Rester fidèle à une stratégie centrée sur les emprunts d’entreprises

Yves Hulmann

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Pour Hans Valer de Muzinich & Co, les investissements dans des produits à revenu fixe restent un point d’ancrage garant de stabilité chez les institutionnels.

Présent depuis plus de 10 ans en Suisse, Muzinich & Co poursuit le développement de ses activités aussi bien à Zurich qu’à Genève. Le gérant d’actifs indépendant qui se concentre sur les investissements destinés aux institutionnels avec une spécialisation sur le marché des emprunts d’entreprise publics et privés, a annoncé à la mi-juillet le renforcement de ses activités de développement auprès de la clientèle institutionnelle en Suisse romande avec l’engagement d’Olivier Bluche à Genève qui sera en charge de diriger le développement des affaires institutionnelles en Suisse romande.

En Suisse, le gérant d’actifs fondé il y a trente-cinq ans compte désormais une dizaine de collaborateurs répartis entre Zurich et Genève, où la société dispose d’un bureau depuis 2019. Quelle est la clientèle visée avant tout en Suisse? «En tant que gérant d’actifs dédié à la clientèle institutionnelle, Muzinich & Co n’a jamais eu l’intention de s’adresser directement au client final», explique Hans Valer, le directeur des activités en Suisse de Muzinich & Co. La société met davantage l’accent sur des solutions sur mesure destinés à la clientèle institutionnelle classique (caisses de pension, assurances), à quoi s’ajoute le canal de distribution wholesale (grandes banques) et des structures telles que les family offices.

Une diversification dans d’autres classes d’actifs n’est pas à l’ordre du jour

N’a-t-il jamais été question pour Muzinich & Co d’élargir son offre de solutions à d’autres classes d’actifs que le seul univers des obligations d’entreprises? Comme l’explique Hans Valer, George Muzinich, le fondateur et président exécutif, a toujours voulu rester fidèle à la stratégie initiale centrée sur les emprunts d’entreprise. Au demeurant, le gérant d’actifs américain fondé il y a 35 ans n’a pas même cherché à se diversifier dans les obligations d’Etat, par exemple.

Autre principe: «Muzinich & Co gère l’ensemble de ses stratégies de façon active», poursuit Hans Valer. A ses yeux, ce positionnement très spécifique est un atout aussi pour la clientèle: «Du fait que Muzinich est concentré sur un segment spécifique, celui des emprunts d’entreprise, tous nos gérants savent qu’ils ne peuvent pas se permettre de commettre un faux pas. Nous pouvons pas nous dire, puisque les obligations n’ont pas marché cette année, nous allons, par exemple, nous tourner davantage vers les actions ou vers d’autres classes d’actifs», illustre-t-il.

«Pour beaucoup d’investisseurs, 2022 reste encore un souvenir douloureux. Les clients accordent toujours beaucoup d’importance à la diversification et à la décorrélation entre les classes d’actifs.»

Avoir un positionnement aussi spécifique ne constitue-t-il pas un handicap dans certaines configurations de marché? Hans Valer ne le pense pas, soulignant les vastes possibilités offertes au sein de cette classe d’actifs: «Nous avons toujours la possibilité de gérer activement nos stratégies en fonction de secteurs, de régions ou de thèmes que nous pouvons surpondérer ou surpondérer en fonction de l’évolution des marchés.»

Les produits à revenu fixe représentent environ 40% de l’ensemble des portefeuilles

Le rebond des marchés des actions depuis le début de cette année a-t-il réduit l’attrait pour les placements obligataires pour certains investisseurs? Hans Valer observe plutôt que les investissements dans des produits à revenu fixe restent un point d’ancrage stable sur la durée auprès des investisseurs institutionnels: «Chez la plupart de nos clients, les produits à revenu fixe continuent de représenter environ 40% de l’ensemble des portefeuilles». Comment les clients ont-ils réagi à l’évolution des taux d’intérêt au cours des derniers mois? «Actuellement, il y a beaucoup d’intérêt pour les placements avec des durations relativement courtes, entre 1 et 3 ans, car le risque lié aux variations des taux est plus faible», observe-t-il.

Les investisseurs sont-ils actuellement à la recherche de plus de rendement ou privilégient-ils avant tout la sécurité? «Il est difficile de définir une tendance générale. Les choix dépendent beaucoup de la situation individuelle des investisseurs et de la structure de leurs engagements vis-à-vis de leurs clients. Pour beaucoup d’investisseurs, 2022 reste encore un souvenir douloureux. Les clients accordent ainsi toujours beaucoup d’importance à la diversification et à la décorrélation entre les classes d’actifs qui figurent dans leur portefeuille», observe Hans Valer.

En plus des obligations d’entreprise, Muzinich & Co a aussi constamment développé son offre de solutions dans les marchés privés au fil des années.

L’offre dans les marchés privés est complémentaire à celle des emprunts d’entreprise

Compte tenu du rebond des marchés des actions et de rendements à nouveau plus élevés que l’on peut désormais obtenir même avec des obligations peu risquées, les investisseurs sont-ils encore disposés à placer leur argent dans des produits illiquides pendant 5 ou 10 ans? Pour Hans Valer, il faut tenir compte de plusieurs aspects. Certes, les taux d’intérêts de base sont, de manière générale, plus élevés actuellement mais les spreads de crédit ne se sont pas élargis de manière spectaculaire. «En Europe, il est ainsi possible de trouver des emprunts à haut rendement (high yield) qui offrent des rendements de l’ordre de 7 à 8% et cela sans même que l’on n’ait assisté, auparavant, un problème sérieux en matière de crédit», observe-t-il.

«C’est un fait que les marchés illiquides sont confrontés à une concurrence supplémentaire de la part des marchés liquides qui offrent des rendements plus attrayants que par le passé», constate-t-il. Pour autant, les clients apprécient d’avoir la possibilité d’avoir accès à ces deux catégories de placement, souligne Hans Valer. «Pour nos clients, il est positif que nous puissions leur proposer une offre de solutions aussi bien dans les obligations d’entreprises que dans les marchés privés. Les clients veulent avant tout pouvoir compter sur un savoir-faire et sur une connaissance approfondie du marché. C’est notre expertise en matière de crédit qui compte le plus, indépendamment de savoir s’il s’agit de marchés cotés ou non cotés», conclut-il.

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