Rester focalisé sur la gestion du risque au second semestre

François Savary, Prime Partners

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Mettre l’accent sur une saine gestion des risques et sur une volatilité contenue de la performance d’un portefeuille est plus que jamais justifiable.

Avec un peu de recul, le premier semestre 2019 aura souri aux investisseurs audacieux mais également à ceux qui ont su se montrer contrariens, dans un contexte de changements fréquents du sentiment des opérateurs de marché. Celui qui aura résisté à la pression des événements et qui aura su garder la tête froide face à l’émergence de phénomènes d’euphorie et de panique au sein de la communauté financière aura pu tirer avantage de l’excellent comportement des actifs risqués; cependant, si des ajustements tactiques dans son allocation n’ont pas forcément eu un impact sur la performance, à moins d’avoir le «timing parfait», ils ont pu sensiblement réduire la volatilité de cette dernière.

Ce point est loin d’être anodin, car on sait combien miser sur la recherche de la seule performance est aléatoire. L’expérience des vingt-quatre derniers mois n’a pas modifié le constat que la clientèle privée n’a pas une appréciation linéaire de la performance d’un portefeuille. Il suffit de se remémorer la fin de 2018 à cet égard. Nul ne contestera que les clients aient mal vécu la correction boursière du dernier trimestre de l’année dernière. Il ne faut d’ailleurs pas se voiler la face, le faible appétit pour les actifs risqués en début d’année, que les flux sur les bourses semblent confirmer, a une nouvelle fois démontré que les investisseurs n’ont pas une attitude «stable» à l’égard de la performance de leur portefeuille; en d’autres termes, plus cette dernière affiche un solde négatif, moins l’investisseur est réceptif à l’adage qui veut que tout risque est aussi une opportunité.  A contrario, que la progression soit de 10 ou 11% n’altère pas fortement la satisfaction ressentie.

Le marché US est loin d’être bon marché et les injections de liquidités
que les opérateurs attendent sont largement intégrées dans les cours.

Conduire une politique de placement qui met un accent particulier sur la gestion des risques est particulièrement important lorsque le cycle économique est déjà avancé. A cet égard, le fait que le S&P 500 ait franchi la barrière symbolique des 3000 point au cours des derniers jours ne dit rien sur le sujet; en revanche, il est intéressant de relever le caractère déséquilibré de la composition de la performance réalisée par les actions américaines depuis le début de l’année. Ainsi, il est légitime de s’interroger sur le caractère soutenable d’une performance tirée à 93% par l’expansion du multiple de PE et pour 7% seulement pas la croissance des bénéfices depuis le 1er janvier. A près de 17x ces derniers, le marché US est loin d’être bon marché et les injections de liquidités que les opérateurs attendent sont largement intégrées dans les cours. En ce qui concerne ce dernier point, on peut d’ailleurs se demander si le changement de cap annoncé des politiques monétaires est réellement un facteur de soutien durable pour les bourses? La baisse attendue des taux d’intérêt est-elle de nature à rapidement stimuler la conjoncture ou n’est-elle que l’expression d’un monde dans lequel la visibilité est de plus en plus limitée? Le récent discours de J. Powell devant le Congrès a peut-être fourni un début de réponse – que les investisseurs ne devraient pas ignorer – sur le caractère prudentiel d’une possible baisse des taux par la Réserve Fédérale!

Alors que la saison des bénéfices va prendre son envol au cours des prochains jours, tant aux USA qu’en Europe, mettre l’accent sur une saine gestion des risques et sur une volatilité contenue de la performance d’un portefeuille est plus que jamais justifiable, d’autant plus que cette dernière est, dans bien des cas, tout à fait satisfaisante depuis le début de l’année. Dans un contexte global qui demeure incertain, il est d’autant plus fondé de savoir engranger ses profits; pas seulement parce que la progression des cours boursiers a été importante mais aussi parce que la clientèle privée n’a pas forcément une appréciation linéaire de la performance de son portefeuille. Etre contrarien face aux mouvements de panique/euphorie qui animent les opérateurs depuis vingt-quatre mois reste une clé pour le second semestre 2019.

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