La dette record et la flambée des charges d’intérêt mettent les gouvernements au pied du mur

Communiqué, Janus Henderson Investors

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Les États-Unis ont représenté plus de la moitié de la hausse mondiale; la hausse des taux d’intérêt s’est traduite par une montée en flèche de 20,9% charges d’intérêts de la dette publique.

  • La dette publique mondiale a augmenté de 7,6% pour atteindre un niveau record de 66'200 milliards de dollars en 2022
  • Les États-Unis ont représenté plus de la moitié de la hausse mondiale; la hausse des taux d’intérêt s’est traduite par une montée en flèche de 20,9% charges d’intérêts de la dette publique, la progression la plus rapide depuis 1984
  • La Suisse est l'un des pays les moins endettés au monde, avec un ratio dette/PIB de 28%
  • Les intérêts payés sur la dette souveraine mondiale ont atteint le montant record de 1380 milliards de dollars en 2022 et doubleront au cours des trois prochaines années
  • D’ici 2025, la dette mondiale devrait augmenter d’un sixième par rapport aux niveaux records de 2022 pour atteindre 77'200 milliards de dollars
  • Janus Henderson est ainsi très optimiste en matière d'obligations: l'économie mondiale ralentira plus que ne le prévoient les marchés, et les taux d'intérêt atteindront leur maximum plus tôt que prévu. Cette évolution sera favorable aux marchés obligataires.

Selon l’indice annuel de la dette souveraine de Janus Henderson, les gouvernements sont confrontés à une douloureuse remise en question, car une dette record et des taux d’intérêt plus élevés impliquent que les coûts d’emprunt doubleront au cours des trois prochaines années. Cette situation pèsera lourdement sur les contribuables et les services publics, mais des opportunités s’offrent aux investisseurs.

En 2022, la dette publique mondiale a atteint un nouveau record

Les années 2022 et 2023 ont été marquées par des changements spectaculaires pour les finances publiques à l’échelle mondiale. À la fin de l’année dernière, le montant total de la dette publique mondiale avait augmenté de 7,6% à taux de change constant pour atteindre le niveau record de 66'200 milliards de dollars, soit le double de son niveau de 2011. En 2022, le gouvernement américain a contracté plus d’emprunts que tous les autres pays réunis.

Les charges d’intérêts sont en forte augmentation

Les charges d’intérêt des gouvernements ont augmenté de près d’un cinquième en 2022 (+20,9% à taux de change constant) pour atteindre le montant record de 1 380 milliards de dollars. Il s’agit de l’augmentation la plus rapide depuis 1984, qui reflète à la fois la hausse des taux et le gonflement du stock d’emprunts souverains. Le taux d’intérêt effectif, qui inclut les emprunts plus anciens et moins chers, est passé à 2,2% en 2022, soit une hausse d’un septième par rapport à l’année précédente.

Cette charge continue d’augmenter à mesure que de nouvelles obligations sont émises à des taux d’intérêt plus élevés et que la dette plus ancienne et moins chère est remboursée. Le taux d’intérêt effectif en 2025 devrait s’élever à 3,8%, soit près de trois quarts de plus qu’en 2022.

D’ici 2025, la dette mondiale devrait augmenter d’un sixième

Cela s’avérera très coûteux pour les gouvernements. D’ici 2025, les gouvernements du monde entier devront dépenser 2800 milliards de dollars en intérêts, soit plus du double par rapport à 2022. Cela représentera un coût supplémentaire de 1,2% du PIB, ce qui détournera des ressources destinées à d'autres formes de dépenses publiques ou nécessitera des augmentations d’impôts. Les États-Unis sont particulièrement exposés à ce problème.

À cela s'ajoutent les pertes subies par les portefeuilles d'obligations émises par les banques centrales dans le cadre de l'assouplissement quantitatif, qui doivent être comblées par l'argent des contribuables, inversant ainsi le flux des bénéfices réalisés sur ces obligations avant 2022 et versés par les banques centrales aux ministères des finances publics.

Les déficits annuels actuels laissent supposer que la dette publique mondiale continuera à augmenter, pour atteindre 77'200 milliards de dollars en 2025. Le poids de la dette publique mondiale passera de 78% du PIB actuellement à 79% du PIB en 2025.

«La Suisse est l'un des pays les moins endettés au monde, avec un ratio dette/PIB de 28%, battue seulement par le Luxembourg parmi les pays européens observés. Alors que les pays européens affichent en 2022 une dette totale supérieure de neuf points de pourcentage (89% de dette par rapport au PIB) à ce qu'elle était avant la pandémie, la Suisse s'en sort avec une augmentation de seulement 2,3 points de pourcentage», déclare Sven Weideborg, Sales Director Suisse chez Janus Henderson, soulignant ainsi la situation de la Suisse.

Sa dette totale a augmenté de 4,7% en 2022 pour atteindre 211 milliards de francs (228 milliards de dollars), mais les intérêts payés ont plus que doublé. Cela ne devrait guère gêner le contribuable suisse, puisque les frais d'intérêts du pays sont passés d'un plancher record de 630 millions de francs (660 millions de dollars) en 2021 à un montant presque aussi insignifiant de 1,3 milliard de francs (1,4 milliard de dollars), soit environ 0,2% du PIB. Les intérêts versés devraient encore doubler en 2023 pour retrouver le niveau de 2016. Ils continueront à augmenter, car les emprunts seront refinancés à des taux plus normaux après l’expérience de taux négatifs de ces dernières années. Fin 2022, la dette par personne en Suisse s'élevait à 25'170 francs (25'964 dollars), soit seulement 2722 francs de plus qu'en 2019.

La Suisse fait face aux pertes les plus importantes de tous les pays en matière de QE en 2022 avec environ 15% du PIB, mais elle a également accumulé d'énormes réserves d'actifs étrangers pour maintenir la valeur du franc à un niveau bas, ce qui la place dans une situation plus confortable que de nombreux autres pays.

Jim Cielinski, Responsable mondial de la gestion obligataire chez Janus Henderson, explique: «Le niveau de la dette publique et son coût importent beaucoup à la société, car ils influencent les décisions en matière de fiscalité et de dépenses publiques et soulèvent des questions d’équité entre les générations. Depuis la crise financière mondiale, les gouvernements ont emprunté avec une liberté incroyable. Les taux d’intérêt proches de zéro et les vastes programmes d’assouplissement quantitatif mis en place par les banques centrales ont rendu possible une telle expansion de la dette publique, mais les détenteurs d’obligations exigent désormais des rendements plus élevés pour les dédommager de l’inflation et des risques croissants, ce qui crée une charge importante et en hausse pour les contribuables. La transition vers des conditions financières plus normales s’avère un processus douloureux. Nous nous attendons à ce que l'économie mondiale connaisse un ralentissement marqué dans les mois à venir et à ce que l'inflation diminue davantage que ne le prévoient la plupart des prévisions. Le marché s'attend à un atterrissage relativement en douceur de l'économie mondiale – un ralentissement de la croissance, mais pas de contraction pure et simple, à l'exception de quelques économies nationales. Nous estimons que ce point de vue est erroné. Le volume de la dette des gouvernements, des entreprises et des particuliers implique néanmoins que les taux n'ont pas besoin d'augmenter autant que par le passé pour avoir le même effet. Le cycle de resserrement des taux d'intérêt touche à sa fin. Les investisseurs devraient en bénéficier. Les obligations de toutes échéances devraient voir leurs rendements baisser au cours de l’année à venir, ce qui entraînera une hausse des prix. Les obligations à court terme offrent actuellement des rendements plus élevés, car elles sont plus étroitement liées aux taux directeurs des banques centrales. C’est une bonne nouvelle pour ceux qui souhaitent des revenus et qui acceptent un risque plus faible, mais l’appréciation de leur capital sera moindre. Les possibilités de plus-values sont nettement plus importantes pour les obligations à plus long terme qui, selon nous, devraient très bien se comporter au cours de l’année à venir, alors que l’économie est sous pression».

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