Suisse: ralentissement sans récession

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Pour l’économie mondiale, l’année 2023 est vue à travers cinq scénarios: d’une faible récession à une plus grande liberté pour les banques centrales, en passant par le retour en force de la Chine.

Nous nous rallions à l’avis du consensus: la Suisse ne connaîtra pas de récession en 2023. Autour du Nouvel An toutefois, un ralentissement sensible de la dynamique conjoncturelle se profile. Ainsi, l’indice de l’activité économique hebdomadaire du Seco affiche une tendance au repli depuis le début du quatrième trimestre 2022.

Les thèses deux et trois exposées ci-dessous – une récession avec peu de chômage et le retour en force de la Chine – sont particulièrement significatives pour la Suisse. Malgré la récession qui se profile en Europe voisine, le taux de chômage suisse a ainsi encore baissé en novembre. Situé à 2,0% actuellement, il devrait progresser légèrement en 2023, à 2,1%. Le retour en force attendu de la Chine devrait donner de l’élan à l’économie helvète.

Jusqu’au début de la pandémie, aucune économie développée n’exportait davantage vers ce pays par rapport à son produit intérieur brut. En moyenne, entre 2015 et 2019, plus de 8% des exportations suisses étaient destinées à la Chine. Côté risque, la sécurité d’approvisionnement en électricité est à la rigueur le seul point d’interrogation.

Si l’hiver devait effectivement entraîner une pénurie en France, celle-ci pourrait rendre nécessaires de plus larges interventions en Suisse également.

Economie mondiale: 2023 en cinq thèses

1. Une faible récession
La crise énergétique provoque déjà une récession dans certains pays européens, mais nous sommes plus optimistes que le consensus, du fait notamment du contre-braquage de la politique fiscale.
Des taux plus élevés et des effets de richesse négatifs feront, comme en 2001, le lit d’une légère récession américaine, sans crise bancaire ni du crédit selon nous.

2. Une récession avec peu de chômage
La récession étant plutôt légère et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, plutôt structurelle globalement, le chômage ne devrait croître que légèrement, surtout en Europe.
En cas de reprise, la pression salariale sera à nouveau sensible, de sorte que les taux devraient rester supérieurs à leur niveau pré-covid.

3. Retour en force de la Chine
La Chine a mis fin à sa politique zéro covid, ce qui devrait mener à une reprise cyclique à partir du deuxième trimestre 2023. Le taux de vaccination insuffisant de la population entraînera toutefois une phase de transition chaotique, avec une faible demande de l’étranger qui devrait peser sur les exportations.

4. Pic d’inflation, plus grande liberté pour les banques centrales
Le renchérissement annuel devrait nettement ralentir courant 2023, mais restera supérieur aux objectifs des banques centrales. Aux Etats-Unis, les yeux sont rivés sur les prix des services. En Europe, ceux de l’énergie devraient rester élevés et volatils, alimentant un certain effet de second tour.
Le recul de l’inflation et le ralentissement conjoncturel nous rapprochent du terme du cycle de relèvement des taux. Vers la fin 2023, certaines banques centrales pourraient même procéder à des baisses de taux.

5. Un peu plus de certitudes
Sans allègement des sanctions ni nouvelle livraison de gaz russe en vue, la politique européenne se tourne vers le développement des énergies alternatives.
Le calendrier électoral 2023 est vide dans les pays du G7, ce qui limite encore les risques politiques.

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