Plus de huit entreprises sur dix déclarent avoir rencontré des difficultés de vente à l'étranger en raison de la situation actuelle, selon l’association swiss export.
La situation sanitaire de cette première partie d’année 2020 plonge les entreprises dans l’incertitude et créent des défis majeurs pour les PME suisses exportatrices. Afin de mesurer l’impact de la pandémie mondiale de COVID-19 sur ces dernières, l’association swiss export a mené une enquête auprès de ses entreprises membres, dans le courant du mois d’avril. Les résultats démontrent d’importantes difficultés ressenties, notamment au niveau des ventes à l’étranger et de la chaine d’approvisionnement. Quant aux projections sur l’année à venir, elles annoncent que le risque de faillite concerne une PME sur six et que la dépendance de la Suisse vis-à-vis de l'Union européenne (UE) se révèle particulièrement importante.
Les décisions du Conseil fédéral pour lutter contre la pandémie de COVID-19 sont entrées en vigueur depuis un mois déjà. Pour en mesurer l’impact sur les entreprises suisses exportatrices, l’association swiss export a réalisé une enquête auprès de ses 700 entreprises membres, dont 147 d’entre elles ont participé.
Directrice de swiss export, Claudia Moerker explique les motivations de cette enquête: «Swiss export se considère comme un partenaire de confiance de l'industrie suisse des exportations. Nous étions conscients que cette situation la frapperait particulièrement durement. C'est pourquoi swiss export a voulu réaliser cette étude auprès de ses membres, à un stade précoce, afin de pouvoir intervenir auprès du Conseil fédéral et du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), en représentant les intérêts de l'industrie suisse des exportations.»
En Suisse, l’industrie mécanique, électrique et métallurgique (MEM) fait partie des secteurs d’exportation les plus importants. En effet, près de 80% de ses produits sont exportés. Environ deux tiers du volume des exportations suisses sont réalisés par des entreprises de moins de 250 employés. La part des exportations des entreprises interrogées est supérieure à 60%.
Les résultats de l’enquête menée par swiss export démontrent que 82% des entreprises interrogées déclarent avoir rencontré des difficultés de vente à l'étranger en raison de la situation actuelle. Outre les difficultés liées à la vente, l'une des plus grandes charges auxquelles les entrepreneurs sont confrontés s’avère être une chaine d'approvisionnement perturbée. Eric Jakob, ambassadeur et chef de la Direction de la Promotion économique, commente : « Les difficultés de l'approvisionnement à court terme, les chaines logistiques perturbées et les difficultés de vente sur les marchés internationaux en raison du COVID-19, ou des tendances protectionnistes en général, posent des défis aux exportateurs suisses. » Même après l’assouplissement des règlementations des autorités, les PME suisses seront encore confrontées à des mois difficiles.
Outre les produits intermédiaires en provenance de l’Union européenne, l’approvisionnement en semi-conducteurs et en de nombreux autres composants en provenance de Chine est gravement affecté. En effet, une grande partie de ces produits est fabriquée à Hubai, une région particulièrement touchée par la situation sanitaire. Dans de nombreux cas, il n’est pas non plus possible de fournir des composants pour les appareils ménagers et les voitures.
En l’espace d’une semaine, le Conseil fédéral, les autorités et les banques suisses ont mis en place le plus grand programme d’aide aux entreprises de l’histoire économique suisse. Depuis le 26 mars 2020, les petites et moyennes entreprises subissant une baisse de leurs ventes en raison de la pandémie de COVID-19 reçoivent un soutien financier sous la forme de prêts, avec des garanties conjointes et solidaires. Le 3 avril 2020, le Conseil fédéral a décidé́ de porter à 40 milliards de francs suisses le volume de garantie du programme de crédits aux PME. L’expérience acquise lors de la première semaine du programme démontre que cette aide est bien perçue et que cette solution pragmatique est largement acceptée par les milieux économiques.
L’enquête de swiss export révèle qu’une PME sur six classe le risque de faillite lors des douze prochains mois comme étant élevé ou très élevé. Les craintes sont plus fortement marquées dans le secteur des « services économiques » et dans l’industrie mécanique et électrique.
L’enquête révèle également dans quelle mesure les conditions d’activité des entreprises évoluent négativement. Non seulement les PME enregistrent une baisse de la demande pour leurs produits et services, mais leurs liquidités, que la majorité d’entre elles jugeait bonne il y a un mois à peine, se détériorent aussi nettement. Elles sont également confrontées à une forte diminution de la disponibilité de matières premières et de produits semi-finis.
Le commerce extérieur suisse a néanmoins évolué positivement en 2019, bien qu’à un rythme plus lent, reflétant ainsi les prévisions positives faites le 1er janvier 2020 pour l’exercice en cours selon lesquelles les entreprises s’attendaient à une croissance moyenne de 3 à 5%.
Ces défis ne peuvent que difficilement être surmontés sans les mesures de soutien des autorités suisses. Même après un éventuel assouplissement de la règlementation du Conseil fédéral, les PME suisses sont toujours confrontées à une situation difficile. En effet, environ 52% des entreprises qui ont participé à l'enquête de swiss export s'attendent à une tendance négative de -7 à -30% sur leurs principaux marchés d'exportation pour la période des douze prochains mois. Ces prévisions sont estimées alarmantes par swiss export dans un contexte d’une très forte dépendance de la Suisse vis-à-vis de l'Union Européenne (UE).
«Afin d’éviter des pertes plus importantes, il est nécessaire de garantir la capacité des entreprises exportatrices suisses à agir le plus rapidement possible. Ce n’est qu’ainsi que la confiance dans la place économique suisse pourra continuer de croitre. La Suisse est synonyme de qualité et pour de nombreuses entreprises encore, le label « Swiss Made » est perçu comme un véritable avantage concurrentiel. La situation doit être préservée par des mesures d'application dans les plus brefs délais afin d’assurer la position de la Suisse dans le commerce international», commente Claudia Moerker, directrice de swiss export.