Suisse: hausse imminente des loyers

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La pression inflationniste reflue légèrement pour les entreprises et les ménages. En France, des signes d’une détente sont présents, notamment dans les prix de l’électricité.

©Keystone

Alors qu’une bonne partie de l’Europe est déjà à l’orée d’une récession, les indicateurs en Suisse traduisent simplement un ralentissement de la dynamique conjoncturelle. Ainsi, le risque d’une récession lors des douze prochains mois, selon l’enquête de Bloomberg citée plus haut, est estimé à seulement 34%. Un chiffre à mettre en perspective de celui du voisin allemand, où la probabilité de récession est de 90%.

La perte de pouvoir d’achat des ménages suisses est moins marquée et, en parallèle, la composition du secteur secondaire en Suisse fait qu’il est moins vulnérable aux crises qu’ailleurs en Europe. Nous en voulons pour preuve le chiffre du PMI industriel, qui demeure supérieur au seuil de croissance de 50 points.

Toutefois, l’économie helvète reste vulnérable aux risques de hausse des coûts de financement et à l’incertitude en matière d’approvisionnement énergétique. L’indice relatif à l’activité économique hebdomadaire (AEH) du Secrétariat d’Etat à l’économie (SE-CO), récemment révisé, indique que le ralentissement est à l’œuvre depuis le début du troisième trimestre.

La pression inflationniste reflue légèrement pour les entreprises et les ménages. La vigueur du franc a permis d’amortir la hausse des prix à l’importation et, en Suisse, une large part des prix sont fixés par l’administration. A l’inverse des pays de la zone euro, les ménages ne ressentiront la hausse des prix de l’électricité qu’en 2023.

Il est en outre probable que le taux de référence, sur lequel se fondent les loyers des baux existants, connaisse une hausse ces douze prochains mois. Les loyers plus élevés intègreront ainsi le calcul du taux d’inflation de manière différée.

France: le nucléaire réalimente le réseau

En France, notre hypothèse d’une moindre exposition de l’économie domestique aux tendances de crise par rapport aux autres grandes économies européennes se confirme. Ainsi, la valeur du PMI des services, contrairement à son homologue allemand ou britannique, reste en territoire de croissance au début du dernier trimestre de l’année 2022. Dans l’industrie également, les enquêtes auprès des entreprises témoignent d’une remarquable résilience de l’économie hexagonale.

La disposition à déployer de généreuses mesures budgétaires est loin d’y être étrangère. Une analyse qui correspond au constat que le moral des ménages français a moins baissé qu’ailleurs. Il est même en légère amélioration récemment, malgré les premières menaces de grèves. Préserver le pouvoir d’achat des ménages et éviter la crise énergétique lors des mois d’hiver resteront décisifs.

Avec la reprise de la production d’électricité de centrales nucléaires qui n’alimentaient plus le réseau et le niveau élevé des réserves de gaz dans toute l’Europe, le spectre d’un rationnement lorsque les températures hivernales seront normales semble conjuré.

Les indicateurs avancés de l’inflation en octobre ont nettement surpris à la hausse. L’augmentation de 6,2% à 7,1% est imputable au renchérissement des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. La mesure dans laquelle les grèves dans les raffineries ont alimenté une hausse temporaire des prix reste à déterminer.

Des signes d’une détente sont en effet présents, notamment dans les prix de l’électricité, la production d’origine nucléaire augmentant après des travaux de maintenance. Sur la bourse européenne EEX, le prix moyen de l’électricité est désormais à son niveau le plus bas depuis l’attaque russe contre l’Ukraine en février.

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