Transition verte: où va le monde?

Michael Urban, Lombard Odier

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La Suisse est l'un des principaux rassembleurs mondiaux de capitaux pour l'économie verte. Les actifs gérés de manière soutenable représentent plus de 20% des fonds gérés en Suisse.

L’économie mondiale est aujourd’hui sur une trajectoire de réchauffement de l’ordre de 3°C. Cependant, si les engagements pris à l’issue de la COP26 devaient se matérialiser, nous pourrions limiter le réchauffement à hauteur de 1,8°C.

Notre étude menée conjointement avec l’Université d’Oxford publiée le 30 novembre 2021 révèle quels pays tirent leur épingle du jeu dans la transition vers une économie verte.

Dans cette recherche, nous avons étudié l’évolution de la compétitivité des pays dans des industries clés de la transition vers une économie verte. Nous avons également examiné dans quelle mesure les pays ont orienté leurs dépenses de relance Covid-19 pour reconstruire plus vert. En effet, les plans de sauvetage ont offert aux pays une opportunité unique d'investir dans les infrastructures à faibles émissions, d'améliorer leurs capacités technologiques et de soutenir leur main-d'œuvre pour tirer parti de nouveaux emplois verts et sortir des industries polluantes en déclin.

Parmi les résultats les plus saisissants de cette étude, nous trouvons la Suisse. En effet, la compétitivité de la Suisse dans le commerce mondial des produits verts est en baisse depuis 25 ans. Nous expliquons cette évolution par le positionnement stratégique de la Suisse en tant qu'économie de services verts de premier plan plutôt qu'en tant qu'économie manufacturière verte.

En effet, la Suisse est désormais l'un des principaux rassembleurs mondiaux de capitaux pour l'économie verte – les actifs gérés de manière soutenable représentent plus de 20% de tous les fonds gérés en Suisse.

La transition vers des énergies renouvelables n’est donc pas seulement verte mais déflationniste.
Energies renouvelables: un potentiel inexploité en Suisse

L'économie suisse dispose aussi d’un potentiel d'énergies renouvelables inexploité. Une augmentation des investissements dans les énergies renouvelables pourrait fournir à la Suisse une sécurité énergétique accrue et le potentiel d'exporter de l'énergie verte vers le marché européen.

Alors que les prix du gaz font des étincelles en Europe, les coûts de l'éolien et du solaire ont baissé respectivement de 60% et 80% ces dix dernières années. La transition vers des énergies renouvelables n’est donc pas seulement verte mais déflationniste.

Les leaders de l’exportation de produits verts

L’Allemagne et le Royaume-Uni disposent tous deux d’un statut de leader mondial dans l’exportation de produits verts. Couplés à une part verte supérieure à la moyenne en termes de dépenses de relance COVID-19, leurs prospects sont attractifs. L'Italie, l'Espagne et la Turquie présentent aussi des profils attractifs dans les technologies éoliennes et solaires – de quoi faire de l’ombre à l'Allemagne.

La Chine a la part belle des exportations mondiales en matière de produits verts. Son statut de superpuissance des énergies renouvelables peut sembler paradoxal compte tenu de sa réticence à se sevrer du charbon. Son évolution est donc à suivre de près.  

Enfin, les tensions commerciales, couplées à des ambitions politiques encore trop faibles, présentent des risques pour le futur des États-Unis, l'Australie et le Brésil sur l’échiquier mondial de la transition verte.

Malgré des résultats imparfaits à l’issue de la COP26, il ne fait aucun doute que la transition verte bat son plein et altère l’ordre économique et financier. Forte de son bon positionnement dans le domaine de la finance soutenable, la Suisse ne doit pas hésiter à redoubler d’efforts et tirer parti de son immense potentiel d’énergies renouvelables.

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