire Uettwiller.

«Echangée à 20x les bénéfices, l’action de Biomérieux devient à nouveau attractive après ses hauts durant la pandémie. C’est une des rares sociétés de croissance avec un profil défensif, grâce à un chiffre d’affaires récurrent», relève le spécialiste.

Stellantis: vers un champion européen des coûts bas?

L’action du groupe automobile, issu du mariage en 2021 entre Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, a grimpé de 75% en 2023 malgré le scepticisme de nombreux analystes. «Bien que le marché demeure agité en raison de la menace des constructeurs chinois et de la guerre des prix, Stellantis reste une grande conviction, soutenue par des perspectives favorables et une structure financière stable. De plus, le futur retour sur investissement sous forme de dividendes ou de programme de rachat d’actions avantagera les actionnaires», estime Grégoire Uettwiller.

La synergie de la fusion permettra au conglomérat de baisser drastiquement ses coûts. «Les nouveaux véhicules seront tous construits sur des plateformes communes, baissant le coût de développement», explique Grégoire Uettwiller. Ce mode de production permettra le lancement d’une Citroën électrique a à prix initial sous 25'000€ de baisser vers 20’000€.

Au sujet les nouveaux entrants chinois tels que BYD, le spécialiste estime que ¾ des profits du groupe européen sont immunisés contre la concurrence asiatique. «Stellantis génère une grande partie de ses revenus sur le marché américain, naturellement protégé des modèles électriques chinois, et elle tire 1/3 des profits du marché des véhicules utilitaires peu concurrentiel». La valorisation du titre - qui traite à 3x les bénéfices en cours - intègre le risque de concurrence. «Les entreprises européennes sont également favorisées par les aides gouvernementales sur les véhicules électriques», ajoute-t-il.

La future usine hongroise de BYD remettra-t-elle en cause le dessein de Stellantis? «La Commission européenne vient de lancer un avertissement aux constructeurs chinois avec une enquête à l’encontre de ces derniers à cause d’aides déguisées du gouvernement. Le monde politique ne se laissera pas faire», rétorque Grégoire Uettwiller.

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