Trois actions suisses favorites pour 2025

Yves Hulmann

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Selon les stratèges de Julius Baer, les titres de Georg Fischer, Partners Group et Sika disposent d’un important potentiel cette année.

©Keystone

 

À la différence des excellentes performances réalisées l’an dernier par plusieurs marchés d’actions internationaux tels que le S&P 500 (+24%), l’indice des valeurs technologiques Nasdaq 100 (+27%) ou le DAX (+19%) allemand, l’année 2024 s’est terminée de façon décevante pour les actions suisses, du moins pour les poids lourds de la cote. L’indice SMI n’a affiché qu’une hausse de 3,9% sur l’ensemble de l’année 2024, pénalisé notamment par la contre-performance de Nestlé (-23,7%). En comparaison, l’indice SLI – qui regroupe les 30 plus grandes valeurs de la bourse suisse et limite à 9% le poids maximal de chaque titre, réduisant ainsi l’influence de Nestlé, Novartis et Roche -, a terminé l’année sur une note plus positive avec un gain de près de 8% réalisé sur l’ensemble de 2024.

Des valorisations toujours «très faibles» pour le marché helvétique

Que faut-il attendre pour 2025? Plutôt que de se concentrer sur les seuls poids lourds de la cote, les stratèges de Julius Baer accordent leur préférence à trois moyennes capitalisations helvétiques pour la nouvelle année. S’agissant des perspectives pour le marché suisse des actions en 2025, Philipp Lienhardt, directeur de la recherche actions à la banque Julius Baer, met en évidence plusieurs aspects positifs qui parlent en faveur des valeurs helvétiques en ce début d’année.

L’expert considère les niveaux de valorisations du marché helvétique comme toujours «extrêmement faibles» en comparaison historique. Le ratio cours/bénéfices du SMI relatif à l’ensemble du marché est à son plus bas niveau depuis 2020. A l’inverse, le rendement des dividendes reste attrayant avec un taux de l’ordre de 3%, alors que le rendement des emprunts d’Etat à 10 ans continue de baisser et se rapproche à nouveau de zéro. Enfin, comparé à d’autres indices comme l’Euro Stoxx 50 en Europe et le S&P 500 aux Etats-Unis, la croissance des bénéfices pour les actions du SMI attendue aux environs de 9% pour 2025 est certes inférieure à celle des 500 plus grandes valeurs américaines, qui devrait avoisiner les 14%, mais elle dépasse celle des valeurs européennes située aux environs de 8%.

Georg Fischer peut tirer parti des «mégatendances» liées à l’eau

Le groupe industriel schaffhousois Georg Fischer (GF) compte parmi les trois actions suisses favorites mentionnées en décembre par Julius Baer lors de la présentation de ses perspectives économiques et de marché pour 2025. La banque cite plusieurs facteurs qui devraient permettre à l’action de Georg Fischer, qui déjà a progressé de près de 15% en 2024, de poursuivre sa hausse. GF a réduit la cyclicité de son profil d'activité au fil des ans. L’entreprise schaffousoise va aussi se concentrer sur le segment des systèmes de canalisations et scindera les secteurs des machines-outils et des composants légers. Elle devrait profiter des mégatendances, en particulier celles liées à l'eau, comme le traitement de l'eau par exemple. Les produits liés à l'eau représentent environ 75% du chiffre d'affaires des systèmes de canalisations.

Le secteur des systèmes de tuyauterie génère des taux de croissance et des marges supérieurs à ceux du groupe si l’on considère l’ensemble d’un cycle économique. L’acquisition d'Uponor en 2023 offre un potentiel de synergie, estime en outre Julius Baer. La banque part du principe qu’à moyen terme la «nouvelle» Georg Fischer affichera une croissance organique moyenne de 4% à 6% et que l’entreprise peut atteindre une marge opérationnelle située entre 13% et 15%, soit nettement plus que celle située entre 4% et 7,5% entre 2010 et 2023. Au final, la «nouvelle» Georg Fischer justifie une valorisation plus élevée que la décote actuelle par rapport à des actions industrielles suisses de haut niveau, estime Julius Baer.

Partners Group: accélération des bénéfices attendue

Partners Group, dont l’action a clôturé l’année 2024 en hausse de 6%, devrait continuer à tirer parti de son positionnement en tant que gestionnaire d'actifs pour les investissements privés, axé sur les mandats et les placements à durée de vie illimitée («evergreen»), qui connaissent une croissance plus rapide. 

Les investissements dans le private equity (51% des actifs sous gestion) concentrés sur des entreprises structurellement attractives ainsi que sa forte position sur le marché de la gestion de fortune privée (en nouvelle coopération avec BlackRock) constituent autant d’atouts pour Partners Group. 

Côté revenus, le taux de croissance annuelle moyen (CAGR) des actifs sous gestion de Partners Group a atteint 13% durant la période allant de 2013 à 2023. Après une croissance à un chiffre depuis 2022, la croissance devrait à nouveau s'accélérer, estime Julius Baer. Cela notamment en raison de la stabilisation des taux d'intérêt, de la déréglementation américaine, du cycle d'innovation en matière d'intelligence artificielle et de la forte demande d'infrastructures financées par le secteur privé. Pour Philipp Lienhardt, une baisse des taux d’intérêt devrait profiter à Partners Group, tout comme un nombre plus élevé d’IPO attendu. Grâce à l'augmentation des réalisations effectuées, les commissions de performance devraient aussi être plus élevées, ce qui devrait se traduire par une accélération de la croissance des bénéfices de Partners Group. En se traitant avec un ratio PER de 21,4x sur la base de ses bénéfices estimés pour 2026, le titre se négocie avec une décote de 20% par rapport à la médiane sur 7 ans, met en perspective Julius Baer.

Sika: un potentiel de rattrapage pour l’action

Malmenée en deuxième moitié d’année 2024, l’action de Sika, qui a perdu plus de 19% durant le seul quatrième trimestre, dispose d’un potentiel de rattrapage, estime Julius Baer. Grâce aux innovations de produits et à son expansion sur de nouveaux marchés, le chimiste de la construction et des adhésifs connaît une croissance structurellement plus rapide que le marché sous-jacent, estime la banque.

Les acquisitions régulières effectuées par Sika complètent le portefeuille de produits.

En matière de fusions et acquisitions, l’entreprise zougoise a en grande partie terminé l'intégration de l'entreprise de produits chimiques pour la construction MBCC. Si, à court terme, cette acquisition a réduit la marge de Sika, il faut s’attendre à une nette amélioration de la rentabilité de l’entreprise en 2025. Julius Baer prévoit une croissance à deux chiffres des bénéfices, partiellement soutenue par la reprise attendue du secteur mondial de la construction en 2025.

Au cours des douze derniers mois, l'action de Sika a évolué nettement moins favorablement que les entreprises comparables, rappelle Julius Baer qui estime que l’action Sika dispose d’un potentiel de rattrapage considérable. En termes de valorisation, l’action de Sika se négocie avec un ratio cours/bénéfices de 26,3x, ce qui correspond à sa moyenne à long terme.

Deux autres actions à suivre en 2025: Lindt & Sprüngli et Sunrise Communications

A relever encore que Julius Baer a ajouté deux autres actions suisses à cette liste dans une sélection de titres («Top 5 Swiss Stocks for 2025») publiée fin décembre. En plus des trois titres précédents déjà évoqués, Julius Baer ajoute le titre de Lindt & Sprüngli assorti d’un objectif de cours de 12'000 francs (10'070 francs au 30 décembre) ainsi que l’action de Sunrise Communications avec un objectif de cours placé à 52 francs (39,32 francs au 30 décembre). 

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